Australie - Tabagisme et dépression ou la poule et l’œuf (28/11/2008)


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 Tabagisme et dépression ou la poule et l’œuf (28/11/2008)

C’est un fait d’observation banale pour qui côtoie des patients souffrant d’affections psychiatriques : ils sont davantage portés à fumer que la population générale. À tel point qu’on pourrait proposer d’utiliser la mesure colorimétrique des doigts tenant les cigarettes comme un bon indicateur de chronicité en psychiatrie ! Mais une aporie se profile, analogue au débat scolastique sur l’antériorité respective de la poule ou de l’œuf : le tabac s’apparente-t-il seulement à une (mauvaise) réponse que le patient opposerait spontanément à sa problématique (une sorte de « calmant » non médicamenteux, comme l’alcool), ou constitue-t-il aussi, par lui-même, un facteur de risque supplémentaire pour la morbidité psychiatrique, notamment la dépression sévère ?
Pour préciser cette question, une étude australienne a comparé l’incidence de cette maladie chez des femmes fumeuses et non fumeuses.
On observe, parmi 165 personnes avec dépression sévère et 806 sujets-témoins, une association du tabagisme à une augmentation des dépressions : comparativement aux non-fumeuses, les fumeuses ont un risque de dépression plus élevé. En particulier « plus que doublé » chez les grandes fumeuses (plus de 20 cigarettes par jour). Parmi 671 femmes sans antécédent dépressif, 15 % des fumeuses et 6,5 % des non-fumeuses ont développé une pathologie dépressive durant la décennie du suivi longitudinal.
Du point de vue neurobiologique, ce phénomène pourrait s’expliquer par l’impact de la nicotine sur les neurotransmetteurs, notamment la dopamine. D’où un dérèglement des rythmes circadiens et des substrats biochimiques de l’humeur expliquant in fine l’augmentation des troubles dépressifs chez le fumeur. Sans parler des autres effets « systémiques et métaboliques » du tabac pouvant augmenter la vulnérabilité générale du sujet.
En conclusion, le tabac augmente (d’environ 93 %) le risque de dépression sévère chez les femmes, « un phénomène qui ne s’explique pas par une différence dans l’activité physique ni dans la consommation d’alcool ». Une raison supplémentaire de ressortir, à l’attention des malades mentaux cette fois, l’ancien slogan des campagnes contre la cigarette : « écrasez-la, vous vivrez mieux » !

Pasco JA et coll. : Tobacco smoking as a risk factor for major depressive disorder : population-based study. Br Journal of Psychiatry 193-10 : 322-326.

Dr Alain Cohen, www.jim.fr 28/11/2008

Résumé en anglais : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18827296


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