Syrie - Recherche clinique multicentrique sur la prévalence et les facteurs de risque dans les maladies respiratoires non transmissibles (09/03/2013)


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 Recherche clinique multicentrique sur la prévalence et les facteurs de risque dans les maladies respiratoires non transmissibles (09/03/2013)

En 2009-2010, l’Université Tichrine et le Ministère de la Santé ont mené une recherche clinique multicentrique sur la prévalence et les facteurs de risque dans les maladies respiratoires chroniques chez les malades qui se présentent dans les centres de premiers soins, dans les cliniques et les salles d’urgence des hôpitaux en Syrie.
En collaboration avec l’Organisation Mondiale de la Santé et le GARD (Global Alliance against chronic Respiratory Diseases : www. who.int/gard), le protocole de cette recherche a été établi, testé et validé par les experts de l’OMS-GARD.
Ce rapport est le premier de ce genre dans la région de la Méditerranée orientale.
Le point fort est la mesure des fonctions respiratoires (spirométrie) des sujets qui ont répondu à un questionnaire.

CETTE RECHERCHEPOND À DIFFÉRENTES QUESTIONS
Les centres de premiers soins jouent un rôle important dans la prise en charge des patients atteints de Maladies Respiratoires Chroniques (MRC) dans la mesure où d’une part, ils sont implantés aussi bien dans toutes les quartiers des grandes villes que dans les zones rurales les plus lointaines en Syrie, et d’autre part ils sont le site des programmes de l’OMS.
Une place prioritaire et bien définie est donnée à la médecine générale et aux centres de premiers soins en Europe et aux USA.
Dans les pays en développement, les patients atteints de MRC, ne viennent aux urgences qu’en dernier recours et négligent les traitements de fond.
C’est pour cette raison que nous avons inclus les salles d’urgence dans notre échantillon.
Dans cette perspective, nous avons voulu étudier les questions suivantes, ceci pour fournir aux autorités un outil factuel et efficace, qui leur permettra d’établir une meilleure stratégie pour le traitement des maladies respiratoires chroniques :
1. Déterminer la prévalence des maladies respiratoires chroniques et leur relation avec d’autres maladies chroniques (hypertension artérielle, problèmes cardiaques, diabète, cancer), parmi les patients qui se soignent dans les centres de premiers soins et les salles d’urgence.
2. Étudier les éventuels facteurs de risques.
3. Évaluer le savoir médical et les pratiques des médecins traitants dans les centres de premiers soins et les salles d’urgence.

LESTHODES UTILISÉES
L’échantillon étudié porte sur des patients âgés de plus de 6 ans, ceux-ci sont venus se faire soigner dans les centres de premiers soins du Ministère de la Santé et de l’Éducation et dans les salles d’urgence et∕ ou de consultations externes dans les services de médecine générale des hôpitaux de l’Éducation Supérieure, de la Santé et de l’Armée.
L’analyse des données a été faite par le logiciel SPSS et les résultats sont présentés en tableaux.
L’association entre symptômes, maladies respiratoire chroniques, facteurs de risque et fonction respiratoire (FEV1≤ 80 % ou FEV1/FVC< 70 %) est considérée comme significative pour un p ≤ 0,05.
Le protocole a été testé et validé dans d’autres pays, les résultats ont été publiés : ceci apparait comme un premier point fort pour la validité de cette recherche ; un autre point fort réside dans l’utilisation de la masure de souffle par spirométrie pour déterminer la vraie prévalence des broncho-pneumopathies chroniques obstructives (BPCO) et de l’asthme.
Ce sont des médecins généralistes ou des infirmières spécialement formés qui ont effectué le test. Aucun des patients n’avait précédemment fait de spiromètre.

LESSULTATS
L’enquête s’est déroulée dans six départements : Lattaquié, Tartous, Damas, Alep, Homs et Hama et a porté sur 22 centres. Il y a eu au total 1 599 patients interrogés dont 51 % de femmes avec un âge moyen de 30,87 ±17 et 49 % d’hommes avec un âge moyen de 32,08 ± 20,37.
 Pour les catégories d’âge :
37,7 % ont entre 6 et 20 ans
34,13 % ont entre 20 et 44 ans
18,17 % ont plus de 44 ans.
 Pour les lieux de soins :
73,3 % sont soignés dans les centres de premiers soins
19 % dans les salles d’urgence
7.45 % dans les centres de consultations externes.
 Pour leur situation professionnelle :
30 % sont sans emploi
30 % sont illettrés
23 % ont un métier les exposant aux poussières.
 Pour l’obésité :
Elle est définie par une IMC > 30 et elle est de 14 % chez les hommes et de 17,5 % chez les femmes.
 Pour le tabagisme :
• Les fumeurs de cigarettes représentent 23,24 % toutes catégories confondues, avec 47,42 % chez les plus de 44 ans.
34,24 % sont des hommes et 13,4 % sont des femmes.
• Les fumeurs de narguilé représentent 11,11 % avec 9,42 % chez les femmes.
Remarque : 4,7 % des 6 - 20 ans fument le narguilé.
Nous devons considérer ces données comme une priorité de santé publique, cela spécialement chez les jeunes et chez les femmes.
 Pour les diagnostics :
 L’asthme est diagnostiqué par un médecin chercheur dans seulement 13,12 % des cas ; cependant 24 % de ceux non étiquetés comme asthmatiques ont un wheezing jamais, et /ou une réversibilité de l’obstruction, ce qui laisse penser qu’il y a des sous diagnostic dans l’asthme.
 Enfin, on relève que 26 % des asthmatiques ont un FEV1< 80 % ; ce qui confirme une triste réalité : des contrôles aléatoires et des traitements non adéquats.
Il y a une relation d’une part entre asthme et tabagisme et d’autre part entre asthme et métiers exercés dans un environnement poussiéreux, entre asthme et symptômes, entre asthme et FEV1 <80 %, p= 0.0001.
Si nous considérons que la prescription actuelle de corticostéroïdes inhalés (CSI) est le traitement de base pour l’asthme chronique, ces CSI ne sont pas prescrits chez tous malgré leur présence sur le marché et bien qu’ils soient sur la liste des médicaments essentiels de l’OMS et inclus dans les programmes.
Quant aux corticostéroïdes oraux(CSO), ils sont prescrits chez 46 % des malades, ce qui pourrait être réduit permettant de réduire les effets secondaires si le traitement aux CSI était prescrit et suivi correctement.
Ces constatations mettent en lumière les besoins réels en formation continue pour les médecins exerçant dans les centres de premiers soins et pour les étudiants.
 Pour les BPCO : le tabagisme, le degré d’éducation, l’obésité et l’âge sont des facteurs de risque, p= 0001.
Les CSI sont prescrits à tort chez 84 % des patients, ce qui est coûteux.
Les CSO exposent les patients à des effets indésirables dans 64,29 % des cas.
Nous constatons donc qu’il est nécessaire d’améliorer les connaissances des médecins qui exercent dans les centres de santé et dans les centres d’urgence sur ce qui est crucial.

LES RECOMMANDATIONS
Les maladies respiratoires chroniques sont une priorité de santé publique. Nos recommandations sont basées sur des preuves. Nos résultats ont montré que 35,49 % des patients consultants les centres de premiers soins et les centres d’urgence ont un problème respiratoire chronique.
Nous avons formé des médecins chercheurs pour effectuer des spirométries (vider les poumons pleins le plus rapidement possible et en totalité), et des tests de réversibilité.
Nos résultats semblent cohérents, la preuve en est l’association du FEV1<80 % avec l’âge, le tabagisme p= 0,0001 ; ceci témoigne de la qualité des réponses au questionnaire et de la bonne qualité des spirométries (nous avons écarté 200 dossiers spirométriques pour leur insuffisance qualitative).

A partir de ces constatations, nous recommandons :
1. De donner la priorité à la formation médicale continue(FMC) des médecins des centres de premiers soins et des centres d’urgence pour l’utilisation de la spirométrie ; celle-ci est l’examen unique pour confirmer la BPCO, la FMC sur l’évaluation du contrôle de l’asthme et qui doit confirmer le diagnostic par un test de réversibilité.
2. Cette formation continue implique la production de matériaux et de modules éducatifs expliquant les notions de base sur l’asthme et le COPD, adaptées aux besoins locaux.
Il faut toujours intégrer dans ces matériaux et ces modules la notion de comorbidité : cardiopathies, hypertension artérielle et cancer ; ces derniers partagent les mêmes facteurs de risque. Il faut aussi y inclure les facteurs dont la présence influence sur les choix thérapeutiques, par exemple le diabète et l’asthme.
3. De diffuser les informations sur les maladies respiratoires chroniques dans la communauté médicale.
4. De ne pas oublier la présence d’analphabètes parmi nos malades, ce qui devra orienter la production de matériaux éducatifs vers des photos ou des vidéos.
5. De ne pas oublier que la BPCO existe aussi chez les femmes, il faut donc en tenir compte dans les programmes.
6. De soutenir les programmes de l’OMS en cours : « Package of Essentials needs for Non - Communicable diseases interventions (PEN-WHO) » et aussi « Practical Approach to Lung Health(PAL) ». Nous recommandons d’identifier les patients souffrants de symptômes respiratoires chroniques ou d’un débit expiratoire de pointe diminué pour leur faire subir une spirometrie dans les hôpitaux ou les centres équipés.
7. D’inclure les programmes de l’OMS dans les consultations générales des centres de premiers soins.
8. D’élaborer des manuels pratiques pour les salles d’urgence et inclure ceux-ci dans les programmes nationaux.
9. D’établir une stratégie multisectorielle entre le ministère de la santé, les universités, le ministère de l’éducation nationale et les services de santé de l’armée puis de consulter les syndicats de médecins et la société civile.
10. D’encourager dans différents centres, la recherche nationale sur les maladies respiratoires chroniques à partir de données factuelles (basées sur les preuves).
11. De développer les consultations en soins spécialisés qui seront une référence pour les cas difficiles dans les maladies respiratoires chroniques.
12. D’inclure nos résultats dans la revue biannuelle 2012- 2013 qui traite des plans de l’OMS au niveau national.

Préparé par :
Prof. Yousser Mohammad, Chairman of the team, Tishreen University, Ministry of Higher Education
Dr. Shaaban Rafea, PHD, Epidemiologist, Tishreen University, Ministry of Higher Education
Dr .Bassam Abou- Al Zahab, Research Field Coordinator Occupational diseases Directorate, Ministry of Health
Revue par :
Dr. Fatmeh Yassine, Tishreen University
Dr. Kinaz AL-Sheik, Director of Communicable Diseases – Ministry of Health
Dr. Jamal Allouch, Health Directorate, Lattakia

En collaboration avec le Professeur Jean Bousquet : Centre de collaboration avec l’OMS pour l’asthme et la rhinite et le Professeur Khaltaev Nikolai OMS Genève


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