France - L’apport des dermatologues dans les campagnes anti tabac (08/12/2004)


Accueil du site www.tabacologue.fr > Pathologies tabagiques > Pathologies dermatologiques > France - L’apport des dermatologues dans les campagnes anti tabac (08/12/2004)

Ce site est destiné aux professionnels de santé. Dernier ajout le 8 décembre 2004.


 L’apport des dermatologues dans les campagnes anti tabac (08/12/2004)

Doll a confirmé que le tabac n’est pas bon pour les docteurs : le suivi sur 50 ans de 31 496 médecins britanniques révèle une différence d’espérance de vie d’au moins 10 ans avec 30 fois plus de mortalité par cancer du poumon (1)… mais la notion de risque reste souvent perçue comme une limite faite pour être repoussée, et le recul de cette notion de risque se traduit par l’insuffisance d’impact des campagnes antitabac.
Ceci a incité à ouvrir une nouvelle voie d’information qui passe par la dermatologie. Les femmes, de plus en plus fumeuses, devraient être aux premières loges pour recevoir une information dermatologique dispensée par les professionnels de l’esthétique et de la coiffure préalablement enseignés : ces temps d’écoute privilégiés de la vie sociale féminine (et par conséquence masculine) permettent d’espérer que la crainte d’une détérioration visible de l’apparence décourage les fumeurs mieux encore que la peur d’une invisible affection bronchique.
En effet, la peau parle mieux au public des effets délétères du tabac que ne peut le faire un cliché pulmonaire, mais il reste à en prendre conscience. Longtemps ignoré, l’effet du tabac sur la peau représente pourtant une véritable opportunité d’éducation de santé contre le tabagisme (2). Dans une situation optimale d’écoute, la clientèle des professionnels de l’apparence est appelée à recevoir une information originale sur les risques cutanés du tabac, et à comprendre que l’image de la peau dégradée est emblématique d’une dégradation plus profonde qui touche toutes les structures conjonctives, épithéliales ou vasculaires de l’organisme, et ne se limite pas au problème du cancer.
Pour les coiffeurs, il est bon de dire que la souris C57/BL6 exposée pendant trois mois à la fumée, voit son pelage se clairsemer et se décolorer … La nicotine et la cotinine s’accumulent dans les poils, avec une destruction massive des cellules bulbaires, rejoignant le constat ancien de la fréquence d’une perte de cheveux ou de cheveux prématurément gris chez les fumeurs (3). Les esthéticiennes diront que dès 1856, la presse médicale s’intéressait au teint olivâtre et au visage ridé des fumeurs. Elles diront que l’effet vieillissant du tabac est similaire à l’effet des ultra-violets.
Divers travaux cliniques ont conclu que 46 % des fumeurs présentent un aspect comparable à l’élastose actinique avec des rides rayonnantes des joues, des rides plus profondes, un aspect grisâtre ou jaunâtre du teint. La réalité de cette élastose tabagique est confirmée par l’étude histologique (4) qui découvre qu’elle est beaucoup plus étendue et plus profonde que n’est l’élastose actinique. Le tabac induit une élastolyse, diminue les inhibiteurs anti-élastases, altère la synthèse (par inhibition de la lysyl oxydase) et achève d’altérer l’aspect cutané par un effet vasculaire …qui donne un teint terreux.
Quant à nos propres patients, nous continuerons de leur expliquer que leur maladie fait rarement bon ménage avec le tabac (en dehors de l’erythromélalgie) : aux patients acnéiques, nous rappellerons qu’il existe 41 % des fumeurs chez les acnéiques contre 24 % chez les témoins. Nous apprendrons l’effet délétère du tabac dans l’hydradénite suppurée, la dyshidrose, le lupus parfois, et toutes les pathologies vasculaires de cicatrisation difficile. Au terme d’une séance de coiffure ou de soins de peau, le fumeur ou le non encore fumeur aura compris que ses vaisseaux cutanés, ses fibres élastiques dermiques, ses enzymes et son DNA sont les cibles de l’agression sournoise d’un tabac dont la toxicité remonte jusque sur la peau. de ce qui n’est au début qu’une habitude sociale Une société qui privilégie l’apparence et s’enivre de communication a toute chance de profiter de cette nouvelle éducation de santé qui soutient les efforts de l’oncologie. En prenant garde à ne pas se faire assimiler à des professionnels de l’esthétique, les dermatologues devraient se réjouir à l’idée d’être acteurs de cette évolution des campagnes anti-tabac.

1 – Doll R et al. BMJ. 2004 Jun 26 ;328(7455):1519
2 – Trueb R. Dermatology 2003, 206, 189-91
3 – Mosley JBr Med J 1996, 313, 1916
4 – Frances CBr J Dermatol 1991, 124, 43-7

Information émanant de la Fédération Française de Formation Continue en Dermato-Vénéréologie
Pr. G. GUILLET, CHU Poitiers (g.guillet@chu-poitiers.fr ) Le journal faxé de dermatologie 08/12/2004


Retour à « Pathologies dermatologiques »

Association francophone des diplômés et étudiants en tabacologie (Afdet)
15 rue de la Chapelle - F-95310 ST OUEN L'AUMONE
Tél. : +33 (0)95 057 55 77 - Siret 508 296 027 00016 Code NAF 9499Z
Plan du site | Nous écrire | Informations légales | Espace privé | © Copyright 2007 2024 Afdet