États Unis - L’acroléine, ennemie numéro 1 (08/01/2007)


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 L’acroléine, ennemie numéro 1 (08/01/2007)

Une étude américaine révèle que l’acroléine, un aldéhyde présent en quantité mille fois plus importante que les benzopyrènes dans la fumée de cigarette, pourrait jouer un rôle majeur dans le développement du cancer du poumon du fumeur. Un rôle méconnu jusqu’ici, supérieur à celui des hydrocarbures polycycliques, comme les benzopyrènes classiquement incriminés.
Une équipe de l’école de médecine de l’université de New York (Tuxedo) a démontré que l’acroléine, présente à raison de 10 à 500 µg par cigarette, provoque des mutations de l’ADN fréquemment retrouvées dans les tissus cancéreux des fumeurs. L’acroléine semble, en outre, favoriser la carcinogenèse d’une autre manière : en inhibant certains mécanismes de maintien de l’intégrité du génome.
Plusieurs études ont suggéré que les altérations génétiques associées aux cancers du poumon du fumeur, en particulier celles qui touchent le gène suppresseur de tumeur p53, sont induites par les hydrocarbures polycycliques aromatiques (HPA). Cependant, les HPA ne constituent qu’une part infime des substances carcinogènes contenues dans la fumée de cigarette.
Cette constatation a conduit Feng et coll. à s’interroger sur l’importance du rôle des HPA dans la carcinogenèse pulmonaire liée au tabagisme et à rechercher dans la fumée de cigarette d’autres molécules susceptibles de conduire à des lésions génétiques identiques.
Les chercheurs ont focalisé leur attention sur une substance mille fois plus abondante que les HPA dans la fumée de cigarette, un aldéhyde mutagène et réactif : l’acroléine. Cet aldéhyde pénètre facilement dans les cellules où il induit la formation d’un pontage entre les nucléotides de l’ADN chromosomique. Ces lésions du matériel génétique entraînent l’apparition de mutations de type transversion (essentiellement G:C -> T:A). _ Des mutations similaires à celles provoquées par les HPA.
Une étude a, en outre, montré que les lésions de l’ADN provoquées par l’acroléine sont plus fréquentes dans les tissus oraux des fumeurs que dans ceux des non-fumeurs. Aussi Feng et coll. ont-ils décidé de tester l’hypothèse selon laquelle cet aldéhyde pourrait jouer un rôle majeur dans la mutagenèse et la carcinogenèse associées au tabagisme.
Dans ce dessein, les chercheurs ont tout d’abord cartographié les lésions induites par l’acroléine au niveau du gène p53. Pour ce faire, ils ont utilisé un système expérimental fondé sur la capacité d’un complexe enzymatique bactérien, UvrABC, à reconnaître les anomalies de l’ADN. Cette expérience a montré que l’aldéhyde étudié n’altère pas l’ADN de manière aléatoire, mais va préférentiellement agir sur des sites particuliers. Au niveau du gène p53, ces sites correspondent aux points chauds des mutations mis en évidence chez les fumeurs.
Par ailleurs, l’acroléine diminue la capacité des cellules humaines à réparer leur ADN. Dans la plupart des cas, lorsqu’une lésion apparaît sur un chromosome, un système cellulaire complexe va détecter l’altération du matériel génétique, arrêter le cycle cellulaire et réparer les dégâts. Si la lésion n’est pas réparable, le système va enclencher le programme de mort cellulaire par apoptose. L’ensemble de ces mécanismes de surveillance et de réparation du génome évite la multiplication des cellules anormales et, ainsi, la carcinogenèse. Les travaux des chercheurs montrent que l’acroléine inhibe au moins un des systèmes de réparation de l’ADN, le système de réparation par excision de nucléotides. L’acroléine s’oppose donc au bon fonctionnement de la machinerie servant au maintien de l’intégrité du génome.
Ainsi, l’hypothèse de départ est confirmée : l’acroléine induit des mutations associées au cancer du poumon du fumeur et favorise la carcinogenèse en inhibant la réparation des lésions de l’ADN.
L’éviction du tabagisme est évidemment la manière la plus efficace de réduire le risque ultérieur de cancer du poumon. Mais lorsqu’on se place à l’échelle de la population mondiale, « cette approche n’est pas réaliste à court terme », estiment Feng et coll. Ils proposent une solution intermédiaire consistant à identifier les agents étiologiques des cancers induits par le tabac et à mettre au point des méthodes permettant de les éliminer de la fumée de tabac. Si leurs résultats concernant l’effet de l’acroléine sont confirmés, il faudrait, toujours selon eux, mettre en place au plus tôt des mesures visant à réduire la concentration de ce contaminant dans la fumée de cigarette et dans l’environnement.

Dr Béatrice Vuaille
Z. Feng et coll., « Proc Natl Acad Sci USA », édition en ligne.

Le Quotidien du médecin Numéro Bilan du 08/01/2007
Info transmises par le Dr Geneviève Sajus (F 93)


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