Suisse - Les cigarettiers poussés hors du pays par l’Union européenne ? (16/01/2010)


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 Les cigarettiers poussés hors du pays par l’Union européenne ? (16/01/2010)

La Suisse est sur le point de signer un accord de libre-échange avec l’UE qui interdit l’exportation de cigarettes hautement dosées à l’étranger. Problème : 76 % de la production helvétique est concernée. Les cigarettiers menacent de délocaliser. Les cantons du Jura, de Neuchâtel et de Vaud tremblent pour les emplois
L’Asie et le Moyen-Orient sont fanas de cigarettes made in Switzerland. La Suisse est en effet le seul pays européen à pouvoir produire et exporter de la fumée dont la teneur en goudron, nicotine et monoxyde de carbone, dépasse la règle du 10-1-10 mg.
Mais la formule magique qui fait le bonheur des fumeurs étrangers et des cigarettiers installés en Suisse est sur le point de se consumer. L’accord de libre-échange agricole que la Suisse devrait conclure cette année encore avec l’Union européenne comprend tout un pan sanitaire qui inclut une interdiction de produire et de vendre à l’étranger ce genre de cigarettes, déjà bannies de la vente en Suisse et dans l’UE. Problème : 76% de la production helvétique sont destinés au marché asiatique et moyen-oriental.

De la Suisse en Ukraine
Les cigarettiers s’agitent et menacent de délocaliser. Maintenir la réglementation actuelle est crucial pour Philip Morris International. Le seul marché suisse est évidemment trop petit pour justifier la présence d’une de nos usines dans le pays, avertit François Thoenen, porte-parole de Philip Morris. Nous devrions peut-être songer à produire ces cigarettes dans un autre pays que la Suisse, ajoute Audrey Guibat-Demont, son homologue chez British American Tobacco (BAT). L’Ukraine serait en bonne place sur la liste des solutions de secours des cigarettiers.
Les cantons de Vaud, du Jura et de Neuchâtel qui abritent Japan Tobacco International (JTI), BAT ou Philip Morris tremblent. La Suisse s’est auto flagellée sur de nombreux dossiers internationaux ces derniers temps, mais avec cet accord, on passe à l’automutilation, s’emporte Jean-Claude Mermoud, chef de l’Économie du canton de Vaud où Philip Morris emploie plus de 1 000 personnes. A Neuchâtel l’accord de libre-échange fait peser la menace sur 800 postes de travail chez le même fabriquant. Dans le Jura, l’usine BAT de Boncourt (500 employés) est même le plus grand employeur du canton et le plus grand contributeur de la région.

Menace de référendum
Les représentants des trois gouvernements romands se sont déjà rencontrés à deux reprises pour mettre sur pied une contre-attaque et des doléances ont déjà été adressées à Doris Leuthard. Je viens de mettre sous pli un courrier adressé aux autres cantons pour préparer la coordination. Nous allons nous battre, promet le ministre jurassien Michel Probst qui a dernièrement rencontré l’ambassadeur de l’UE en Suisse, Michael Reiterer, pour le sensibiliser à la problématique. En attendant, les relais sur Berne s’organisent. Le conseiller national neuchâtelois Laurent Favre (PLR/NE) est au front pour défendre les quelque 3200 emplois concernés et coordonner la lutte en sensibilisant les cantons alémaniques. Lucerne risque aussi de perdre 300 emplois chez JTI si les cigarettiers devaient se retirer de Suisse.
Le Monsieur Terroir du parlement est déjà intervenu auprès du Conseil fédéral et déposera en mars une motion pour demander que le dossier tabac soit extrait des négociations agricoles et sanitaires. Si les paysans devaient lancer le référendum contre l’accord de libre-échange et que celui-ci devait toujours inclure cette restriction sur le tabac, ils pourront compter sur un fort soutien hors de leurs rangs, prévient le Neuchâtelois dont le canton paie déjà un lourd tribut à la crise économique.
Pour des défenseurs de l’industrie du tabac pas question de polémiquer sur une Suisse qui exporte la fumée qu’elle juge trop dangereuse pour elle-même à l’étranger. Chaque pays est libre d’édicter ses règles. C’est inadmissible que l’UE nous interdise la vente de nos produits dans des pays qui ne la concerne pas, alors que nous avons accepté, avec le Cassis de Dijon, l’importation de produits qui ne respectent même pas nos normes de production, conclut Laurent Favre.
Si la cheffe de l’Économie, Doris Leuthard, devait rester sourde aux inquiétudes des cantons romands, les espoirs pourraient se tourner vers Didier Burkhalter, neuchâtelois avant d’être ministre de la Santé.

Stéphanie Germanier Le Matin Dimanche 16/01/2010
http://www.lematin.ch/actu/suisse/cigarettiers-pousses-suisse-ue-220578


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