Suisse - Aucun diplôme ne sanctionne une formation en tabacologie (10/01/2008)


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 Aucun diplôme ne sanctionne une formation en tabacologie (10/01/2008)

Un suivi thérapeutique augmente les chances d’un arrêt du tabac. Mais le nombre de médecins tabacologues susceptibles de vous recevoir pour une consultation est quasi nul. Les HUG en possèdent un, qui travaille à 50 %.
Jean-Paul Humair, qui reçoit aussi, calcule que l’offre totale en ambulatoire des HUG correspond à un 80 % (au sein de l’hôpital, les patients qui le désirent peuvent aussi accéder à des conseils). C’est peu, pour un canton d’un demi-million de personnes. Le CHUV, à Lausanne, possède une offre équivalente.
Et dans certains cantons, il n’y a rien du tout.
Pourquoi cet écart entre ce que les spécialistes décrivent comme une « épidémie » et une offre médicale digne d’une maladie rare ? Pour Rodrigo Tango, qui accueille les candidats au sevrage aux HUG, « la question du tabac n’a jamais été perçue comme prioritaire ». Il rappelle « qu’il n’y a pas si longtemps on pouvait fumer dans les hôpitaux, ce qui donne une idée de la compréhension de ce problème ». En Suisse, tranche-t-il, « la tabacologie, cela ne signifie encore rien ».
Signe de cette situation, la consultation antitabac des HUG est facturée au titre de consultation « psychosociale ».
Il faut dire que la Suisse ne dispense pas de formation diplômante en tabacologie. Pour suivre un cursus complet, les spécialistes en santé publique se rendent en France. La formation classique dure une année et demie.
Par conséquent, les médecins suisses qui peuvent vous conseiller pour arrêter de fumer ne sont pas des spécialistes, même si une petite partie d’entre eux ont suivi un cours de deux jours, comme ceux proposés par Vivre sans tabac, structure subventionnée par le Fonds de prévention du tabagisme.
Notons que plusieurs cantons possèdent des centres de tabacologie, comme le CIPRET à Genève. Certains organisent des cours de prévention dans les entreprises et proposent des groupes de parole. Pour Corinne Wahl, un des problèmes de cette discipline a trait au temps. « La tabacologie, c’est deux tiers de psychologie et un tiers de médicaments. Il faut écouter les gens, et tous les médecins n’ont pas forcément envie de s’impliquer dans cette démarche chronophage ». Il est avéré que l’utilisation de substituts nicotiniques est un élément clef de réussite. En France, une personne qui décide d’abandonner la cigarette bénéficie d’une somme de 50 euros pour payer ses gommes de nicotine.
Cela n’est pas suffisant pour couvrir un traitement, qui dure en moyenne trois mois, soit le temps nécessaire au sevrage de la nicotine, mais c’est incitatif.
En Suisse, l’achat de ces produits (gommes, patch, inhibiteurs, etc.) n’est pas remboursé par les assurances, alors que le coût social de la fumée est faramineux. Certaines entreprises participent toutefois au financement des thérapies de substitution pour les employés qui décident de faire un essai sans fumée. Cette aide peut aller jusqu’à 1 000 francs. Mais c’est un peu la loterie, selon que votre patron a décidé ou non que la lutte contre le tabac mérite pareil investissement.
Quant au prix des produits, il est élevé.
« Les substituts nicotiniques, indique Rodrigo Tango, sont nettement moins chers en France. Les inhaleurs peuvent coûter jusqu’à la moitié du prix suisse ».
En revanche, le coût des cigarettes reste bas en Suisse, qui se place au vingtième rang sur trente pays européens en matière de prix.
Le paradigme helvétique de la cigarette serait encore d’un autre temps.
« Elle demeure un produit légitime, citoyen, estime le docteur Rodrigo Tango, alors qu’aux États-Unis elle est assimilée à une catastrophe ». Corinne Wahl met en avant une véritable « ignorance de la maladie tabagique », y compris dans les milieux de la santé.
Mais les temps changent et le militant antitabac Pascal Diethelm estime que la perception du tabac suit le même chemin que la compréhension du réchauffement climatique ! « Comme pour les gaz à effets de serre, il y a eu avec le tabac une politique orchestrée par des conservateurs qui ont tenté de nier ce problème. Or personne n’aime être victime d’une manipulation et l’opinion est susceptible de basculer ».
La votation du 24 février permettra de mesurer la vigueur de ce sentiment antifumée.

La Suisse dispose d’un fonds de prévention du tabagisme. Alimenté par une redevance de 2,6 centimes par paquet de cigarettes vendu, il dispose de près de 18 millions de francs de ressources annuelles. Par comparaison, l’industrie du tabac aurait dépensé environ 100 millions de francs pour la publicité et le sponsoring en 2003, estime l’ISPA.

Le Courrier (Genève) 10/01/2008 (extraits)


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