Afrique - Nouveau marché lucratif pour l’industrie du tabac (15/03/2012)


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 Nouveau marché lucratif pour l’industrie du tabac (15/03/2012)

Face aux lois anti tabac de plus en plus restrictives et du nombre grandissant de procès en cours dans les pays du Nord, l’industrie du tabac s’est peu à peu tournée vers les pays émergents, notamment africains où elle a trouvé un second souffle. Ainsi, l’Afrique est devenue, ces dernières années, un eldorado pour les multinationales de ce secteur qui ont fait une entrée fracassante sur ce marché, à coup d’immenses campagnes publicitaires et marketing.
Cela d’autant plus qu’une étude de l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) soulignait en 2008, que la part des pays industrialisés dans la consommation mondiale de tabac qui représentait 34 % en 1998, allait descendre en dessous des 30 % tandis qu’elle dépasserait les 70 % dans les pays en développement.
D’ici à 2025, le nombre de fumeurs devrait augmenter de 500 millions dont 90 % en dehors de l’Europe et des États-Unis, indiquait également cette étude.
Rien de surprenant donc à ce que les cigarettiers aient subitement placé tous leurs espoirs dans les pays émergents qui manquaient alors totalement d’encadrement en matière de publicité, de marketing, des prix, de la distribution, etc.
Ainsi, sur le continent africain, beaucoup d’industriels du tabac, après s’être solidement implantés au Maghreb, se sont dirigé vers l’Afrique subsaharienne du fait de son énorme potentiel avec un marché estimé à 85 millions de consommateurs dont la moitié est des jeunes de moins de 20 ans. Celui-ci ne va cesser de s’agrandir, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui estime qu’en 2030, si aucune action de prévention n’est menée, le nombre de fumeurs africains va plus que doubler, passant de 85 millions à 200 millions.
Les premiers industriels du tabac à pénétrer ce marché très lucratif et aux perspectives de croissance très favorables, ont été British-American Tobacco, Imperial Tobacco (Royaume-Uni) et Philip Morris International (États-Unis). Ainsi, entre 2002 et 2004, ces géants ont accumulé, selon des données officielles, près de 15 millions de dollars de bénéfices.
Pour réussir leur opération d’implantation, ces industriels ont d’abord commencé par adapter leur « business model » aux spécificités du marché africain avant de développer des stratégies de vente qui s’accompagnaient de campagnes de communication et de marketing redoutablement efficaces. Ils n’ont en effet pas lésiné sur les moyens pour promouvoir leurs produits auprès de cette nouvelle clientèle, à commencer par la distribution de cigarettes gratuites aux jeunes et le sponsoring d’événements sportifs et culturels à fort retentissement. Ils ont aussi mis en place le système de vente de cigarettes à l’unité pour s’adapter au faible pouvoir d’achat des consommateurs les plus pauvres, et pour permettre aux plus jeunes de fumer en toute discrétion. Ce système permet également de détourner le consommateur des messages de prévention souvent explicites collés sur les paquets de cigarettes. En outre, ces compagnies de tabac ont mis en œuvre de nombreux stratagèmes pour miner toute tentative d’efforts gouvernementaux pour endiguer le phénomène, en adoptant des mesures anti tabac.
Ils ont ainsi développé tout un argumentaire tournant autour des questions sensibles pour les pouvoirs publics comme les revenus des taxes sur les ventes de cigarettes (6 millions d’euros par an au Tchad par exemple), les investissements dans la production de tabac, donc sur l’emploi, ou encore les opérations de marketing sous couvert d’aide au développement (financement de bourses d’étudiants par exemple). Devant la forte progression du nombre de fumeurs en Afrique, estimée à 4 % par an, les autorités publiques sont restées ainsi, pendant longtemps muettes devant la manne financière représentée notamment par ces taxes.
Mais face à la pression de la société civile et des institutions internationales comme l’OMS qui a mis en place la Convention cadre pour la lutte anti tabac en février 2005, ratifiée par 28 pays africains sur 40, les gouvernements africains ont dû réagir. La Convention cadre de l’OMS propose tout un arsenal de mesures à même de mettre en échec, du moins partiellement, la carte des profits en Afrique minutieusement élaborée par les multinationales de l’industrie du tabac.
Le vent commence donc à tourner pour elles, même si jusqu’à présent, les actions de prévention et les mesures législatives n’ont eu que peu d’effet sur le nombre de fumeurs sur le continent. Cependant, de plus en plus de pays adhèrent à la Convention de l’OMS. C’est le cas du Gabon qui, depuis 2009, a opéré des changements politiques qui modifient favorablement le contexte et la perception de la question du tabagisme dans le pays. Par ailleurs, l’OMS a lancé, en novembre dernier, une campagne vidéo anti tabac diffusée à travers tout le continent africain et a ouvert à Kampala (Ouganda) avec le soutien de la Fondation Bill et Melinda Gates, son premier centre de lutte anti tabac.

Vitraulle Mboungou Afrique Expansion Magazine 15/03/2012
http://www.afriqueexpansion.com/lindustrie-du-tabac/3822-lindustrie-du-tabac-lafrique-un-nouveau-marche-lucratif.html


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