Bénin - Achat et consommation du tabac : payer pour tuer et se tuer (15/07/2009)


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 Achat et consommation du tabac : payer pour tuer et se tuer (15/07/2009)

La consommation du tabac nuit gravement à la santé. Acheter et consommer du tabac revient à s’offrir la clé de sa propre mort. Robert est distributeur de cigarettes depuis près de cinq ans. Il reconnaît fumer de temps en temps mais précise ne pas en faire un second travail comme le fait l’enfant à son patron.
Le patron, représentant exclusif d’une marque de cigarette très connue à Cotonou et dont les gadgets pullulent dans la ville est un non-fumeur.
« La plupart des grands propriétaires de firme de cigarettes ne fument pas », appuie le vendeur avant de faire savoir que par le passé il avait mené une lutte farouche contre la consommation du tabac dans son entourage.
Selon Firmin, consommer la cigarette lui procure une saveur à nulle autre pareille et « fumer réduit la faim » explique-t-il. Même chose pour Gérard qui face à un ami qui clame son refus de fumer un jour, lui donne certains avant-goûts de la prise de cigarette. « Quand on fume, on se sent homme » lance un autre.
C’est certainement ce goût que recherchent les jeunes du septentrion qui ont pris maintenant l’habitude de dépouiller la cigarette qu’ils mélangent avec l’alcool local dénommé « tchoukoutou » qu’ils avalent. Même chose pour ceux de la partie méridionale qui imbibe la cigarette de « zoro chinois » avant la prise.
En effet, petit cylindre de feuilles de tabac hachées et traitées, la cigarette peut être soit roulée à la main, soit fabriquée en série de manière industrielle.
Son utilisation consiste à l’allumer afin qu’elle se consume pour en inhaler sa fumée par la bouche ou par le nez selon la technique dite « à l’hindouiste ».
Une cigarette se distingue d’un cigare par sa dimension, l’adjonction d’ingrédients divers (agents de saveurs, humectants), l’utilisation de feuilles traitées, son entourage en papier et par l’éventuelle présence d’un filtre à l’une de ses extrémités.
Les cigares sont habituellement composés uniquement de feuilles complètes de tabac. Un cigare ayant à peu près la taille d’une cigarette est appelé cigarillo.
La fumée de cigarette contient de nombreuses substances toxiques, dont au moins une soixantaine sont reconnues comme cancérigènes. Pour ces raisons, dans de nombreux bâtiments recevant du public, il est interdit par la loi de fumer, notamment en Europe de l’Ouest et en Amérique du Nord.
Entre autres constituants du tabac, on retrouve la nicotine, le monoxyde de carbone. Des composantes qui restent incontrôlées pour un pays comme le Bénin qui ne dispose pas de laboratoires pour le faire. Certaines importations de la cigarette comme c’est le cas pour d’autres produits échappent même au contrôle douanier. Ce qui fait qu’en définitive, l’État ne tire de ce produit qu’environs 1,5 milliard de francs CFA par an.

Conséquence d’un mal
Le tabagisme est la principale cause établie de nombreux cancers chez l’homme. C’est ce qu’indique le Dr Julien Toessi, tabacologue en service à la direction de la protection sanitaire du Ministère de la santé. Il est également l’un des principaux facteurs de risque des maladies cardiovasculaires, poursuit le médecin responsable du point focal anti tabac.
Selon les statistiques de l’Organisation mondiale de la santé, le tabac provoque 3,5 millions de décès par an soit environ 10 000 par jour dont 1 million de décès dans les pays en voie de développement. S’agissant d’une manière plus précise des maladies, 95 % de ceux qui souffrent des cancers de la peau, du larynx et du pharynx, des poumons, de la gorge, de prostate ou autres sont des fumeurs de tabac.
Selon certains médecins, la commercialisation du tabac en dehors de son caractère illégal, mais ces statistiques semblent ne pas dissuader les jeunes qui s’adonnent principalement à la prise du tabac sous diverses formes notamment la cigarette. En effet, l’enquête globale sur le tabagisme chez les jeunes (Gyst) au Bénin dans les établissements secondaires de l’Atlantique et du Littoral pour des élèves âgés de 13 à 15 ans révèle que 18 % soit 2 sur 10 fument. Un constat plus amer est fait dans le septentrion où dans le Borgou-Alibori, 26 % de jeunes scolaires âgés de 13-15 ans s’adonnent à la prise du tabac.
« Le lait pick ne règle rien quant aux conséquences de la consommation du tabac », rectifie un médecin.

Au mépris de la loi
Le Bénin a ratifié la Convention cadre de l’OMS pour la lutte antitabac et la loi n° 2006-12 du 7 août 2006 portant réglementation de la production, de la commercialisation et de la consommation de cigarettes et autres produits du tabac en République du Bénin a été votée. Mais le décret d’application de cette loi est en cours de signature indique-t-on de sources proches des Ministères de la santé et du commerce.
Au terme de l’article 3 de la loi qui statue sur la quantité minimum de produits dans les paquets, « il est interdit de vendre ou de distribuer les cigarettes aux consommateurs dans des paquets contenant moins de 10 cigarettes. Il est également interdit de vendre ou de distribuer de la cigarette finement broyée dans des étuis dont la contenance inférieure à 10 grammes ». Et l’article 4 de préciser que « la vente de la cigarette à la tige est interdite en République du Bénin ».
Dans la ligne des ces articles qui sont couramment violés par les vendeurs de la cigarette, on peut citer l’article 15 de la même loi qui soutient qu’ « aucune publicité de cigarettes et autres produits du tabac ne doit être faite sur les articles principalement vendus aux jeunes ou majoritairement utilisés par eux, les sachets plastiques ».
Parlant toujours des prescriptions légales ignorées et fréquemment violées, on peut citer l’article 19 qui « interdit de fumer dans les locaux collectifs » tels que les établissements scolaires et hospitaliers, les salles de spectacle, de cinéma, de théâtre et de concert, … « Toute personne qui ne se conforme pas à l’interdiction de fumer dans les locaux à usage collectif est passible d’une amende de 50 000 à 500 000 F. C’est ce que prescrit l’article 25.

Engager la lutte
En attendant la prise du décret d’application de la loi, un Réseau des journalistes et ONG pour la lutte antitabac a été mis sur pied le samedi 11 juillet à Akasato au terme d’un atelier organisé par l’ONG IECT de Faton Augustin.
Pour Charles Ligan, porte-parole du réseau, il est important que « la loi soit traduite dans les langues et étudiées au cours des séances d’alphabétisation ». Il propose également que des documents pour jeunes soient confectionnés et inscrits au programme. Pour Idrissou Bada, membre de l’ONG Impact, « on peut utiliser la loi en attendant de l’améliorer mais il faudra d’abord la divulguer et faire connaître les méfaits du tabac ». « La fumée du tabac rend malade toute la famille. Il faut l’éviter », conseille-t-il.

Joël C. TOKPONOU Journal LE PROGRES 15/07/2009
http://blesshnet.com/heberg/laraignee/lesw2/modules.php?name=News&file=article&sid=4169

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