Algérie - Le tabagisme tue davantage que les guerres (20/10/2009)


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 Le tabagisme tue davantage que les guerres (20/10/2009)

En Algérie, 4 000 nouveaux cas de cancers bronchiques, 7 000 infarctus de myocarde et 2 000 insuffisances respiratoires rallongent annuellement la liste des victimes du tabagisme. Unique parade : arrêter de fumer. Désormais, un médicament pour le sevrage tabagique est commercialisé dans le pays, sur demande des spécialistes de la santé.
Dans l’une des salles de conférences de l’hôtel Sheraton, quelque 500 personnes, essentiellement des médecins, ont suivi avec attention, jeudi dernier au symposium organisé par le laboratoire Pfizer Pharma Algérie, l’exposé d’un professeur en pneumologie et de deux cardiologues sur les ravages du tabagisme sur la santé.
Les trois spécialistes ont alerté sur les dangers de la cigarette, mais aussi démontré que le sevrage sauve des vies et ralentit la progression du mal, même s’il s’est déjà insinué dans le corps.
Le Pr. Salim Nafti, Président de la Société algérienne de pneumologie et chef de service de cette spécialité au CHU Mustapha, révèle que 1,5 milliard de personnes fument dans le monde. Une accoutumance à la nicotine qui fait, chaque années, plus de morts que les guerres ou les maladies les plus assassines comme le sida.

Au palmarès des causes des décès les plus récurrentes à l’échelle de la planète, le tabac occupe la seconde place avec un taux de 21 %, juste après les accidents de la circulation (28 %) et avant la drogue (10 %). Il affirme que les cigarettes vendues dans les pays en voie de développement, à l’image de l’Algérie, sont davantage nocives car plus toxiques et plus addictives. En l’absence d’une réglementation rigoureuse, ces pays sont devenus des réceptacles de tabacs de mauvaise qualité. Il indique que l’Algérie produit moins de 10 % de la consommation locale, estimée à plus de un milliards de paquets par an.
De ce fait, 90 % du tabac, commercialisé sur la marché national, est importé en feuille, souvent par le truchement de circuits de la contrebande. Si en termes de statistiques, les hommes sont considérés comme les plus grands fumeurs (40 % sont accros à la cigarette, plus de 10 % fument et chiquent et 11,4 % chiquent), les femmes algériennes leur emboîtent de plus en plus le pas. Fumer avait l’allure d’un effet de mode. Il devient un phénomène de société, qui n’épargne aucun milieu, ni caste, ni corporation.
À titre d’indication, près du tiers des médecins et des paramédicaux sont fumeurs. Les collégiens et les lycéens sont de bons clients des bureaux tabac. L’âge moyen de la première cigarette est 11 ans.
Le Pr. Nafti renvoie à une image qui relève quelque peu de l’absurde. L’Algérie est incluse dans le contingent de pays où les enfants non seulement fument, mais de surcroît vendent les cigarettes au vu et au su des autorités compétentes.
Le tabagisme précoce augmente les risques de développer certaines maladies graves, généralement mortelles. Il soutient que 30 000 cas de cancers dont 4 000 cancers bronchiques, diagnostiqués chaque année sur le territoire de souveraineté nationale, sont liés au tabac. Pour la même période, 7 000 fumeurs sont victimes d’un infarctus de myocarde et 2 000 subissent des insuffisances respiratoires. « Les spécialistes se sont battus pour avoir une politique nationale de lutte contre le tabac. Un comité a été installé, à cet effet, il y a quelques années. Mais ses actions restent nulles par manque de moyens », témoigne le pneumologue.
De son avis, la lutte doit s’inscrire dans la dynamique de la pratique régulière des praticiens de la santé, qu’ils exercent dans le secteur public ou privé. Il donne alors l’expérience de l’Unité de consultation contre le tabac du CHU Mustapha, ouverte en 2004. Il informe que 83 % des consultants sont des hommes. Sur le total, 38 % ont été sevrés et 18 % ont rechuté. La thérapie de 17 % s’est soldée par un échec, tandis que 27 % des personnes reçues dans la structure ont été perdues de vue avant l’entame du traitement.
En sa qualité de cardiologue, le Pr. Nibouche précise que les infarctus de myocarde surviennent deux à trois fois plus chez les fumeurs que chez la population générale pour des tranches d’âges équivalentes. La menace est multipliée par 34 chez les femmes qui fument et qui prennent un contraceptif. « Le tabagisme est une maladie grave, mais qui se guérit », insiste-t-il. Il illustre ses propos par la dysfonction plaquettaire corrigée totalement au bout de deux semaines de sevrage. Il précise que les traces de nicotine disparaissent du corps douze heures après la dernière cigarette grillée et le CO au bout de trois jours. « La consultation anti tabac est extrêmement importante. Le médecin généraliste doit être intégré dans l’équipe, car il est le pilier de la stratégie », recommande-t-il.
Le Dr Kamel Abdennbi, cardiologue tabacologue chef de service réadaptation cardiaque à l’hôpital Léopold-Bellan (Paris Xe), abonde dans le même sens en soulignant que l’implication des professionnels de la santé, dans le sevrage tabagique, est primordiale. Il affirme qu’arrêter de fumer se traduit par une réduction de 50 % des risques d’attaques cardiovasculaires et de 80 % les cancers de poumons. À contrario, le tabagisme diminue de 14 ans l’espérance de vie, induit des troubles de fertilité, perturbe l’activité sexuelle et vieillit prématurément la peau, pour ne citer que les conséquences relativement bénignes. La propension à la dépression nerveuse et au suicide est plus élevée chez les fumeurs.
L’accoutumance au tabac consomme une belle part du budget. À raison d’un paquet de cigarettes de 100 dinars par jour (le moins cher pour une consommation relativement modérée), ce sont 3 000 dinars qui partent en fumée chaque mois. Les spécialistes brandissent cet argument pour convaincre, si besoin s’en ressent, qu’une cure de désintoxication au tabac est nettement moins coûteuse, avec en sus ce qu’elle sous-entend comme bienfaits sur la santé.
Une prescription de six mois de Champix, le premier médicament contre le tabac enregistré en Algérie et vendu en officine depuis le mois de juillet dernier, revient approximativement à 10 000 dinars, selon le Pr. Nafti, et permettra un sevrage réussi dans plus de 70 % des cas.

Souhila Hammadi Liberté (Alger) 20/10/2009
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Étonnant, des médecins croient en la pastille miracle pour l’arrêt tabagique ! Il manque un mot dans cet article : motivation. Bien sûr, ça ne se trouve pas en pharmacie ! (Ndlr)


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