Algérie - Le Ramadhan et la cigarette (31/12/2013)


Ce site est destiné aux professionnels de santé. Dernier ajout le 31 décembre 2013.


 Le Ramadhan et la cigarette (31/12/2013)

À chaque mois de janvier, des milliers de personnes prennent la traditionnelle résolution d’arrêter de fumer ! Pourquoi pas toi ? D’autant plus que ce mois, hormis son aspect spirituel qui aide les jeûneurs à se défaire de leurs addictions, favorise naturellement le sevrage tabagique.
Nombre de patients, habituellement fumeurs, observent le jeûne du mois de Ramadhan et parviennent à se priver de fumer jusqu’au coucher du soleil. Force est de constater qu’ils ne pourront fumer autant de cigarettes qu’ils le faisaient en seulement 7 heures nocturnes.
Il s’agit donc d’une véritable forme de sevrage ! Il faudrait les encourager à maintenir ce niveau les jours suivant la fin du Ramadhan et, pourquoi pas, à progressivement arrêter complètement de fumer, puisqu’ils ont été capables de tant diminuer la quantité de nicotine consommée…
Afin d’optimiser les chances de réussite, nous avons demandé au docteur Mamri Riad, directeur technique de la Clinique Naoufel à Constantine, de nous expliquer quelques notions médicales.

Pourquoi doit-on arrêter de fumer ?
Quels que soient votre âge ou votre consommation de tabac, le fait d’arrêter de fumer présente un grand nombre d’avantages et de bénéfices pour votre santé. La motivation à l’arrêt est indispensable, personne ne peut vous contraindre à arrêter si vous n’êtes pas prêt (même un parent ou un médecin) : c’est vous qui décidez ! Trouver les bonnes raisons pour arrêter de fumer vous permettra de renforcer votre motivation et de mettre ainsi toutes les chances de votre côté afin de réussir votre sevrage tabagique. Il n’est pas nécessaire d’avoir un nombre important de raisons qui justifient votre arrêt, une seule peut suffire à renforcer votre motivation. L’essentiel étant que votre motivation à arrêter soit supérieure à votre envie de fumer.
 Fumer coûte cher.
 Fumer diminue les performances sportives.
 Fumer et prendre la pilule augmente le risque d’athérosclérose (infarctus, accidents vasculaires, artérite...).
 Fumer augmente la fréquence des battements cardiaques.
 Fumer favorise l’apparition d’asthme, d’insuffisance respiratoire, de bronchite chronique.
 Fumer augmente les troubles de l’érection (de la « panne » à l’impuissance) et diminue la fertilité.
 Fumer augmente les risques d’avoir un enfant prématuré ou en sous-poids.
 Fumer près d’un nouveau-né augmente ses risques de contracter des infections respiratoires, otites, crises d’asthme et mort subite du nourrisson.
 Fumer donne un mauvais exemple de l’adulte pour l’enfant.
 Fumer n’est plus dans l’air du temps.
 Fumer n’est plus perçu comme une attitude ayant un effet de séduction.
 Fumer favorise la mauvaise haleine.
 Fumer accélère le vieillissement de la peau et le développement des rides.
 Fumer favorise l’apparition des cancers de la gorge et des poumons.
 Fumer favorise l’apparition des cancers du sein ou de l’utérus (pour les femmes).
 Fumer peut provoquer une ménopause anticipée de quelques années.
 Fumer augmente les risques d’ostéoporose liés à la ménopause (fractures, tassement des vertèbres). Arrêter de fumer avant 50 ans double les chances de vivre jusqu’à 65 ans. Arrêter de fumer diminue les risques de complication des affections liées à l’âge : problèmes circulatoires, bronchites chroniques, problèmes cardiaques, problèmes de cholestérol...

Quels sont les dangers et les risques du tabac ?
En Algérie, 40 fumeurs meurent prématurément chaque jour de maladies liées à la consommation de tabac. Le tabagisme tue chaque année plus de 15 000 personnes en Algérie. Plusieurs centaines de personnes décèdent tous les ans, elles aussi, des suites d’un tabagisme passif. 8,5 % des Algériens usent de tabac à chiquer et 11 % des consommateurs sont âgés de 45 à 54 ans.

Quelle est l’espérance de vie d’un fumeur ?
 60 % des fumeurs vont mourir à cause de leur tabagisme
 1 fumeur sur 4 n’atteindra pas l’âge de la retraite ;
 fumer moins de 10 cigarettes par jour diminue de 4 ans l’espérance de vie ;
 fumer entre 10 et 20 cigarettes par jour diminue de 6 ans l’espérance de vie ;
 fumer plus de 20 cigarettes par jour diminue de 8 ans l’espérance de vie.

Quels sont les dangers du tabac sur le corps ?
 poumons : bronchites plus fréquentes, essoufflement ;
 cheveux : plus gras, moins soyeux, moins brillants ;
 yeux : risques de cataracte ;
 nez : perte d’odorat ;
 bouche : mauvaise haleine, perte du goût ;
 dents : apparition de taches brunes sur l’email, risques de caries et d’inflammation des gencives ;
 gorge : irritation de la gorge ;
 vaisseaux sanguins : éclatement de mini-vaisseaux et problèmes de circulation ;
 peau : vieillissement accéléré de la peau, multiplication des rides, teint terne, doigts jaunes, l’odeur reste sur les doigts.

Quelles sont les maladies favorisées par le tabac ?
La responsabilité du tabac dans de nombreuses maladies est scientifiquement prouvée et varie selon l’intensité du tabagisme, le nombre d’années du tabagisme, la qualité du tabac (cigarettes, cigarettes roulées, cigares...).
 risques cardiovasculaires : infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral, hypertension et rupture d’anévrisme.
 problèmes respiratoires : diminution de la capacité respiratoire, toux, sifflements des voies respiratoires, aggravation des problèmes d’asthme.
 développement de cancers : 30% des cancers sont liés au tabac : poumon, larynx, pharynx, bouche, rein, œsophage, pancréas, vessie, utérus...
 troubles sexuels : troubles de l’érection, 81 % des personnes souffrant d’impuissance sont des fumeurs.
 troubles de la fécondité : diminution du nombre de spermatozoïdes et de leur vigueur, augmentation du nombre de spermatozoïdes porteurs d’une anomalie chromosomique, baisse du taux de fécondité de 10 à 20 %, moins de succès pour une fécondation in vitro chez les fumeuses (10 % de moins).

Quelles sont les dépendances que provoque le fait de fumer ?
On peut les résumées en trois catégories :
1. Dépendance physique à la nicotine
À chaque bouffée de cigarette, la nicotine parvient au cerveau en 7 secondes et provoque la sécrétion de dopamine, une molécule responsable d’une sensation de bien-être. Plus on fume, plus le cerveau fabrique des récepteurs à la nicotine et plus le besoin de fumer est important. C’est pourquoi on peut mettre plusieurs mois ou plusieurs années avant de fumer une vingtaine de cigarettes par jour. À l’arrêt, ces récepteurs « s’endorment » et une seule cigarette peut suffire à réveiller le système et à provoquer le manque. C’est pourquoi lors de rechutes, on retrouve son niveau de consommation initial dans la semaine qui suit la reprise.

2. La dépendance comportementale
Longtemps oubliée au profit de la dépendance physique à la nicotine, la dépendance comportementale est presque toujours présente chez le fumeur. Cette dépendance résulte de l’association faite entre la cigarette et des situations courantes de la vie quotidienne. Par exemple : je fume avec mon café, je fume après le repas, au moment de l’apéritif, quand je monte dans ma voiture... Pendant des années cette gestuelle est répétée et provoque une dépendance importante. Au moment du sevrage, ces habitudes vont engendrer des envies de fumer importantes, c’est pourquoi il faut les identifier pour mieux anticiper et se créer de nouvelles habitudes de non-fumeur.

3. Dépendance psychologique
Pour mieux comprendre cette dépendance, on peut la résumer par pourquoi je fume ?
 je fume parce que ça me détend ;
 je fume parce que ça me déstresse ;
 je fume pour ne pas grossir ;
 je fume pour mieux me concentrer ;
 je fume pour le plaisir.

La cigarette devient un soutien de chaque instant, c’est le compagnon idéal. Il est donc difficile de se projeter dans un avenir sans cigarette. Par conséquent, chez un fumeur qui décide d’arrêter, il est important d’analyser ces dépendances en vue d’une meilleure prise en charge.

Quelles sont les méthodes classiques de sevrage ?
 Les médicaments de substitution luttent principalement contre la dépendance physique à la nicotine. D’abord, ils fournissent au patient les quantités de nicotine habituellement consommées, afin d’éviter les troubles du sevrage. Ensuite, la diminution des doses permet à l’organisme de se libérer progressivement du besoin.
 Quant à la dépendance psychologique, les tabacologues préconisent les thérapies cognitivo-comportementales ; ce sont des techniques permettant de multiplier par deux le taux d’abstinence à 6 mois. Le principe : anticiper les diverses situations à risques susceptibles d’entraîner une pulsion à fumer : soirées entre amis, situations de conflit professionnel ou familial, parfois certaines pensées, puis développer des stratégies de gestion de ces situations :
• apprendre à quitter momentanément la situation ;
• apprendre à la substituer par un autre comportement (marche, relaxation, occuper ses doigts…) ;
• identifier les pensées négatives, lutter contre ces pensées et les remplacer par des pensées plus positives (comme se rappeler pourquoi il est important de s’arrêter de fumer, se rappeler que la pulsion à fumer est courte et va bientôt cesser).

Existe-t-il d’autres méthodes ?
Oui, le sevrage par le jeûne. Les fumeurs appréhendent la venue du Ramadhan, conscients de l’effort considérable qu’ils vont devoir fournir pour se priver de cigarettes toute la journée. Comme pour tout fumeur qui essaye d’arrêter, chaque heure passée sans fumer est une petite victoire sur soi. Et les jeûneurs y parviennent, année après année… Comment ?
 Les jeûneurs arrivent à maîtriser leur dépendance psychologique à la cigarette, leur envie de réussir leur journée de jeûne prenant le dessus sur leur envie de fumer. En état de jeûne, ils évitent spontanément les occasions de fumer, ils refusent les cigarettes proposées en évoquant simplement leur état de jeûne, ils s’occupent autrement.
 Ils résistent à leur dépendance physique, sans traitement de substitution, hormis leur volonté, renforcée par la sacralité de ce mois, ils sont plus ou moins irritables selon leur degré de dépendance.
 La nuit venue, ils ne fument pas autant de cigarettes qu’en dehors du mois de Ramadhan, car la soirée est courte entre le moment de la rupture conviviale du jeûne et l’heure du coucher. Celui qui fumait un paquet par jour n’en atteindra probablement pas la moitié en quelques heures.
 Et pourtant, alors qu’ils ont remporté tant de « petites victoires » sur eux-mêmes pendant 30 jours consécutifs, dès le mois de Ramadhan terminé, les fumeurs reviennent à leur consommation habituelle… Ce serait pourtant là l’occasion de maintenir l’effort afin d’en finir avec la cigarette, ils sont si proches du but… Pour arrêter définitivement, il ne faut pas fumer plus de cigarettes que pendant le mois de Ramadan, puis il faut diminuer ce nombre semaine après semaine, par paliers. Qu’est-ce qu’on vit durant le sevrage ?
En dehors de tout traitement : la principale difficulté est de surmonter la dépendance à la nicotine dont les principaux symptômes apparaissent dans les 10 à 12 heures suivant l’arrêt. Les symptômes s’atténuent en 2 à 4 semaines et disparaissent en 6 à 8 semaines. Si la dépendance physique est importante, il est donc indispensable d’avoir une aide médicamenteuse pour limiter les désagréments liés au sevrage.
Les envies de fumer peuvent être présentes lors du sevrage, mais il faut savoir que :
 elles ne durent pas plus de 5 min ;
 elles sont souvent liées à une dépendance comportementale ;
 faire autre chose (boire un verre d’eau, activité...) les fait passer plus vite ;
 elles peuvent être dues à un manque de nicotine.

Mais le sevrage peut également avoir d’autres répercussions :
1. Irritabilité, agitation, colère
Selon le degré des différentes dépendances, en arrêtant de fumer, certaines personnes peuvent ressentir une nette augmentation de leur nervosité et de leur irritabilité, qui se traduisent par des sautes d’humeur. Conseil :
 Si cette irritabilité est due à un manque de nicotine, la prise de substituts nicotiniques peut diminuer ce phénomène.
 Si cela est dû à une dépendance psychologique, un soutien moral et/ou psychologique peut être nécessaire.
 Si cela est dû à une dépendance comportementale, le fait de faire des activités nouvelles pour « casser l’habitude ». Se défouler en faisant du sport.

2. Augmentation de l’appétit et prise de poids
Pendant le sevrage, les hommes prennent en moyenne 3 à 4 kg contre 2 à 3 kg chez les femmes. Cette prise de poids est normale mais pas forcément obligatoire. En effet, le fait de fumer fait consommer des calories donc à l’arrêt sans activité supplémentaire et avec le même apport énergétique, il est normal de prendre du poids. De nombreux fumeurs constatent une nette augmentation de leur appétit lorsqu’ils arrêtent de fumer. Ces fringales passagères ou permanentes correspondent à plusieurs phénomènes :
 le retour du goût et de l’odorat, auparavant masqués par les goudrons ;
 la notion de plaisir liée à la cigarette se reporte sur la nourriture ;
 le manque de nicotine.
Conseils :
 ne pas manger plus !
 boire de l’eau, équilibrer son alimentation, varier ses menus et découvrir de nouvelles saveurs ;
 faire de l’activité (marche, vélo, sport, natation, ...) ;
 consulter un diététicien.

3. Troubles du sommeil
Fréquemment les personnes ayant arrêté de fumer constatent pendant les premières semaines :
 des difficultés à trouver le sommeil ;
 des sommeils moins réparateurs ;
 des réveils plus précoces Il est tout aussi fréquent que les troubles du sommeil s’améliorent à l’arrêt du tabac.
Conseil : ces troubles disparaîtront naturellement au bout de quelques semaines, mais une activité physique peut permettre de limiter ces symptômes. Cela peut être du à un sur-dosage de nicotine.

4. Toux et mal de gorge
Lorsque l’on arrête de fumer les différentes muqueuses anesthésiées par la fumée retrouvent leur sensibilité et deviennent dans certains cas hypersensibles. De plus, le mécanisme naturel de nettoyage des bronches reprend son activité. Cette réaction est parfaitement naturelle et s’estompe d’elle-même en 2 à 3 semaines.
Conseils :
 Prendre du miel ou des pastilles pour la gorge.
 Prendre un sirop pour la toux.
 Consulter un médecin pour écarter une bronchite.

R.R Nouvelle République d’Algérie
http://www.lnr-dz.com/index.php?page=details&id=16404
http://www.lnr-dz.com/index.php?page=details&id=16453

Le jeûne ne fait pas partie des moyens d’arrêt selon la conférence de consensus de Paris 2009. (Ndlr)

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