France - Nombre de décès annuel par tabagisme passif (10/02/2012)


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 Nombre de décès annuel par tabagisme passif (10/02/2012)

Combien le tabagisme passif tue-t-il de personnes chaque année en France ?
Le ministère de la santé semble éprouver quelques difficultés pour apporter une réponse claire à cette question, alors que la loi anti-tabac, entrée en application en 2007 puis en 2008 sur l’argument de ce qui était alors décrit comme un « problème de santé publique », montre des résultats mitigés.
En novembre 2006, au moment de défendre l’entrée en vigueur du décret interdisant de fumer sur le lieu de travail, puis dans tous les lieux publics, Xavier Bertrand, alors ministre de la santé, avait systématiquement expliqué que le tabagisme passif causait la mort de 6 000 personnes chaque année.
Ce chiffre faisait partie de tous ses argumentaires – ici, par exemple, dans un discours de novembre 2006 pour présenter le décret. L’interdiction de fumer dans les lieux publics devait permettre de réduire ce nombre. Pourtant, en se référant à la source à laquelle il avait tiré cette statistique, le gouvernement ne pouvait pas espérer sauver des volutes assassines plus de... 107 non-fumeurs.

Une étude contestable
Pour le comprendre, il faut revenir à l’étude européenne où le chiffre des 6 000 morts trouve son origine. Publiée en 2006, celle-ci s’intitule « Lifting the smokescreen », « Lever l’écran de fumée ». Donnant des chiffres très précis, ses auteurs dénombrent 5 863 morts dues au tabagisme passif, en France, en 2002.
Les 5 863 morts avancées par cette étude sont une estimation statistique. En effet, pour attribuer un décès au tabagisme passif, il faudrait mener une enquête approfondie sur le mort afin de connaître tous les moments de sa vie où il a été exposé au tabac, et dans quelles proportions... C’est pourquoi les résultats, pourtant formulés à l’unité près, sont une estimation basée sur d’autres statistiques (nombre de fumeurs, temps d’exposition au domicile, au travail...)

De la distinction entre fumeurs et non-fumeurs
Mais de manière plus troublante, cette étude établit aussi une distinction, au sein même des victimes du tabagisme passif, entre... les fumeurs et les non-fumeurs. Les auteurs n’expliquent nulle part comment déterminer qu’un fumeur est mort de tabagisme passif plutôt que de son propre tabagisme actif, mais cela ne les empêche pas de livrer ce tableau concernant la France :

Voir tableau sur le site du Monde.fr
Nombre de décès de non-fumeurs attribuables au tabagisme passif en France en 2002
selon l’étude européenne « Lifting the Smokescreen ».

En France, donc, le total des non-fumeurs tués par le tabagisme passif ne s’élèverait pas, comme on pouvait le croire, à 6 000, mais à 1 114. Et si l’on ne considère que les travailleurs non-fumeurs, le total serait de 107. Une lecture attentive de cette étude, dont la méthodologie a été plusieurs fois critiquée par les professeurs Robert Molimard, tabacologue, ou Philippe Even, pneumologue, aurait dû inciter le gouvernement à davantage de prudence quand il a construit son argumentaire autour de ces 6 000 victimes supposées.

De 6 000 à 5 000 morts
Aujourd’hui, sur son site consacré à l’arrêt du tabac, le ministère de la santé livre une autre estimation : 5 000 morts. Lorsqu’on l’interroge sur la provenance de ce chiffre, le ministère redirige vers la Fédération française de cardiologie. L’ancien président de celle-ci, le professeur Daniel Thomas, affirme que son organisme n’a jamais avancé un tel nombre.
Il l’a pourtant bien fait, le 3 octobre 2006, dans un communiqué de presse qui affirmait que « le tabagisme passif représente 5 000 décès par an en France (soit l’équivalent du nombre de décès par accidents de la route en 2005), dont 3 000 sont d’origine cardiovasculaire ».
Aujourd’hui, le professeur Thomas se réfère à une étude de l’académie de médecine de 1997, à laquelle il a contribué, et qui était parvenue à la conclusion que le tabagisme passif causait de 2 500 à 3 000 victimes en France. Mais cette étude a également été critiquée par le professeur Molimard, qui lui a reproché d’être une extrapolation à partir de données américaines, alors que les maladies cardio-vasculaires sont plus courantes aux États-Unis.
« Personne n’est capable de donner un nombre précis », reconnaît aujourd’hui le professeur Thomas, qui estime qu’il vaut mieux, pour avoir « une idée la plus honnête possible des choses », s’en tenir à l’augmentation, constatée elle, du risque d’infarctus chez les non-fumeurs fréquentant un fumeur. Des dangers existent donc, même si le gouvernement, en mettant en avant des chiffres approximatifs, n’a pas contribué à préciser leur ampleur.

Franz Durupt lemonde.fr 10/02/2012
http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/02/10/le-tabagisme-passif-tue-t-il-vraiment-6-000-non-fumeurs-chaque-annee_1638269_3224.html

Espérons que cet éclaircissement mettra fin aux allégations des non-fumeurs et des non tabacologues ! (Ndlr)


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