Burkina-Faso - Le tabagisme a un visage de plus en plus féminin (09/07/2018)


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 Le tabagisme a un visage de plus en plus féminin (09/07/2018)

Le fléau du tabagisme fait actuellement d’énormes dégâts au Burkina : plus de 4 800 décès par an, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Pis, selon des données de 2009, au Burkina, 18,7 % des élèves de 13 à 15 ans avaient déjà fumé des cigarettes (garçons : 31,6 %, filles : 7,0 %) et 16,8 % déclaraient consommer un produit du tabac (garçons : 22,6 %, filles : 11,5 %). Ces dernières années, il ressort que le tabagisme prend aussi un visage féminin. L’Afrique contre le Tabac (Aconta), qui a fait de la lutte contre le phénomène sa raison d’être, multiplie les actions sur le terrain. Jeudi, 28 juin 2018, à Ouagadougou, cette organisation de la société civile (OSC) a initié un atelier de formation des leaders d’associations féminines sur la lutte antitabac au Burkina.
« Dans le programme de société de son Excellence Monsieur le Président du Faso, il est inscrit le renforcement de la lutte contre le tabac comme une priorité absolue », louent d’entrée de jeu, les acteurs de lutte anti-tabac au Burkina.
C’est dans ce contexte, et forte d’une décennie de lutte, que l’Afrique contre le Tabac (Aconta), dans sa dynamique de plaidoyer pour l’application de la législation antitabac a donc organisé, avec le soutien de Campaign for Tobacco Free-Kids (CTFK), un atelier à l’endroit des leaders d’associations féminines. Ce travail vise, d’une part, à renforcer les capacités de ces femmes leaders d’associations féminines et, d’autre part, définir avec elles une feuille de route pour les actions futures.
« Aujourd’hui, au Burkina Faso les filles fument plus que leur mère. Cela est d’une gravité extrême. Car, ces mêmes filles d’aujourd’hui sont les mères de demain. L’industrie du tabac a eu recours à divers thèmes et images pour inciter les femmes à fumer, en insistant sur l’émancipation et l’acceptabilité sociale de la cigarette, pour donner à la cigarette une image plus attrayante auprès des femmes. Le tabac, en plus de ses effets dévastateurs sur la santé de l’homme, peut constituer, malheureusement, une porte d’accès à la drogue et vers des trafics illicites, ceci étant donc une menace à la sécurité », a situé Awa Adiaki du ministère de la promotion de la Femme, membre du Comité national de lutte contre le tabac.
À l’en croire, les femmes, une des principales cibles de l’industrie du tabac, sont plus sujettes aux cancers, aux maladies cardiaques et aux infections respiratoires. Le tabac provoque également des cancers spécifiquement féminins et a des effets nocifs sur la grossesse et la santé reproductive. Les femmes qui fument sont plus susceptibles que les autres à connaître des problèmes de stérilité ou d’avoir du mal à tomber enceinte. Le tabagisme pendant la grossesse accroît les risques de prématurité, de mortinatalité et de décès néonatal et peut entraîner une réduction de la lactation. Le tabagisme accroît chez la femme le risque du cancer du col de l’utérus.
Selon le dernier Globocan 2012, en Afrique de l’Ouest, la morbidité et la mortalité des cancers liées au tabac figurent parmi les dix premiers cancers (les cancers de la prostate, du foie, du colo-rectum, les lymphomes non-hodgkiniens, de l’estomac, du rein, du pancréas, du poumon, des lèvres-cavité orale, les leucémies et le larynx). Le tabac est la cause principale de maladies non-transmissibles dont les plus importantes sont les maladies cardiovasculaires, les maladies respiratoires chroniques, le diabète.
C’est pourquoi, pour les organisateurs, en tant que mères-éducatrices, les participantes à cet atelier sont capables de renverser cette tendance à travers des actions d’éducation des enfants, de communication, de plaidoyer auprès des autorités politico-administratives et de sensibilisation du public.

Empêcher, vaille que vaille, les filles à l’initiation au tabagisme !
« Les compagnies de tabac avaient jusqu’au 07 avril 2016 pour apposer des messages sanitaires graphiques, c’est-à-dire des images, sur les paquets et cartouches de cigarettes. Cela a l’avantage de contribuer à la sensibilisation des femmes burkinabè qui sont en majorité analphabètes sur les conséquences sanitaires du tabagisme et, partant, réduire la consommation de ce produit inutile. Les avertissements sanitaires du tabac doivent tenir compte du fait que l’analphabétisme est plus important chez les femmes que chez les hommes et utiliser des pictogrammes clairs afin que les personnes qui ne savent pas lire puissent tout de même comprendre les risques pour la santé associés au tabagisme », a exposé Mme Adiaki, qui déplore que les textes pris dans ce sens ne soient jusque-là mis en application par l’industrie du tabac.
Pour faire appliquer la législation antitabac en la matière, une synergie d’action des associations féminines et des organisations de la société civile de lutte antitabac s’avère donc indispensable pour faire respecter les textes et, partant, protéger la santé des populations et empêcher les filles à l’initiation au tabagisme. Cela est d’autant urgent qu’une enquête menée en 2017 dans le milieu scolaire de la capitale burkinabè montre l’ampleur du phénomène et interpelle tout le monde.
« Il faut que les autorités sanitaires soient sensibles aux considérations de la frange féminine lorsqu’elles élaborent et mettent en œuvre des politiques de lutte antitabac », recommande Awa Adiaki avant d’engager ces leaders d’organisations de femmes à faire davantage le plaidoyer envers les autorités gouvernementales, administratives et judiciaires pour l’application des textes, en général et des avertissements sanitaires graphiques en particulier.
Cet atelier de formation, qui a mobilisé une quarantaine de participantes leaders d’organisations de femmes, a été sanctionné par la rédaction d’un appel collectif adressé sous forme de pétition au Premier ministre pour l’application de la CCLAT (Convention-Cadre pour la Lutte Antitabac), de la loi antitabac, du décret et de l’arrêté relatif à l’apposition des avertissements sanitaires graphiques sur les paquets de cigarettes. Un appel sous-tendu (sous le leadership de l’Aconta) par une demande d’audience auprès du Premier ministre.
La même démarche est entreprise auprès du ministre de la santé aux fins d’obtenir un calendrier clair pour l’apposition des images.
Plusieurs autres responsables d’institution et personnes-ressources seront également sollicités pour cette offensive contre ce phénomène qui expose à grande échelle les filles et femmes.

Lefaso.net 09/07/2018
http://yenenga.net/spip.php?article227


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