– Ramadan et sevrage tabagique : le défi des 30 jours (22/04/2022)
« J’arrête de fumer », une résolution fréquemment formulée par les fumeurs avec l’avènement du Ramadan.
Synonyme de purification, de spiritualité et de discipline, ce mois sacré est considéré comme étant une occasion idéale pour se libérer de la dépendance au tabac.
Véritable problème de santé publique, le tabagisme est reconnu par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme étant l’une des principales causes de décès et de maladies. Annuellement, plus de 7 millions de personnes en décèdent dans le monde. Selon le ministère de la Santé, la prévalence du tabagisme au Maroc est de 13,4 % chez les adultes âgés de plus de 18 ans, dont 26,9 % d’hommes et 0,4 % de femmes.
Conscients du danger que favorise cette habitude sur leur santé, plusieurs fumeurs profitent du mois de Ramadan pour échapper à l’emprise de la clope.
Pour les professionnels de santé, ce mois d’abstinence est un excellent point de départ pour entamer une cure de sevrage tabagique.
D’après Dr Mohamed Hachem Tyal, psychiatre-psychanalyste et fondateur de la première clinique de psychiatrie et d’addictologie au Maghreb, le jeûne réunit les conditions propices au sevrage tabagique. « Il s’agit d’un mois différent des autres. Et naturellement, les gens deviennent plus enclins à abandonner toute source de plaisir et de satisfaction. Pendant Ramadan, les conditions sont favorables pour s’autoriser à penser que ce qui ne pouvait être possible pendant longtemps, peut l’être pendant ce mois sacré ».
Pour sa part, Dr Tayeb Hamdi, médecin, chercheur en systèmes et politiques de santé et vice-président de la Fédération nationale de la santé, estime que le Ramadan ne peut, à lui seul, constituer un élément de sevrage, ajoutant ainsi que la volonté d’arrêter de fumer demeure primordiale.
« Durant le mois de Ramadan, le sevrage tabagique est beaucoup plus facile comparativement aux autres mois de l’année, car grâce au jeûne, le fumeur est obligé de passer environ 15 heures sans tabac. Certes, ce mois sacré est la période idéale pour se sevrer de la cigarette mais la décision d’arrêter de fumer doit déjà être présente dans l’esprit de la personne en question, et doit être mûrement réfléchie ».
80 % des personnes, qui prennent l’initiative d’arrêter leur consommation tabagique, recommencent à fumer dans le premier mois qui suit le sevrage.
Pour réussir ce processus et afin d’éviter une rechute les jours suivant la fin du Ramadan, le Dr Hamdi souligne qu’il est préférable d’être accompagné par des professionnels de la santé. « Des études ont prouvé que le taux de réussite du sevrage tabagique pour les personnes non accompagnées oscille entre 5 et 7 % alors que pour les personnes accompagnées, ce taux varie entre 20 et 30 % ».
Par ailleurs, ce praticien précise qu’un arrêt brutal est nettement plus efficace qu’un arrêt progressif. « Il est important de se sevrer sans période de progressivité étant donné que la réduction du nombre de cigarettes n’aide pas plus que l’arrêt immédiat. C’est bien de fumer moins de cigarettes mais sur le plan sanitaire, ça n’apporte pas grand-chose car nous avons constaté que les personnes qui réduisent le nombre de cigarettes par jour, inhalent plus de fumée et se retrouvent donc avec les mêmes risques de santé », explique-t-il.
Appelant les fumeurs à sauter le pas, le vice-président de la Fédération nationale de la santé rappelle que l’arrêt du tabac a des effets immédiats sur l’organisme.
Source : La quotidienne 22/04/2022