– Tabac à chiquer, la chique ou chemma (11/09/2011)
La chemma - si vous ne le savez pas - est du tabac à priser, ou plutôt à chiquer. C’est un tabac finement moulu, préparé à partir d’un mélange de broyat de feuilles séchées et de cendre de bois de figuier, aspergé de temps en temps de quelques gouttes d’eau, qui donne à la fin une mixture vert-marron, humide à souhait. On le prise en en plaçant une pincée entre la lèvre inférieure et les dents ou sur le palais.
En Algérie, au Maghreb et certaines villes de la Méditerranée, la consommation du tabac à chiquer (la variété chemayenne) est une pratique courante.
Contrairement à ce que l’on croit, les zones géographiques de sa consommation sont vastes et très répandues dans le monde : Amérique du nord, Suède, Danemark, Grande-Bretagne et France.
Quel est l’Algérien qui ne connaisse pas les boîtes métalliques arrondies de chemma ou nepha (désignation par les gens de l’Est du pays).
Comme référence à son fabricant, et à un moment donné, on la désignait aussi sous le vocable de Bentchicou. Il y a la chemma industrielle dont la plus populaire et ancienne commercialisée par la maison Benchicou en petites boîtes métalliques arrondies.
Aujourd’hui, plusieurs marques (Africa, Soltane, Nardjass, Echourouk, SNTA, etc.) sont proposées à la vente dans des sachets de 20 et de 30 gr.
Certains anciens, des retraités en partie, fabriquent manuellement ce tabac pour arrondir leur fin de mois : ils proposent des petits sachets en plastique près des marchés ou rues commerçantes.
Dans les zones rurales, on trouve de la « chemma artisanale ». Pour l’histoire, les vieux conservait ce tabac dans une corne de bœuf. Cette corne, sciée à bonne distance du sommet, limée, lustrée, constituait une sorte de « chemmatière » pour les fellahs. On la fermait avec un bouchon de liège orné en son centre d’une fine boucle en cuir.
On consommait la chemma de deux façons. Celles des fellahs, la manière paysanne, et celles des « gens distingués », la manière citadine.
La procédure d’utilisation : on prend une pincée prélevée du pouce et de l’index, déposée discrètement entre la lèvre et la gencive, soit en haut, soit en bas.
Une variante de cette façon citadine propose la boulette de chemma qui supprime le contact direct avec la muqueuse, une feuille de papier à cigarette, « LMassa », enveloppant le produit
Ce type de tabac est le plus détesté par la gente féminine, et pourtant ?
Selon les ouï dires, les femmes des zones rurales principalement, recouraient à l’usage de ce tabac.
Avant, quand le dentiste n’existait pas, on leur recommandait le tabac à priser pour calmer une douleur dentaire. La douleur passée, ces femmes continuaient à en consommer. Évidemment, ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Par contre, une autre pratique est apparue. Nombreux sont les personnes, les jeunes surtout, qui s’adonnent à sa consommation comme solution de rechange sécuritaire à l’usage de la cigarette.
Et pourtant. Selon la littérature médicale, le risque de développer un cancer de la bouche est d’environ quatre fois plus élevé chez les utilisateurs de tabac sans fumée que chez les non utilisateurs.
Avant, il existait même du tabac à mâcher, très prisé par les vieux. Pour l’histoire, il s’agit d’un phénomène importé durant l’ère coloniale en Algérie.
Meissonier Alger 11/09/2011
http://meissonier-alger.skyrock.com/382713179-TABAC-A-CHIQUER-LA-CHIQUE-ou-CHEMMA.html