– Le plan anticancer indissociable de la lutte contre le tabagisme (08/06/2015)
Le Pr. Noureddine Zidouni, président du Comité de prévention et de lutte contre le tabagisme, est catégorique : 90 % du cancer des bronches en Algérie est provoqué par le tabac. Le tabagisme est un danger pour la santé humaine avec une hausse alarmante des cas de cancer en Algérie dus au tabac, et un fléau pour l’économie nationale, relève t-il. En fait, le drame, selon lui, est qu’en Algérie, il existe des lois interdisant l’usage du tabac dans les lieux publics, mais qu’elles ne sont pas respectées.
« D’où la nécessité de sensibiliser les citoyens aux dangers du tabac », a-t-il estimé hier dimanche à la radio nationale.
C’est en 1985 qu’est promulguée en Algérie la loi interdisant de fumer dans les lieux publics, mais qui n’a jamais été, depuis, respectée. Il s’agit de l’article 63 de la loi 85-05 du 16 février 1985, interdisant l’usage du tabac dans les lieux publics. « Nous sommes forcés de croire que cette loi n’est pas respectée », a indiqué le professeur Zidouni, parce que cela « représente un fléau majeur contre la santé des Algériens ». « Dès lors, il fallait élargir les prérogatives de tous les acteurs de la société civile » pour la prise en charge de cet objectif, a-t-il affirmé, rappelant que le comité sectoriel de sensibilisation contre le tabagisme a été institué par le Premier ministre et regroupe 13 départements ministériels. « Une série de mesures ont été prises pour aider les citoyens fumeurs à arrêter de fumer », a annoncé le Pr. Zidouni qui relativise le phénomène en Algérie car « le tabagisme n’est pas propre à l’Algérie, mais c’est une démarche mondiale ». Cependant, pour mieux lutter contre ce phénomène, il préconise de « passer de la sensibilisation à des mesures coercitives, avec des sanctions financières ». Le Pr. Zidouni, qui a indiqué que le Premier ministre a demandé au Comité un rapport sur le tabagisme dans les lieux publics, a expliqué qu’ « il y a une réelle prise de conscience à faire adopter par les citoyens », comme il faut « des partenaires sociaux de la vie associative pour que nous prenions la pleine mesure du phénomène et aider le citoyen fumeur à arrêter de fumer. Il faut aider les gens à arrêter de fumer, offrir aux personnes qui le désirent des modalités pour arrêter de fumer, c’est la stratégie de l’OMS », a-t-il plaidé. Il ajoute : « l’objectif est non seulement d’aider ceux qui veulent arrêter de fumer, mais d’offrir un air sain à ceux qui ne fument pas ».
Les entraves à la loi peuvent par ailleurs entraîner les contrevenants à payer entre 2 000 dinars à 5 000 DA d’amende, a-t-il dit, avant de relever que la cigarette électronique est dangereuse, « car elle offre à ceux qui la consomment la possibilité de fumer leur véritable première cigarette ». La chicha représente quant à elle l’équivalent, a-t-il prévenu, d’au moins de « 7 à 20 paquets de cigarettes en fonction du tabac inhalé dans le vaporisateur ».
D’autre part, le Pr. Zidouni a estimé que le plan cancer ne veut rien dire si on n’améliore pas la prévention contre le tabac, car « Le tabagisme reste le fléau principal avec 90 % du cancer des bronches, qui approche le nombre des maladies infectieuses ».
Dès lors, « on ne peut continuer à assumer ce fardeau qui va considérablement grever le budget et les ressources liées au développement de la santé dans le pays, et les médicaments coûtent très cher à l’État », a averti le Pr. Zidouni qui a annoncé que pour la prochaine rentrée scolaire, le premier cours dans les écoles portera sur le tabagisme. Les avertissements du Pr. Zidouni rejoignent ceux de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem), qui a rendu publique récemment une étude inquiétante sur le taux de tabagisme dans les écoles algériennes.
En Algérie, le cancer du poumon, selon la Forem, a doublé en 25 ans (1986-2010), passant de 11 % à 20 % pour 100 000 habitants, alors que le cancer du larynx touche 2,5 % de sujets. Pour la Forem, il faut « diminuer la morbidité et la mortalité dues au cancer », avec comme axe stratégique, la diminution « des facteurs à risque » avec la lutte contre le tabagisme, y compris le tabac à chiquer.
Yazid Alilat - Le quotidien d’Oran - Algérie - 08/06/2015
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