– L’État empoche plus de 32 milliards FCFA de taxes sur le tabac (01/06/2010)
Les responsables des mouvements anti tabac du Sénégal ont affirmé que l’État encaisse 32 milliards de francs CFA des industries du tabac. Ils souhaitent qu’une partie de cette somme soit affectée à la promotion de la Santé, notamment, aux maladies liées aux cancers.
La Journée mondiale sans tabac célébrée, le 31 mai, a été l’occasion pour les comités anti tabac de mettre en exergue les effets nocifs du tabac. À Dakar, les comités anti tabac qui se sont donné rendez-vous à l’Hôpital général de Grand-Yoff (Hoggy) ont affirmé que le tabac est en train de gagner du terrain.
Au Sénégal, une enquête menée par l’ONG de surveillance du tabagisme chez les jeunes (Gyts) en milieu scolaire notamment dans les écoles de Dakar touchant les jeunes âgés de 13 à 15 ans a montré que 10,2 % des jeunes filles fument.
La même enquête a révélé que 20,1 % des garçons de la même tranche d’âge consomment de la cigarette au moment où l’État peine à faire respecter des dispositions de la convention cadre pour la lutte antitabac qu’il a ratifié en février 2005, qui devrait pousser les industries du tabac à appliquer ou à respecter des normes de vente et distribution de la cigarette.
Selon Baba Gallé Diallo, seul l’article 6 relatif à l’augmentation des taxes sur les produits du tabac est respecté au Sénégal. Cette disposition est appliquée par le gouvernement parce que lui permettant de faire entrer dans ses caisses 32 milliards de francs CFA, sans qu’aucune partie de cette manne financière ne soit affectée à la promotion de la santé.
« Aujourd’hui, nous devons nous battre pour que les industries du tabac implantées au Sénégal financent les activités de la santé et celles des mouvements de lutte contre le tabac », a plaidé M. Diallo.
Mais, toutes ces activités ne sont pas à l’ordre du jour chez les fabricants de cigarettes qui, d’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ont une nouvelle cible constituée de femmes et de jeunes. Ce qui s’explique le fait que les industries du tabac devaient recruter de nouveaux consommateurs pour remplacer près de la moitié des fumeurs qui mourront, prématurément, des maladies liées au tabac ».
Ces maladies font des ravages dans les structures sanitaires. À l’Hoggy, elles sont en nette augmentation ces deux dernières années. Selon le Dr Oumar Ba, 3 à 4 patients souffrant de pathologies liées aux cancers provoqués par la cigarette sont admis par semaine à l’Hoggy. Et en deux ans, ce sont 200 patients se plaignant des cancers du poumon qui sont suivis dans la même structure, a-t-il révélé.
Une étude réalisée à l’Hoggy a montré que 2/3 de ces patients sont décédés, parce qu’étant venus tardivement à l’hôpital. Le reste des malades risque, aussi, de mourir, faute de moyens financiers, parce que les médicaments, traitant les maladies liées aux cancers, coûtent cher.
Le médecin-colonel Aboubacry Diallo, président du comité anti tabac de l’Hoggy, a révélé que les jeunes, qui commencent à fumer à l’âge de 13 ans, développent le cancer de poumon à 28 ans, alors que la norme est de 60 ans.
Eugène KALY Le Soleil 01/06/2010
http://www.seneweb.com/news/article/32280.php
http://www.lesoleil.sn/article.php3?id_article=59684