Maroc - Culture du tabac : le tabou rentable (16/11/2013)


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 Culture du tabac : le tabou rentable (16/11/2013)

Dans chaque cigarette Marquise, il y a un peu de tabac marocain : 3 300 petits agriculteurs vivent de la tabaculture au Maroc.
Les quantités sont modestes, et le sujet sensible, mais l’affaire est rentable pour ces agriculteurs assurés de vendre leur production.
Le tabac est moins rentable que le kif, mais il l’est davantage que les oignons ou la pomme de terre.
Pour les planteurs marocains, le tabac est avant tout une bonne affaire. Un hectare rapporte entre 30 000 et 60 000 DH. “Nous disposons en outre de la garantie d’écouler toute la production”, explique Noureddine Oulhaj à Médias 24. Ce professeur de biochimie cultive dix hectares dans la région d’El Hajeb et vend son tabac à la Société Marocaine des Tabacs, anciennement Altadis et avant sa privatisation, la Régie des Tabacs.
Le partenariat entre la SMT et les tabaculteurs fait vivre la filière : les petits producteurs génèrent des revenus réguliers de 53 millions de DH, un peu au-dessus de la moyenne nationale, et la SMT veille à la qualité du tabac en mettant à leur disposition des matières premières (engrais) et des conseillers en technique agricole.

Tabac : un marché mondial verrouillé
La production nationale de tabac couvre largement les besoins de la SMT en variétés Orient et Burley, utilisées dans le mélange ou blend de plusieurs tabacs qui signe l’identité gustative de chaque marque. Mais elle ne représente que 20 % du tabac acheté par la SMT. Le reste est acheté sur les bourses internationales, en provenance des grands pays producteurs de tabac que sont les États-Unis, la Chine ou l’Indonésie. La Chine produit plus de trois millions de tonnes de tabac par an.
En outre, le tabac ne pousse que dans certaines régions du Maroc, essentiellement à El Hajeb près de Fès ou dans l’Oriental. Les possibilités d’étendre les surfaces agricoles restent limitées. Le Maroc réussit tout de même à exporter quelques centaines de tonnes depuis l’année dernière. Mais les places sont chères sur le marché international du tabac, où il est difficile d’imposer les variétés marocaines.

L’amont d’un marché libéralisé
Si l’Occident renforce son système de lutte contre le tabagisme, les gros fumeurs restent aujourd’hui les Africains et les Asiatiques. Au Maroc, le marché du tabac a longtemps relevé du monopole public, jusqu’à sa récente libéralisation et la privatisation de l’ancienne Régie des Tabacs, rachetée par Altadis puis par les britanniques de Imperial Tobacco. Aujourd’hui renommée la Société Marocaine des Tabacs, l’entreprise est 100 % privée qui produit l’essentiel des cigarettes au Maroc.
La célèbre Marquise constitue plus de 60 % des ventes légales. La SMT produit également la gamme des Marlboro et distribue la marque L&M pour le compte de Philip Morris, leader mondial du tabac. L’introduction de nouveaux concurrents, à savoir British American Tobacco (Dunhill) et Japan Tobacco International (Winston, Camel, Glamour, LD, Monte Carlo) fragilise le leadership de la SMT qui mise sur l’amont de sa chaîne de valeur.
Pour autant, la filière agricole du tabac profite aux agriculteurs autant qu’à la SMT, qui protège son unique tabac local. Tous attendent l’introduction de la tabaculture dans le Plan Maroc Vert, espérée en 2014. La SMT est le seul opérateur qui maîtrise toute la chaîne de valeur. L’amont agricole est un atout considérable qui garantit la “Moroccan touch” de la Marquise.

L’indiscutable business
Pour la SMT, sixième entreprise du Maroc, il faut s’accrocher à l’essor marocain en Afrique. “Notre stratégie dans les cinq prochaines années est de valoriser les cigarettes marocaines et soutenir les efforts du pays dans la conquête des marchés africains”, nous explique Jaime Giles Robles, directeur des affaires juridiques et corporate au sein de la SMT.
Pour l’État, il est difficile de prendre ouvertement position : les pressions exercées par l’Organisation Mondiale de la Santé et la sensibilité du sujet dans les débats publics retarde un soutien direct des pouvoirs publics. Pourtant il est le premier à bénéficier du tababusiness : le Maroc est le pays qui applique aux cigarettes les taxes les plus élevées au monde par rapport au pouvoir d’achat local. Chaque année, la SMT donne 10 milliards de DH à l’État.
L’augmentation des taxes prévue par le projet de loi de Finances risque d’impacter les prix. Tant que la loi n’est pas effective, la SMT préfère ne pas commenter la hausse fiscale. Pourtant, c’est l’État en premier lieu qui est perdant dans l’affaire, puisqu’il engendre une réduction de la consommation légale et une recrudescence de la contrebande en provenance d’Algérie ou de Mauritanie. En tout cas, le sujet dérange encore alors que les intérêts sont énormes pour tout le monde.

Par Najat Sghyar Médias 24 16/11/2013
Fourni par Ph. Médias 24
http://www.medias24.com/ECONOMIE/ECONOMIE/6296-Culture-du-tabac-au-Maroc-le-tabou-rentable.html

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