– Tabagisme chez les jeunes de Ouagadougou en 2000 (01/06/2000)
Le tabac est une drogue licite et le tabagisme une forme de toxicomanie répandue à travers le monde. L’abondance des publications consacrées à cette drogue témoigne indéniablement de la fréquence du problème, de sa complexité et de l’intérêt qu’il suscite [1-5].
Les résultats de la recherche médicale et des études épidémiologiques ont fourni des preuves sur les risques de maladie et de mortalité liés non seulement au tabagisme, mais aussi au tabagisme passif : ainsi, l’OMS estime que le tabac tue 6 personnes dans le monde par minute et que le nombre de décès par an serait de 3 millions [2].
L’industrie de la cigarette est l’une des plus puissantes au monde.
Dans les pays industrialisés, le prestige du tabac a lentement décliné, au fur et à mesure que les ravages provoqués par sa consommation ont été connus [6, 7]. Les droits des non-fumeurs sont de plus en plus reconnus et respectés. Il en va autrement dans les pays en développement où l’ignorance et/ou l’insouciance hypothèquent la lutte contre le tabac ; fumer en public étant encore perçu comme symbole de modernité et d’aisance.
Au Burkina-Faso, bien que l’on s’accorde dans le discours officiel à reconnaître que le tabagisme constitue l’un des problèmes de santé publique, les données statistiques précises font défaut en l’état actuel.
Les enquêtes disponibles [3, 8-10] portent ou bien sur des groupes cibles généralement du milieu scolaire, ou bien sur des populations hospitalières, ou bien intègrent le tabac dans le cadre global de l’usage des drogues, sans qu’aucune ne puisse prétendre à l’exhaustivité des situations possibles.
Comme pour bien d’autres fléaux contemporains (toxicomanie, alcoolisme, MST et sida), les jeunes payent un lourd tribut à ce tabagisme. Ce qui, en soi, constitue une réalité à la fois inacceptable et inquiétante, car le tabagisme de ces jeunes est accessible à une prévention précoce, cohérente et adaptée, ce qui passe, entre autres, par une maîtrise des déterminants psychologiques et sociaux du tabagisme dans cette tranche de la population.
C’est pourquoi la présente recherche a été entreprise avec pour objectif, d’une part, d’évaluer l’impact économique du tabac au Burkina Faso, et, d’autre part, d’analyser les paramètres relatifs à la demande de tabac au Burkina Faso.
Matériel et méthodes
Les objectifs de l’étude étant pluriels et complémentaires, nous avons procédé à deux types de techniques : une étude des données existantes et une enquête transversale.
Étude des données existantes
Cette étude a été menée auprès des services techniques du ministère de l’Économie et des Finances et du ministère du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat ; elle concernait les données relatives au volume de production de tabac au cours des cinq dernières années, les données relatives au volume d’importation de tabac au cours des cinq dernières années et les données relatives aux différents textes réglementaires et législatifs sur le tabac au Burkina Faso.
Enquête transversale
Nous avons en outre procédé à une enquête transversale par questionnaires auprès des adolescents et adultes jeunes de la ville de Ouagadougou. Cette enquête a été effectuée au cours de la semaine du 10 au 15 août 1998. Deux types de populations cibles ont été retenus : les scolaires des établissements secondaires publics et privés qui ont reçu un auto-questionnaire et les jeunes du secteur informel qui ont reçu soit un auto-questionnaire, soit un hétéro-questionnaire (à contenu sensiblement identique) en fonction du niveau de scolarisation.
Dans la présente recherche, nous avons considéré comme secteur informel les emplois et activités économiques qui ne sont pas enregistrés ou qui le sont mal. Ce questionnaire a été préalablement testé et réajusté en conséquence. Dans chaque catégorie de population, un échantillon a été sélectionné selon la méthode d’échantillonnage accidentel : la sélection des unités à inclure n’a pas été faite de manière aléatoire.
Par commodité, nous avons choisi l’échantillon qui s’est présenté au moment de l’enquête. Nous ne disposons pas d’information sur le nombre ni sur la composition de la population de base du sondage. Les élèves ont été choisis parmi ceux qui suivaient des cours de vacances ou qui fréquentaient les bibliothèques de la place pendant la période d’étude. Quant aux jeunes du secteur informel, ils ont été recrutés au niveau des abords des principaux marchés de la ville de Ouagadougou.
Pour être éligible, chaque sujet devait accepter verbalement de participer à l’enquête et être âgé de 30 ans au plus. Nous avons enregistré 15 cas de non-répondants, soit 5,2 % des personnes sollicitées.
Les données recueillies concernaient les renseignements sociodémographiques, le niveau de consommation de tabac, les connaissances sur les effets du tabac ainsi que sur la journée mondiale sans tabac.
Chaque enquêté a reçu l’assurance du caractère anonyme et confidentiel des informations qu’il aura à fournir.
La collecte des données a été assurée par des enquêteurs choisis parmi des élèves et étudiants volontaires. Ces derniers ont préalablement reçu une formation sommaire sur la conduite du travail.
Les données quantitatives recueillies concernant l’enquête transversale ont été rendues anonymes, codées puis saisies et traitées à l’aide du logiciel de traitement statistique Épi-Info. Pour comparer les variables qualitatives, nous avons utilisé le test du Chi 2, avec la correction de Yates quand cela était nécessaire. Les liaisons entre les variables ont été considérées comme statistiquement significatives au seuil de probabilité de 0,05.
Résultats
Production nationale de tabac
La culture du tabac au Burkina-Faso n’étant pas une culture de rente en l’état actuel, les données chiffrées font défaut. Les différentes productions sont destinées à la consommation nationale. Les feuilles de tabac sont séchées et utilisées soit à l’état naturel, soit transformées de façon artisanale en pâtes ou en poudre. Ce produit final est soit fumé, soit prisé, soit chiqué. Cette consommation est une pratique très ancienne, observable surtout en campagne et n’a pas encore fait l’objet d’une étude, du moins à notre connaissance. L’ampleur de la consommation de cette forme de tabac est par conséquent inconnue.
De nos jours, le Burkina-Faso dispose d’une usine de fabrique de cigarettes dénommée Manufacture Burkinabè de cigarettes (Mabucig).
La matière première destinée à la fabrication de cigarettes est importée.
Importation de tabac au Burkina-Faso
L’importation de tabacs au Burkina Faso concerne les formes ci-après : tabacs non écotés, tabacs partiellement ou totalement écotés, déchets de tabac, cigares, cigarillos, cigarettes, tabacs à fumer, tabacs homogénéisés. De 924 441 tonnes de tabac en 1993, le poids net des importations est passé à 1 905 214 tonnes en 1997.
La valeur CAF (coût, assurance, fret) du tabac était respectivement de 2 019 274 997 F CFA pour l’année 1993 et 5 808 905 269 F CFA pour l’année 1997.
L’impact économique du tabac sur l’économie nationale n’est pas négligeable. En effet, les importations de tabacs, toutes formes confondues, génèrent chaque année des recettes fiscales et douanières de l’ordre du milliard de francs CFA pour le budget de l’État. Nous avons par ailleurs relevé par exemple que, pour l’année 1993, sa valeur ajoutée représente 0,3 % du produit intérieur brut (PIB) national de la même année.
Législation sur le tabac
Au Burkina-Faso, la législation sur le tabac est pauvre et peu appliquée. Dans le texte portant organisation du monopole des tabacs et son décret d’application, sont décrites les conditions dans lesquelles le monopole d’importation du tabac sur le territoire national peut être accordé.
Le Code de la santé publique fait obligation aux fabricants de mentionner sur l’emballage le caractère dangereux du tabac ainsi que les taux de nicotine et de goudrons. Ce même texte prévoit des dispositions réglementaires sur la publicité du tabac.
Les jeunes face au tabac
Nous avons étudié une population de 289 adolescents et adultes jeunes ainsi répartis : 139 du secteur informel et 150 du milieu scolaire. L’âge moyen était de 20,1 ans (± 4,2) pour le milieu scolaire (extrêmes = 12 et 30 ans) et 21,8 ans ± 4,5 (extrêmes = 11 et 30 ans) pour le secteur informel. La différence n’était pas statistiquement significative.
En fonction du sexe, les hommes étaient nettement surreprésentés : 78 % dans le milieu scolaire et 87,1 % dans le secteur informel.
Pour l’ensemble de la population enquêtée, 36,7 % étaient des fumeurs et 10 % des anciens fumeurs. Parmi les jeunes du secteur informel, nous avons enregistré 40,2 % de fumeurs et 7,9 % d’anciens fumeurs. En revanche, chez les scolaires, les pourcentages étaient respectivement de 33,3 et 12 %. La différence entre les deux groupes n’était pas statistiquement très significative.
Pour l’ensemble de la population interrogée, les garçons étaient beaucoup plus nombreux à fumer que les filles : 43,6 % des garçons enquêtés étaient des fumeurs, contre 3,9 % des filles.
La différence était statistiquement significative (p < 0,001).
Dans le sous-groupe des anciens fumeurs, l’âge moyen de la consommation de la première cigarette était de 14,9 ans ; les extrêmes allaient de 10 à 23 ans. En fonction du groupe d’appartenance, cet âge moyen était légèrement plus bas (13,7 ans) chez les jeunes du secteur informel que chez les scolaires (15,7 ans) ; mais la différence n’était pas statistiquement significative.
Dans le sous-groupe de fumeurs actuels, cet âge moyen était de 15,2 ans et les extrêmes de 4 à 25 ans pour l’ensemble de la population. Ces derniers déclaraient fumer en moyenne 9,1 cigarettes par jour. Mais les variations étaient assez importantes d’un répondant à l’autre : de 2 à plus de 20 cigarettes. De façon subsidiaire, certains répondants ont ajouté que le nombre de cigarettes fumées par jour était très variable en fonction surtout du gain quotidien et du volume de travail à effectuer. L’âge moyen de la consommation de la première cigarette (15,1 ans versus 15,3 ans) ainsi que le nombre de cigarettes fumées par jour (9,1 versus 8,9) ne distinguaient pas ces fumeurs du groupe du secteur informel des fumeurs du groupe du milieu scolaire.
Les appréciations de l’ensemble des enquêtés selon l’existence ou non de bienfaits du tabac faisaient ressortir les résultats suivants : chez les non-fumeurs, 143 ont répondu à la question. Parmi les répondants, 102 (73,3 %) ont estimé que le tabac n’apportait aucun bienfait. Tous les anciens fumeurs ont répondu à la question : 14 (48,2 %) ont mentionné que le tabac n’apportait aucun bienfait. Parmi les fumeurs, 102 ont répondu à la question : 36 (35,2 %) ont estimé que le tabac n’apportait aucun bienfait.
En ce qui concerne les méfaits attribués au tabac, les réponses se présentaient ainsi qu’il suit : 95,1 % des fumeurs ont mentionné des méfaits multiformes du tabac, alors que 96,3 % des anciens fumeurs et 99,1 % des non-fumeurs ont mentionné un ou plusieurs méfaits.
L’analyse des réponses relatives aux bienfaits et méfaits du tabac en fonction du groupe d’appartenance ne montrait pas de différence statistiquement significative.
Les raisons évoquées par les non fumeurs pour justifier leur abstinence étaient par ordre décroissant : 65 (42,2 %) citaient en premier lieu le fait que la cigarette ne leur plaît pas, 34 (22 %) citaient en premier lieu les dangers sur la santé. L’opposition des parents et l’opposition des ami(e)s ont été citées en premier lieu respectivement par 29 (18,8 %) et 21 (13,6 %) non fumeurs. Par ailleurs, 9 (5,8 %) accréditaient les motivations religieuses pour ne pas fumer de tabac. Seulement 3 (1,9 %) estimaient que le manque de moyen était en premier lieu la raison de leur abstinence.
Chez les anciens fumeurs interrogés, les principaux mobiles de l’arrêt de l’intoxication étaient :
- 8 (27,5 %) citaient en premier lieu l’opposition des parents,
- 5 (17,2 %) citaient en premier lieu l’effet de la sensibilisation aux dangers du tabac,
- 5 (17,2 %) citaient en premier lieu les problèmes de santé rencontrés.
Chez les fumeurs, les principales raisons évoquées pour justifier l’usage de tabac étaient :
- 41 (38,6 %) déclaraient en premier lieu qu’ils fumaient par imitation des copains ;
- 15 (14,1 %) fumaient parce que cela relevait en premier lieu de leur liberté ;
- 14 (13,2 %) fumaient pour vaincre leur timidité.
Il faut noter que, pour 7 (6,6 %) des enquêtés, le fait de fumer aurait été avant tout influencé par l’attitude des parents eux-mêmes fumeurs.
Invités à indiquer s’ils avaient entendu parler de la Journée mondiale sans tabac, 64 (42,6 %) fumeurs ont répondu affirmativement. À la même question, 41,7 % des anciens fumeurs et 45,2 % des non-fumeurs ont répondu avoir déjà entendu parler de cette journée. Parmi les jeunes du secteur informel, 28 (38,4 %) avaient entendu parler de la Journée mondiale sans tabac contre 37 (48 %) des jeunes du milieu scolaire ; la différence n’était pas statistiquement significative. En revanche, chez les scolaires fumeurs, 28 (58,3 %) étaient significativement plus nombreux à avoir entendu parler de cette journée que les fumeurs du secteur informel : 19 (33,9 %), p = 0,01.
Discussion
Les données obtenues auprès des services techniques et relatives à l’importation de tabac et à la fabrication nationale de cigarettes nous semblent suffisamment fiables.
Le volet concernant l’enquête auprès des jeunes a reposé sur une enquête par sondage utilisant une méthode d’échantillonnage non probabiliste. Nous pensons que la validité des données obtenues peut être acceptable en matière d’analyse de connaissances, attitudes et opinions en matière de tabac. En revanche, elle est discutable dès lors qu’il s’agit d’en dégager des taux de prévalence. En outre, cette enquête s’adressait à une catégorie particulière de jeunes citadins ; par conséquent, les résultats obtenus ne sauraient être extrapolés à l’ensemble des jeunes du Burkina-Faso.
Vu nos résultats, on peut dire que l’impact des ventes de cigarettes produites localement au Burkina-Faso n’est pas négligeable sur l’économie nationale.
Il faut faire observer également que les plus grands « sponsors » des manifestations sportives et culturelles sont les firmes de tabac. L’on peut par ailleurs déduire aisément que le tabac est une source d’emploi et de revenu pour beaucoup de ménages burkinabé. Mais à quel prix ? Le constat actuel au Burkina Faso est que la stratégie commerciale active déployée à grands frais par les marchands de cigarettes à travers la publicité, même si elle est conforme à l’éthique de l’économie de marché, hypothèque dangereusement les efforts dans le domaine de la santé publique. Cette situation est d’autant plus pernicieuse que les jeunes sont surtout les plus facilement influençables par la supercherie de la publicité. Il y a là un choix cornélien que l’État burkinabè doit opérer car, dans un domaine comme le tabac, l’orthodoxie de la loi économique de l’offre et de la demande s’applique.
Les résultats de notre enquête auprès des jeunes ne pourraient-ils pas s’analyser selon cette loi ?
En effet, 36,7 % des personnes enquêtées consommaient du tabac au moment de l’enquête. Le taux de consommation parmi les jeunes du secteur informel est plus élevé (40,2 %) par rapport au taux parmi les jeunes scolaires (33,3 %). Des taux de consommation moins élevés avaient été rapportés antérieurement lors d’études effectuées au Burkina Faso : 18,7 % dans l’étude de Somé [9], 12,6 % dans celle de Soura [10], 6,9 % dans celle de Ouédraogo et al. [3] et 4,2 % dans celle de Ouédraogo [8]. Mais ces résultats concernaient des populations cibles exclusivement du milieu scolaire et qui étaient plus jeunes.
En revanche, Wone et al. [5] au Sénégal rapportaient un taux de consommation de cigarettes de 87 % chez les enfants non scolarisés âgés de 12 à 20 ans et 71 % de fumeurs parmi les lycéens âgés de 10 à 20 ans.
Par ailleurs, nos résultats indiquent qu’il est notoire que les jeunes fument précocement. L’âge moyen de la première cigarette était de 15,2 ans chez les fumeurs actuels. Les mesures d’éducation pour la santé doivent donc être préconisées assez tôt. En outre, il faut se garder de banaliser les quantités de cigarettes consommées par jour. Non seulement les répondants ont souvent tendance à minimiser les quantités consommées, mais encore la cigarette est avant tout une drogue qui engendre à la fois une dépendance physique et psychique du fait de la nicotine. Cette dépendance peut très bien survenir à partir d’une consommation journalière de 5 à 6 cigarettes [11].
Qu’il s’agisse de fumeurs dépendants ou non dépendants à la nicotine, le danger du tabac réside dans le risque d’escalade. Ainsi, il est à craindre que la consommation régulière de cigarettes chez ces jeunes n’augmente le risque d’expérimentation d’une drogue illicite.
Les réponses aux questions relatives aux connaissances sur les effets du tabac et les raisons de leur choix de fumer, d’arrêter ou de ne pas fumer, mettent en évidence la part de l’ignorance et de l’insouciance. Nombre de jeunes enquêtés pensent que la cigarette ne présente pas de danger sur l’organisme, tandis que d’autres, tout en admettant de possibles dangers du produit, fument.
Ces résultats interpellent la société tout entière : parents, éducateurs, agents de santé, gouvernement devront chacun jouer un rôle dans la promotion d’une vie sans tabac. Dans cette perspective, nous admettons avec Slama et al. [4] que l’effort d’aider les enfants à ne pas commencer à fumer dépend de l’image sociale du tabagisme chez les adultes.
Sans nier l’importance de l’offre de tabac au Burkina Faso, il faut également reconnaître qu’elle ne peut à elle seule induire le tabagisme. En effet, comme le souligne Venisse [12], les conduites addictives, qu’il s’agisse de pharmacodépendance, d’alcoolisme, de tabagisme, de dépendances alimentaires ou autres, touchent un nombre de plus en plus grand d’adolescents ou d’adultes jeunes et témoignent de difficultés dans le processus d’adolescence.
Il ressort de notre enquête que les jeunes fumaient en premier lieu par imitation d’un(e) ami(e). Des constats allant dans le même sens avaient été faits par Sasco et Pobell [13] qui déclaraient alors : « Le meilleur prédicteur du tabagisme d’un élève est le comportement de son meilleur ami à l’égard du tabac ».
Dans le sous-groupe des anciens fumeurs, les raisons citées en premier lieu pour arrêter de fumer étaient surtout l’opposition des parents (27,5 %). Dans une enquête menée en Italie, La Vecchia et al. [14] rapportaient plutôt que la présence de symptômes liés au tabagisme motivait 53,9 % des adolescents à arrêter de fumer.
Des recherches complémentaires sont à l’évidence nécessaire pour dégager les principaux aspects épidémiologiques du tabagisme au Burkina Faso, les facteurs psychologiques, socioculturels, économiques et politiques qui influencent la demande ainsi que les pathologies localement rencontrées et qui sont imputables au tabac.
Conclusion
Les enjeux économiques du tabac ne doivent pas occulter ses conséquences au plan sanitaire.
Bien que ne disposant pas de données précises sur les pathologies liées au tabac au niveau national, nous pensons que la lutte antitabac doit être placée dans l’échelle des priorités sanitaires nationales. Étant donné que la genèse du tabagisme est résumée dans la dialectique de la loi de l’offre et de la demande, les actions devront être multiformes, coordonnées et cohérentes. Sans négliger les stratégies de lutte qui ont déjà fait leurs preuves dans d’autres pays, cette lutte doit prendre en compte les spécificités socioculturelles nationales dégagées à partir de recherches appropriées.
En tout état de cause, une volonté politique s’avère comme un préalable indispensable.
Remerciements
Cette recherche a bénéficié du soutien financier de l’OMS.
Références
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Auteurs : A. Ouédraogo, T.L. Ouédraogo, D.E. Ouoba, J.P. Sawadogo, Département de médecine et spécialités médicales, Faculté des sciences de la santé, 03 BP 7177 Ouagadougou, Burkina Faso.
Cahiers d’études et de recherches francophones / Santé. Volume 10, Numéro 3, 177-81, Mai - Juin 2000, Études originales