– Les conséquences multiples du tabagisme sur la fertilité
La consommation de tabac a été « expérimentée » par la quasi-totalité des jeunes. Ses conséquences sur la reproduction sont multiples, notamment diminution de la fertilité des femmes et du pouvoir fécondant chez les hommes.
Le tabac est, après l’alcool, l’un des psychotropes le plus consommés en France. Les toxiques comportementaux sont définis en fonction de leurs effets sur le cerveau. Il est classique d’en distinguer trois catégories : les stimulants, les hallucinogènes et les dépresseurs. Les psychotropes sont habituellement consommés pour lutter contre l’angoisse, améliorer ses performances, résoudre des difficultés comportementales ou tout simplement à titre récréatif. Une enquête sur la santé et les consommations lors de l’appel de préparation à la journée de défense a été mise en place par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies en 2000, avec la collaboration et le soutien logistique de la Direction centrale du service national. Cette enquête a considérablement contribué à améliorer les connaissances sur les consommations de substances psychoactives par les jeunes Français. La méthode employée consiste à interroger régulièrement, lors de leur journée d’appel de préparation à la défense, un échantillon représentatif des jeunes de 17 et 18 ans sur leurs usages d’alcool, de tabac, de médicaments psychotropes et de drogues illicites. Cette enquête constitue ainsi un baromètre de ces comportements. La version 2002-2003 de ce travail a porté sur 21 151 jeunes.
Le tabagisme commence très tôt
Selon ses résultats, alors que 28 % de la population générale consomme régulièrement du tabac, 93 % des jeunes de 17 à 18 ans ont déjà expérimenté ce produit, la proportion atteignant 78 % pour l’alcool, 53 % pour le cannabis, 26 % pour les médicaments psychotropes et de 1 à 3 % pour les drogues dites dures. Le tabagisme commence souvent très tôt dans la vie, vers 12-13 ans, et augmente jusqu’à 18 ans. Globalement, la consommation de tabac a diminué chez les femmes entre 1986, date à laquelle elles étaient 32 % à fumer, et 2002, où elles sont 25 %. Un arrêt pendant la grossesse est pratiqué par 63 % d’entre elles.
Les résultats des études sur les effets de la consommation du tabac sur la reproduction, en dehors de la grossesse, ne doivent être analysés qu’avec précaution. En effet, ils comportent des biais multiples. Ils concernent la quantification de l’intoxication tabagique, l’existence de facteurs potentialisant les effets du tabac, le caractère multifactoriel de l’infertilité et, enfin, la difficulté liée au nombre élevé de substances que contient la fumée.
Le tabagisme est associé à une diminution de la fertilité chez la femme. Cette diminution varie de 15 à 40 % suivant les études. Le délai de conception est augmenté de six à douze mois (1).
Une infertilité, des causes multiples
Ces risques seraient proportionnels à la consommation de tabac et réversibles à l’arrêt de l’intoxication. Pendant la grossesse, le risque de fausse couche serait augmenté en raison d’une altération de la fonction lutéale, selon certains auteurs. Enfin, la ménopause est plus précoce de deux ans en moyenne chez les fumeuses et la prévalence de la défaillance ovarienne prématurée est plus importante (1).
Les données issues de l’assistance médicale à la procréation évoquent une diminution du nombre des ovocytes, du taux d’implantation et du taux de grossesses en cas de consommation tabagique. Les ovocytes seraient altérés. Enfin, le tabac pourrait également avoir des conséquences sur les capacités de reproduction des enfants issus de mère fumeuse (1).
Chez les hommes, une diminution du pouvoir fécondant a été constatée. Les travaux portant sur ce point évoquent une tendance à l’oligospermie, une diminution de la vitalité des spermatozoïdes et une altération de leur morphologie (1).
Lorsque le père est fumeur avant la conception, les données de la littérature mettent en évidence une augmentation des anomalies de la morphologie des embryons, une augmentation du nombre de fausses couches et l’apparition de certains cancers, notamment les leucémies, les lymphomes et les tumeurs cérébrales chez les enfants jusqu’à 5 ans (1).
Bibliographie
De Mouzon J (Inserm U569, Le Kremlin-Bicêtre), Sépaniak S (centre d’assistance médicale à la procréation, maternité régionale et universitaire A.-Pinard, Nancy). Revue de la littérature, 37e Journée thématique de la Société française pour l’étude de la fertilité, 18 mai 2006.
Dr Gérard Bruneau, le Quotidien du médecin paru le 02/01/2007
Info transmise par Marie-Paule Herb (F-66)