– Passer du tabagisme au vapotage n’est pas la solution miracle (08/03/2019)
Passer du tabagisme au vapotage ne diminue pas le taux de dépression et d’anxiété, ni les risques cardiovasculaires : c’est ce que suggère une étude du Collège américain de cardiologie.
Michel Detilleux, médecin interniste et tabacologue, décrypte ces résultats.
À partir du 16 mars 2019, le Collège américain de cardiologie organise sa 68e session scientifique annuelle, lors de laquelle sera présentée une nouvelle étude sur les conséquences du vapotage.
L’association médicale a déjà publié un article préliminaire sur son site, dans lequel elle révèle que les vapoteurs souffrent plus souvent de maladies cardiaques que les non-vapoteurs, sans non plus établir de lien de cause à effet.
Elle stipule que le taux de crises cardiaques est supérieur de 34 % chez les vapoteurs comparé à celui des non-vapoteurs, que celui des maladies artérielles est lui plus élevé de 25 %, et celui de la dépression et de l’anxiété de 55 %.
« Il y a encore trop peu de recul sur la cigarette électronique pour pouvoir avoir des certitudes sur son réel impact sur la santé », rappelle Michel Detilleux, médecin interniste (spécialiste qui s’intéresse aux pathologies diffuses et/ou à celles dont le diagnostic est difficile à établir, Ndlr) et tabacologue à l’hôpital Cochin, à Paris. Il n’est pourtant pas surpris par ces résultats.
« Quelqu’un qui a arrêté de fumer du tabac mais qui continue de vapoter s’est certes débarrassé des substances nocives de la cigarette, mais il ne peut pas se considérer comme abstinent pour autant. Avec le vapotage, les effets psychoactifs qui donnent cette sensation de plaisir au cerveau sont toujours là. Et avec lui, des effets comme la dépression et l’anxiété. »
Logique, donc, que plus de la moitié des sujets interrogés y aient été sujets.
Un taux de crises cardiaques lié à une consommation résiduelle de tabac
Pour lui, le taux élevé de crises cardiaques observé chez ces sujets n’est pas forcément lié au vapotage même, mais à une autre habitude : « Souvent, le vapotage est utilisé comme un moyen non de substitution, mais de diminution de la cigarette. Or, on sait maintenant que si la quantité de tabac fumé influe sur les maladies broncho-pulmonaires, ce n’est pas le cas des maladies cardio-vasculaires. Pour ces dernières, c’est la durée de la période où l’individu fume qui compte ».
Autrement dit, quelqu’un qui est passé de quinze à deux cigarettes par jour mais continue de fumer quotidiennement va diminuer ses risques de cancer du poumon, mais pas de crise cardiaque. Et donc, un vapoteur qui continue de fumer du tabac, même en ayant diminué sa consommation, est toujours exposé aux mêmes risques cardio-vasculaires.
Les détails de cette étude sont intéressants à suivre pour Michel Detilleux, mais on ne pourra pas en tirer de conclusions. « Cette étude est surtout utile pour nous aider à nous poser des questions sur le vapotage. »
L’interniste et tabacologue regrette : « Elle ne répond pas à une question primordiale : est-ce que le vapotage exclusif, régulier, dès un jeune âge nuit ? Car c’est quelque chose qui arrive souvent. Des jeunes qui n’ont jamais fumé de tabac avant se mettent à vapoter ».
Si les spécialistes s’accordent actuellement pour dire que la cigarette électronique est bien moins nocive que le tabac, passer de non-fumeur à vapoteur n’est pas sans risques. La nature de ces derniers reste encore à définir.
Par Mandi Heshmati Ouest France 08/03/2019
https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/data/45626/reader/reader.html?t=1552065202524#!preferred/1/package/45626/pub/66118/page/10