– C’est la « loi mohawk »
Les cigarettes Native vendues dans les « cabanes » de Kahnawake sont bien visibles.
Les Mohawks de Kahnawake et Kanesatake se fichent éperdument de la nouvelle interdiction provinciale de laisser à la vue les cigarettes dans leur commerce, a constaté hier le Journal. Une tournée éclair de « Cabanes » de ces deux territoires amérindiens où les produits du tabac sont abondamment vendus a permis de constater que cette loi qui entrait hier en vigueur ne semble pas pour les Mohawks.
« Je n’ai jamais entendu parler de cela », a lancé la première employée interrogée, dans un commerce situé aux abords de la 132, à Kahnawake.
Les Peacekeepers s’en mêlent
La dame n’a visiblement pas apprécié être questionnée à ce sujet. Moins de cinq minutes plus tard, un Peacekeeper (policier Mohawk) disant répondre à une plainte pour harcèlement débarquait sur les lieux. Après un bref interrogatoire où on nous a subtilement invités à quitter l’endroit, nous avons pu poursuivre notre reportage.
À deux pas de là, dans un autre établissement où les cigarettes Native sont bien visibles, la commis nous a répondu que la loi ne s’appliquait pas aux Premières Nations. « Comme vous pouvez voir, on ne suit pas cette interdiction, ce n’est pas pour nous », a lancé la femme.
Dans le troisième dépôt visité, la commerçante a affirmé connaître la législation maintenant en vigueur. Si ses cigarettes sont exposées aux yeux de tous, c’est pour une raison pratique, a-t-elle argué. « On n’est pas dans un dépanneur, on ne vend que cette marchandise. S’il fallait ouvrir des tablettes à chaque fois, ce serait beaucoup trop long ».
Du pareil au même
Même son de cloche du côté de Kanesatake où les articles de fumeur sont tout, sauf inaccessibles. « J’ai entendu parler de la loi, mais je suis complètement indifférente, a dit une employée. Si quelqu’un fume déjà, ce n’est pas un panneau de tôle qui va le faire changer d’idée ».
Quelques rues plus loin, à Oka, la position des Mohawks à ce sujet provoque des réactions partagées dans les dépanneurs qui se plient à la nouvelle réglementation. « Ils vont sûrement vendre plus que nous », s’est inquiétée une commis du dépanneur 7 jours.
Gérante d’un commerce avoisinant, Marie a affirmé ne pas être surprise de l’attitude de ses voisins amérindiens. « Ils font ce qu’ils veulent, ça a toujours été comme ça, a-t-elle dit. Ça fait tellement longtemps qu’ils vendent, la loi ne changera rien ».
Jean-Michel Nahas, Le Journal de Montréal, 01/06/2008
http://www2.canoe.com/infos/quebeccanada/archives/2008/06/20080601-064200.html