– L’efficacité de l’e-cigarette pour l’arrêt du tabagisme remise en cause (07/05/2015)
Le tabac tue la moitié de ses consommateurs, soit près de 6 millions de personnes chaque année dans le monde. Alors pour arrêter de fumer, tous les moyens sont bons : substituts nicotiniques (patchs, gommes, comprimés, inhalateurs), traitements médicamenteux, thérapies comportementales et cognitives ou encore médecines non conventionnelles. « Et la cigarette électronique ? » diront certains. Les 16 experts de l’US Preventive Service Task Force (USPSTF), un groupe de travail américain sur la prévention en santé publique, leur répondront que rien ne permet d’affirmer que ce dispositif est efficace lors d’un sevrage tabagique.
Recommandations américaines
Pour en arriver à cette conclusion, les experts ont analysé les résultats de plus de 50 études sur l’efficacité des différentes méthodes pour arrêter de fumer. Ils en ont réalisé la synthèse sous la forme de recommandations publiées il y a quelques jours et destinées aux professionnels de la santé. Les scientifiques y soulignent l’absence de preuves sur les effets de l’e-cigarette et ne recommandent pas son usage. « Dans une étude randomisée, les patients sont répartis au hasard en deux groupes rigoureusement semblables, avec pour seule différence l’usage de la cigarette électronique par l’un des deux groupes. Cela permet de démontrer l’existence d’un lien de causalité entre l’utilisation de la cigarette électronique et le sevrage tabagique ».
Selon eux, seules deux solutions sont efficaces pour s’affranchir de cette addiction :
– La première est la prise médicamenteuse : avec la varénicline (molécule commercialisée sous le nom de Chantix ou Champix), le bupropion (un antidépresseur appelé Zyban) ou les substituts nicotiniques.
– La deuxième, des thérapies cognitivo-comportementales. Ces dernières sont particulièrement conseillées aux femmes enceintes pour éviter des éventuels effets des médicaments sur le développement du fœtus.
Côté français
L’Office français de prévention du tabagisme* (OFT) a observé que le succès commercial de l’e-cigarette coïncide avec une baisse des ventes de cigarettes (- 7,6 % fin 2013) et une baisse du recours aux méthodes classiques pour l’arrêt du tabac (-18 % pour les patchs). Dans un avis rendu l’année dernière, l’OFT affirme d’ailleurs que « la cigarette électronique présente beaucoup moins de danger que les cigarettes traditionnelles » et que « quitter le tabac fumé pour la cigarette électronique pourra entraîner une réduction de risque bénéfique à la santé ».
Depuis 2014, la Haute Autorité de Santé recommande également de ne pas décourager l’utilisation de la cigarette électronique chez les personnes qui souhaitent se débarrasser de leur dépendance.
En dépit de la prudence des autorités publiques, l’e-cigarette est envisagée comme une alternative au tabac par de nombreux fumeurs. Ainsi, une enquête menée auprès de 15 000 personnes en 2014 par l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé a montré que plus de 80 % des vapoteurs affirment que la cigarette électronique leur a permis de réduire leur consommation de tabac. Consommation qui diminue en moyenne de près de 9 cigarettes par jour.
http://sante.lefigaro.fr/actualite/2015/05/07/23693-etats-unis-cigarette-ecartee-lutte-anti-tabac
Cécile Thibert www.lefigaro.fr 07/05/2015
* L’OFT à déposé son bilan depuis la sortie de cet article. (Ndlr)