Suisse - La clope (e-cigarette) contre-attaque (11/09/2008)


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 La clope (e-cigarette) contre-attaque (11/09/2008)

Électroniques, en sachet ou en tube, de nouvelles cigarettes s’adaptent au climat antitabac. Un coup de markéting pour redorer le blason des cigarettiers.
Elle a presque tout d’une clope. Une tige blanche, un embout beige et une extrémité qui rougit. La cigarette électronique (e-cigarette), c’est le symbole en plastique d’un marché qui émerge. L’interdiction de fumer dans les lieux publics – en votation le 30 novembre dans le canton de Vaud – s’étend en Europe et a poussé les producteurs à redoubler de créativité.
A côté des « clopes » traditionnelles, ils élaborent des technologies pour limiter la fumée passive ou réhabilitent l’ancestral tabac à sucer. Leur but ? Satisfaire les fumeurs tout en préservant leur entourage. Un moyen surtout de conserver leurs clients et d’améliorer leur image avec des produits étiquetés moins dangereux.
Parmi ces nouveautés, c’est l’e-cigarette qui suscite le plus d’enthousiasme. Ses producteurs, pour la plupart des groupes asiatiques inconnus, se vantent d’avoir recréé le plaisir du tabac sans ses risques : le fumeur aspire une vapeur d’eau mêlée à des arômes et de la nicotine. Exit le risque de cancer du poumon, prétendent-ils. En France, le flou juridique qui l’entoure permet même de l’utiliser dans les lieux non-fumeurs.

Une supercherie
Les majors de l’industrie du tabac ne sont pas en reste. Philip Morris a lancé le heatbar, un embout à placer sur une cigarette, qui réduit drastiquement la fumée passive. Quant à British American Tobacco (BAT), il tente de réhabiliter le snus, tabac suédois à placer sous la gencive. Pour les spécialistes de la santé, cet afflux de nouveautés est une supercherie : « La cigarette électronique et le snus ne sont que des ersatz, explique Jacques Cornuz, médecin-chef à la Policlinique médicale universitaire de Lausanne. Ces produits permettent au consommateur de supporter momentanément les interdictions, afin qu’il ne prenne pas la décision d’arrêter de fumer ».
Quant au heatbar, il n’enthousiasme pas davantage le tabacologue, au contraire : un fumeur qui ne met pas en danger la santé de ses proches aura moins de raisons d’arrêter. Ainsi, le heatbar court-circuite la mission du tabacologue.

Travestir la nocivité
Benoît Rossignol, le créateur de la marque Fred (sans additifs) est tout aussi sévère face à l’évolution actuelle. « Derrière ces produits, le message est clair : vous ne pouvez pas arrêter de fumer, alors utilisez-les lorsque c’est interdit.
Les grands cigarettiers maintiennent le client dans une dépendance psychologique », explique cet ancien employé de Philip Morris. Dans le heatbar, il décèle une stratégie qui ne manque pas de cynisme. « C’est clairement une action de relations publiques, dénonce-t-il. Chez Philip Morris, on ne croit pas au succès de ce produit, il ne sert qu’à leur image ». Pour l’indépendant, les multinationales tentent de travestir la nocivité des cigarettes.
Il évoque ces publicités d’Europe de l’Est où un ingénieur présente un filtre qui semble stopper les substances toxiques.
Ou la clope ultrafine Nanotec, dont le paquet est un clone de l’emballage de l’iPod. En découvrant la Kool Boost de BAT, Benoît Rossignol s’exclame : « C’est un gimmick, l’équivalent d’un alcopop ! Les producteurs refusent d’admettre que c’est une clope et en font un gadget, qui séduira les jeunes ».
Pour le père des Fred, cette complexification de la cigarette enterre le plaisir du vrai tabac. L’industrie n’arriverait plus à l’assumer, car il est associé au cancer. « Cette évolution est dictée par les valeurs des non-fumeurs ! ».
Des cigarettes inoffensives ? La possibilité de jongler entre les néocigarettes pose un autre problème. « Chaque fois que l’industrie du tabac a proposé des nouveautés soi-disant moins nocives, elles se sont révélées plus dangereuses encore », s’emporte Verena El Fehri. La directrice de l’Association suisse pour la prévention du tabagisme (AT) fait référence à l’apparition des cigarettes dites « light » : elles exigent d’aspirer plus profondément et entraînent un cancer des poumons plus grave que celui causé par les produits traditionnels.
Aujourd’hui, c’est surtout la cigarette électronique qui pose problème. L’Agence française de sécurité sanitaire (AFSSAPS) a recommandé la plus grande prudence. Son expertise a révélé la présence de propylène glycol qui peut entraîner « des effets neurologiques comparables à l’état d’ébriété ». De plus, tirer sur une clope électronique pendant la grossesse et l’allaitement s’avère risqué pour l’enfant. Les épileptiques sont également vulnérables à ses substances chimiques.
La Suisse ne badine pas. En Suisse, l’e-cigarette est interdite de vente. Elle tombe sous le coup de la loi sur les denrées alimentaires et, tant qu’aucune étude scientifique n’aura été menée, l’OFSP n’autorisera pas sa mise sur le marché. Quant à dire qu’elle permettrait d’arrêter de fumer, rien n’a été prouvé : l’argument est purement markéting. Aucune demande d’autorisation n’a été présentée à Swissmedic qui ne la considère pas comme un produit thérapeutique, mais de plaisir.
Malgré son existence ancestrale, le snus n’est pas moins problématique. En 1992, le tabac à sucer a été banni de l’Union européenne, comme de Suisse. Depuis, la Suède est un îlot où la tradition nationale a prévalu sur la loi européenne. BAT tente depuis quelques années de le réhabiliter, en assurant qu’il réduit de 90 % les risques liés à la cigarette. Mais ce lobbying a peu de chances d’aboutir. « C’est un produit cancérigène, s’exclame le docteur Jacques Cornuz, qui double le risque de cancer du pancréas ! ». D’ailleurs, à l’OFSP, on assure que la Suisse ne s’aventurerait pas à lever l’interdit avant l’UE.
Peu importent les législations : à l’heure de l’internet, le fumeur suisse peut mettre la main sur toutes les clopes qui le titillent. Mais si ces produits allègent les consciences, ils ne changent pas la donne. Fumer tue. Et tant qu’à faire, autant savourer du vrai tabac que des parodies toutes de plastique et de chimie.

Tasha Rumley L’Hebdo (Suisse) 11/09/2008
http://www.hebdo.ch/Edition/2008-37/Actuels/societe/la_clope_contreattaque.htm


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