Tunisie - Le phénomène « narguilé ou chicha » (30/05/2006)


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 Le phénomène « narguilé ou chicha » (30/05/2006)

S’il y a une forme tabagique qui a su concilier mode et tradition, c’est bien le narguilé ou pipe à eau.
La consommation de narguilé intéressant environ 15 % des tabagiques au milieu des années 80, se situerait actuellement aux alentours de 30 %.
Aujourd’hui, cette progression est la traduction d’un phénomène social « dangereux », qui accompagne, certes, l’épidémie tabagique, mais qui colle bien à notre pays partout où les traditions sont fortes. Il s’agit d’un mode très classique et ancien de fumer le tabac et qui connaît depuis une vingtaine d’années une progression phénoménale dans notre pays, envahissant nos foyers, nos avenues, nos cafés… nos esprits…
L’idée de l’innocuité du narguilé est très répandue car selon ses adeptes, le passage du tabac dans l’eau le purifie et « diminue » (sinon supprime) sa toxicité. Une étude faite par l’équipe de l’Ariana dans les années quatre-vingt a analysé l’eau et la fumée inhalée par les « narguileurs », les résultats sont alarmants :
 La principale caractéristique de la fumée du narguilé est sa richesse en CO. Le taux en CO étant supérieur au taux dégagé par la fumée de cigarette.
Cette richesse particulière en CO a plusieurs raisons :
- La richesse du tabac à narguilé en glucides, dont la combustion rapide et incomplète dégage du CO ;
 La combustion du miel « moassel », associée à la pulpe de fruit, libère des hydrates de carbone ;
- La braise ou la pastille ne sont que du carbone.
Une étude fonctionnelle comparative narguilé-cigarette de l’équipe de l’Ariana, la première à être faite, a conclu à l’existence d’atteintes ventilatoires aiguës sur les petites voies aériennes provoquées par la narguilé, comparables à celles observées chez les gros fumeurs de cigarettes. Il a été constaté aussi une baisse de la pression partielle en oxygène plus significative chez les fumeurs de narguilé en rapport avec la forte teneur du sang artériel en carboxyhémoglobine (HbCO) à l’origine d’une morbidité cardio-vasculaire bien connue. Le CO est le gaz le plus toxique pour nos artères et représente le facteur le plus important dans la genèse de l’athérosclérose.
Le narguilé comporte un risque infectieux par le bouche-à-bouche, puisque nous avons identifié depuis quelques années la possibilité de transmission de maladies infectieuses virales et bactériennes comme la tuberculose.
Il est à rappeler que l’usage du narguilé expose lui aussi aux effets du tabagisme passif de façon importante, plus particulièrement au niveau des espaces non ventilés et admet comme cible fragile les enfants en bas âge et les sujets âgés. Pour une certaine catégorie de fumeurs, ils doivent cesser de croire qu’ils sont à l’abri des toxiques tabagiques quand ils choisissent leur mode tabagique.

Dr Elyès Hassine (Pneumologue tabacologue) La Presse de Tunisie
Journée mondiale sans tabac — Contribution, 30/05/2006
http://www.lapresse.tn/index.php?opt=15&categ=3&news=28670


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