France - Le sevrage tabagique est plus difficile pour les fumeurs pauvres (06/06/2011)


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 Le sevrage tabagique est plus difficile pour les fumeurs pauvres (06/06/2011)

Toutes les catégories sociales ne sont pas égales face à la cigarette et à l’arrêt du tabac. Les explications de Patrick Peretti-Watel*, sociologue à l’Inserm.

La consommation de tabac varie-t-elle en fonction de la classe sociale ?
Il y a 10 ans, la proportion de fumeurs était quasiment la même dans toutes les classes sociales. En 2000, on comptait 36 % de fumeurs chez les cadres et 45 % chez les ouvriers. Cinq ans plus tard, ils étaient 29 % chez les cadres, 43 % chez les ouvriers. Les chiffres sont encore plus marquants pour la catégorie des chômeurs, où le nombre de fumeurs est passé de 45 à 50 % en une demi-décennie.
D’après ces évolutions, la réussite de l’arrêt tabagique est plus prononcée chez les cadres supérieurs que chez les ouvriers ou les « fumeurs pauvres ». Le niveau social est donc déterminant sur la consommation de tabac et sur les comportements d’arrêt. Les campagnes de lutte contre le tabagisme n’ont donc pas les mêmes effets sur les catégories sociales.

Vous parlez de « fumeur pauvre ». Qui se cache derrière ce terme ?
L’utilisation du mot « pauvre » est très subjective. Pour notre étude, nous avons pris la définition sociologique de Georg Simmel : ceux qui reçoivent une aide matérielle de la collectivité.
Les personnes qui ont de faibles salaires ou peu - voire pas -de diplômes adhèrent moins facilement aux messages de prévention que les catégories plus aisées. Nos entretiens ont également mis en évidence une méfiance envers les autorités, y compris en matière de santé.

Qu’est-ce qui caractérise ces « fumeurs pauvres » ?
Dans les milieux aisés, la cigarette revêt un aspect convivial. Alors que pour les plus « pauvres », c’est un produit de première nécessité qui aide à gérer le stress quotidien. Le rapport à la cigarette est très différent selon les strates sociales.
« L’horizon temporel » change également. Les personnes qui se projettent à long terme n’agissent pas de la même manière que celles qui vivent au jour le jour. Les milieux populaires sont marqués par un fort ancrage dans le présent : la cigarette leur apporte un bénéfice immédiat alors que le dommage sanitaire ne se fait ressentir qu’à plus long terme. La prévention est donc très difficile dans les milieux précaires. Par exemple, une sensibilisation réalisée auprès d’un SDF sur les effets nocifs de la cigarette n’aura aucun impact. Il ne se sentira pas concerné car sa priorité est de trouver à manger et un toit.

Comment sensibiliser ces « précaires » ?
Les campagnes doivent être plus ciblées et passer par des actions locales pour ne pas discriminer les plus démunis. L’INPES (Institut national de prévention et d’éducation pour la santé, ndlr) a mis en place des filières pour former des professionnels de la prévention. Aujourd’hui, cette tache incombe aux médecins, qui ne sont pas nécessairement les mieux placés à cause de la hiérarchie sociale. L’objectif est de comprendre pourquoi une personne fume et de « l’éduquer » pour qu’elle modifie son comportement. Un sevrage tabagique réussi résulte souvent d’un événement positif fort comme, par exemple, un nouvel emploi ou la naissance d’un enfant.

Une forte hausse du prix du tabac pourrait-elle être efficace ?
En cas d’augmentation forte du prix du tabac, trois réactions sont possibles. Certains fumeurs diminuent leur consommation de tabac. D’autres, les petits fumeurs en général, ne changent pas leurs habitudes. Enfin, les plus précaires essayent de réduire la note - sans baisser la quantité de cigarettes - en passant, par exemple, au tabac à rouler ou en « taxant » des cigarettes.
En 2000, 5 % des fumeurs consacraient plus de 20 % de leurs revenus au tabac. En 2005, ce chiffre est passé à 15 %... La hausse du prix du tabac est efficace pour la baisse du nombre de consommateurs. Mais elle participe à la paupérisation d’une partie des fumeurs.

Entretien de Patrick Peretti-Watel, sociologue à l’Inserm, par Julien Van Caeyseele, 06/06/2011
http://www.lexpress.fr/actualite/sciences/sante/le-sevrage-tabagique-est-plus-difficile-pour-les-fumeurs-pauvres_998337.html

*Également titulaire du DIU de tabacologie (Ndlr)

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