– Tabagisme et grossesse : de mauvaises excuses à bannir (25/02/2015)
La nouvelle est alarmante : près de 18 % des femmes enceintes continueraient de fumer jusqu’à la fin de leur grossesse, selon les chiffres publiés mercredi par le ministère des Affaires sociales et de la Santé. Ce qui fait de la France le pays européen le plus mal placé en la matière.
Or fumer pendant sa grossesse fait courir de graves risques à l’enfant, celui-ci disposant de ce fait de moins d’oxygène pour se développer. Cela peut engendrer des retards de croissance et une altération du rythme cardiaque. Mais les futures mères ne savent pas toujours avec quels moyens elles peuvent arrêter de fumer. Plus grave : certaines vivent avec des idées reçues minimisant les risques liés au tabagisme ou donnant de mauvaises solutions pour compenser l’arrêt du tabac. Pour remettre les pendules à l’heure, Conchita Gomez, présidente de l’Association nationale des sage-femmes tabacologues revient sur un certain nombre d’idées reçues et présente des solutions qui vous aideront à dédramatiser cette période difficile qu’entraîne le sevrage.
Deux cigarettes par jour, ça va ?
« Il n’y a pas de stade précis pour dire à partir de quand le fœtus va être affecté. Cela dépend de chaque femme, de ses vulnérabilités, de la façon dont elle fume (si elle tire très fort sur la cigarette ou si elle crapote) et aussi de son hygiène de vie ».
Mieux vaut arrêter progressivement que du jour au lendemain
« Que vous fumiez une cigarette par jour ou quatre, le monoxyde viendra de toute façon se fixer sur le fœtus et provoquera un manque d’oxygène. En revanche, arrêter du jour au lendemain ne présente pas de danger pour le fœtus. Certes, la mère va faire face aux signes du manque, c’est-à-dire le stress, l’anxiété, les tremblements et les troubles digestifs, mais cela n’aura pas de répercussions sur le bébé. Dire "si la mère est stressée, le bébé le sera aussi" est faux. Il est plus facile d’arrêter au tout début de la grossesse. Le climat hormonal du corps est bouleversé et l’appétence pour certaines odeurs, certains aliments et la nicotine peut baisser ».
Le patch de nicotine est nocif pour le fœtus
« Non. Il y a bien plus de composés toxiques dans une cigarette que dans un patch, qui distribue seulement de la nicotine pour pallier le manque. En termes de bénéfices/risques, il vaut mieux mettre un patch que fumer. Le traitement coûte environ 50 euros par mois et le ministère rembourse 150 euros pour la mère durant la durée de la grossesse et 50 euros pour le conjoint. Il existe aussi les microtabs, les gommes à mâcher, les inhaleurs de nicotine ».
Attention ! L’étude conduite par Ivan Berlin en 2013 montre que les patches ne sont pas efficaces pour les femmes enceintes. D’autre part, la conférence de consensus de 1998 préconise les TCC en première ligne. De plus, l’utilisation des patches augmente le risque de mort subite du nourrisson (Ndlr).
Tabac ou cigarette électronique, c’est pareil
« Le premier conseil reste, bien sûr, d’éviter la cigarette. Mais entre une manufacturée et une électronique, il vaut mieux choisir la deuxième. À condition néanmoins de bien lire la notice et de vérifier que la cartouche ne contient que de la nicotine ».
Une femme qui fume ne peut pas allaiter
« Beaucoup de femmes pensent en effet que le tabac altère la qualité du lait et choisissent donc le biberon. C’est faux. Le lait maternel est plein d’anticorps, il est bien meilleur que le lait en poudre, même chez une fumeuse ».
Par Lucile Quillet lefigaro.fr 25/02/2015
http://madame.lefigaro.fr/societe/pourquoi-fumer-pendant-la-grossesse-est-nocif-pour-le-bebe-250215-94857?a1=DOL-1506119&a3=77-4120890&a4=DOL-1506119-77-4120890