– Le cannabis renferme des allergènes (12/11/2014)
Les descriptions d’allergie aux drogues et aux stupéfiants sont rares en raison du caractère illicite de leur utilisation. Pourtant, ces dernières années, on assiste à une hausse considérable de l’allergie au cannabis sativa (chanvre indien).
Le cannabis est un terme générique qui désigne toutes les préparations (marijuana, hachich) dérivées de C. sativa (ordre des Rosacées) ; cette famille botanique rassemble plusieurs plantes annuelles originaires d’Asie, mais aussi le houblon.
Il faut bien distinguer les variétés riches en fibres et pauvres en delta9-tétra-hydro-cannabinol (THC) comme le chanvre agricole destiné à l’industrie du textile et du papier, du chanvre indien (C. sativa indica). Celui-ci, riche en résine, est connu pour ses propriétés psychotropes relaxantes et euphorisantes. En effet, les parties de la plante où se concentre le THC peuvent être soit inhalées (fumées ou vaporisées), soit ingérées ou encore mâchées. La marijuana peut renfermer jusqu’à 25 % de THC, le hachich (shit ou tosh) 10 à 30 %, l’huile de hachich 60 à 80 %.
C’est en 1971 que le premier cas d’allergie au C. sativa fut publié. Il y a deux ans, l’allergie au cannabis a été revisitée dans une mise au point de la « Revue française d’allergologie ». Les symptômes peuvent être respiratoires à type de rhino-conjonctivite, associée ou non à un angio-œdème palpébral, ou un asthme pouvant être grave. Les symptômes cutanés peuvent être immédiats à la suite du contact de la plante avec la peau ou les muqueuses (lèvres et paupières) ; des cas de dermatite atopique sont possibles et des anaphylaxies ont été observées après l’ingestion de graines de cannabis ou en buvant du thé de marijuana.
L’exposition au pollen de cannabis peut aussi être à l’origine de symptômes respiratoires ; en France, le Réseau national de surveillance aéro-biologique révèle la présence de ce pollen de fin juillet à la mi-août, principalement à Aix-en-Provence, Grenoble, Macon, Roussillon et Strasbourg, ainsi qu’en octobre à Ajaccio. Un nombre croissant d’allergiques à cette drogue souffrent également d’allergies croisées. Ce syndrome appelé cannabis-fruits/légumes concerne surtout les fruits de la famille des rosacées (pêche, pomme, cerise), la noisette, la tomate et parfois les agrumes comme l’orange et le pamplemousse.
Une sensibilisation au cannabis pourrait également engendrer une réactivité croisée avec des céréales, des boissons alcoolisées (bière et vin), le latex et le tabac. Les allergènes impliqués restent encore peu connus. Le diagnostic repose sur la réalisation de prick-tests. Jusqu’à présent, il n’y a pas de test de dosage d’anticorps IgE spécifiques commercialisé.
D’après les conférences du Dr Didier Ebo (Anvers) et du Dr Françoise Giordano-Labadie (Toulouse) dans le cadre du 9e Congrès francophone d’allergologie.
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Christine Nicolet Le Quotidien du Pharmacien n°3089 28/04/2014