France - Plan cancer 3 : fort sur le dépistage, faible contre le tabac (04/02/2014)


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 Plan cancer 3 : fort sur le dépistage, faible contre le tabac

Le plan mobilisera 1,45 milliard sur cinq ans mais ne donnera pas lieu à une hausse franche et répétée du prix du tabac.
Sans surprise, la prévention est au cœur du plan cancer III. François Hollande l’a annoncé ce 4 février : « Le plan mobilisera près de 1,5 milliard d’euros sur cinq ans dont la moitié sera consacrée au financement de nouvelles mesures ». Parmi celles-ci, la mise en place d’un dépistage organisé du cancer du col de l’utérus, comme c’est déjà le cas pour le cancer colorectal et le cancer du sein. Le dépistage organisé consiste à proposer régulièrement, par courrier, un examen médical adapté au type de cancer recherché, à quelqu’un qui ne se plaint de rien et ne présente pas de symptôme particulier mais qui entre dans la tranche d’âge concernée.
Quand le dépistage est simplement recommandé, à charge pour le médecin de famille de prendre l’initiative de le proposer aux personnes concernées. Ainsi, pour l’instant, le dépistage des lésions précancéreuses et cancéreuses du col de l’utérus est simplement recommandé chez les femmes de 25 à 65 ans. Mais le plan cancer III devrait donc en faire un dépistage organisé.
Toute mesure destinée à faciliter l’engagement individuel dans le dépistage est intéressante, bien sûr, mais l’optimisme affiché par le président semble un peu excessif, si l’on s’en tient à la seule mesure d’une dispense d’avance des frais. La décision individuelle de participer ne se réduit pas à la dimension financière. Le cancer du sein, premier cancer de la femme avec 48 800 nouveaux cas et 11 886 décès en 2011, et le cancer colorectal, troisième cancer le plus fréquent (40 500 nouveaux cas et 16 526 décès annuels tous sexes confondus), auraient mérité mieux.

Un « paradoxe français »
Mais le message le plus décevant du plan cancer III vient du manque de volonté affiché dans la lutte contre le tabagisme. En effet, contre le cancer du poumon, responsable du plus grand nombre de décès chaque année (environ 29 000), les efforts du plan s’avèrent bien timides. Le tabac est pourtant responsable de 80 % de ces cancers.
François Hollande s’est livré à un véritable numéro d’équilibriste. D’une part, en soulignant qu’il y avait « chaque année en France 44 000 décès par cancer liés au tabac », oubliant au passage que les 29 000 décès supplémentaires, certes hors cancer, mais eux aussi imputables au tabac. D’autre part en insistant sur le fait que dans notre pays « le prix du tabac est devenu le plus élevé d’Europe continentale », subtile impasse sur le Royaume-Uni et l’Irlande où le paquet coûte deux à trois euros plus cher qu’en France, au grand bénéfice de la santé publique.
Le président a donc inventé un « paradoxe français » qui voudrait que la France ait « à la fois les prix du tabac les plus forts d’Europe (continentale, NDLR) et la consommation la plus forte d’Europe ». Plutôt qu’un paradoxe, n’aurait-il pas plutôt fallu y voir le révélateur d’une piètre politique antitabac faite de hausses de prix jamais assez brutales pour faire décrocher trop de fumeurs ?
François Hollande n’hésite pas à admettre que l’augmentation du prix du tabac est essentielle pour lutter contre le cancer. « L’expérience nous enseigne que les seules baisses significatives de la consommation - elles ont été rares - se sont produites après des augmentations fortes du prix des cigarettes », explique le président. Pourquoi alors se contenter d’annoncer, du bout des lèvres, que « depuis dix-huit mois, le prix du paquet a augmenté de 80 centimes, soit plus de 12  ? Et de promettre que « ce mouvement se poursuivra mais il sera guidé par un seul impératif : les recettes supplémentaires ne bénéficieront pas à l’État mais abonderont un fonds dédié, destiné à la recherche, à sa prévention et à l’amélioration de sa prise en charge ». N’aurait-il pas été plus simple d’oser reproduire la seule mesure ayant fait décrocher 1,8 million de fumeurs entre 2002 et 2004 : 50 % d’augmentation du prix du paquet de cigarettes ?

D’après Damien Mascret lefigaro.fr 04/02/2014
http://sante.lefigaro.fr/actualite/2014/02/04/21945-plan-cancer-iii-fort-sur-depistage-faible-contre-tabac


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