– Initiation aux TCC
Les 4 et 5 février 2009 le Dr Claude Guillaumin et Fractal ont organisé une formation à l’initiation aux TCC, animée par le Dr Charly Cungi.
Les journées ont été denses et nous avons pu apprécier les qualités pédagogiques du Dr Charly Cungi qui nous fait partager son savoir et nous a communiqué l’envie d’en savoir plus…
J’en retiens immédiatement :
– on ne fera pas des TCC si on n’est pas correctement formé ;
– cette initiation est directement utilisable dans nos consultations si nous prenons la peine de regarder notre façon de travailler ;
– il est important de connaitre nos limites de compétences et de ne pas les dépasser.
Je vous propose quelques extraits de la formation, facilement transposables dans nos consultations de tabacologie.
Les composantes relationnelles du premier contact entre médecin et fumeur doivent laisser la place à un rapport collaboratif indispensable pour amorcer un travail thérapeutique.
Ce rapport collaboratif prend deux aspects :
• sa dimension affective,
• sa dimension professionnelle.
1. La dimension affective
Le tabacologue doit engager une relation empathique, authentique et chaleureuse.
Il doit percevoir le vécu du fumeur en explorant son mode de vie, comprendre ses difficultés et faire ressentir au patient qu’il a compris ce qu’il vivait.
Il doit être à l’aise avec ses propres émotions, ses pensées, ses sentiments, et en particulier avec son propre malaise et également à l’aise avec le fumeur et sa situation clinique. Enfin il doit trouver le fumeur sympathique.
2. La dimension professionnelle
Le tabacologue doit avoir un statut et des compétences. La mise en place du rapport collaboratif est une étape indispensable.
Les techniques d’entretien : les quatre R
• Recontextualiser : c’est parler d’une chose précise dans son contexte.
On ne pose pas de question pour comprendre mais on cherche à faire préciser certains événements, ce qui oblige le fumeur à réfléchir à ses propres difficultés.
• Reformuler : on peut répéter les mots du fumeur.
On peut préciser les termes.
On peut formuler une hypothèse sous forme de question
• Résumer : cela permet de faire le point, d’obtenir un « feed-back » du fumeur, de faire la récolte, de faire un résumé.
À faire si le tabacologue ne sait pas quoi dire, à faire à chaque fin de séance.
Pendant un résumé on peut observer le fumeur : il « regarde son problème » on augmente sa contemplation.
• Renforcer : plus délicat à utiliser, le meilleur renforçateur est la reconnaissance immédiate et sans nuance de la souffrance du fumeur ou de l’importance de son problème.
Ne pas oublier :
• c’est le vécu du fumeur qui nourrit la consultation ;
• c’est le fumeur qui commande la thérapie ;
• c’est le tabacologue qui pilote la thérapie ;
• ne pas faire dire au fumeur ce que l’on souhaite entendre !
• éviter les résistances* et les réactances* ;
• éviter de renforcer sans savoir ce que l’on renforce ;
• éviter les « dentelles verbales » ;
• éviter le piège de l’expert ;
• éviter de débattre ;
• éviter le questionnement médical ;
• éviter de travailler à la place du fumeur ;
• ne pas minimiser un problème réaliste ;
* La réactance est une opposition marquée au processus thérapeutique.
* La résistance est une opposition plus subtile mais qui aboutit aux mêmes résultats que la réactance.
Ces quelques éléments nous aiderons dans notre pratique en tabacologie, plutôt que de pratiquer un questionnement administratif : vous fumez quoi ? Combien ? Depuis quand ?...il est plus pertinent de dire « vous venez pour ? » il faut observer ce que le fumeur nous dit.
Exemple :
Fumeur : « je viens pour arrêter de fumer… je fume depuis très longtemps… j’ai essayé d’arrêter plusieurs fois…. »
Tabacologue : « parlez-moi de votre dernier arrêt » Recontextualiser
Fumeur : « c’est difficile d’arrêter surtout au travail car je dois sortir dans la cour et mon patron m’a fait des remarques et au boulot c’est pas le moment de se faire mal voir ».
Tabacologue : « c’est difficile au travail ? » Reformuler
Fumeur : « oui si je ne fume pas je suis très nerveux »
Tabacologue : « vous fumez depuis longtemps, vous avez des difficultés au travail, si vous ne fumez pas vous êtes nerveux » Résumer
Fumeur : « c’est exactement cela »
Tabacologue : « si votre patron vous laissait tranquille… »
Fumeur : « oh, je ne serais peut-être pas venu pour arrêter »
Tabacologue : « si vous arriviez à arrêter ce serait plus facile au travail » Renforcer
Fumeur : « oui ce serait plus facile au travail.. »
Tabacologue : « c’est difficile dans votre entreprise ? » Reformulation
Fumeur : « on parle de licenciement… »
Tabacologue : « si vous arrêtiez de fumer vous ne vous feriez plus remarquer au boulot » Résumer
Fumeur : « oui je ne veux pas être viré »
Dans ce dialogue imaginaire on note que le fumeur est contemplatif pour ses problèmes de travail mais pré-contemplatif pour son tabagisme. Il a envie de garder son travail c’est sa priorité. Nous voyons bien qu’il ne faut pas se précipiter pour lui proposer des patchs …
Il y a un travail de maturation pour l’amener à un stade contemplatif de son tabagisme : « oui si j’arrêtais de fumer, ce serait bien pour moi ».
Cela peut sembler évident mais il est important de le rappeler : nous ne devons pas prendre nos désirs pour des réalités, tous les fumeurs qui viennent en consultation de tabacologie ne sont pas au stade d’action du cycle de Prochaska.
Si le tabacologue avait répondu à la première phrase par « j’ai un bon médicament pour vous » la réponse aurait certainement été « je ne veux pas de cachet ! » Réactance
ou « vous pensez que j’en suis là ? » Résistance
Je ne résumerais pas la formation du Dr Cungy à ces quelques lignes, si vous avez envie d’en savoir plus il y aura d’autres enseignements organisés.
Vous pouvez aussi lire les ouvrages du Dr Cungy aux éditions RETZ.
Dr Dominique Walter (F59 Lille) le 10/02/2009