– États-Unis - Le tabagisme favorise la survenue d’un syndrome prémenstruel ? (15/10/2008)
Le syndrome prémenstruel (SPM) affecte de façon modérée à sévère 20 % des femmes avant la ménopause, ce qui en fait une des affections les plus communes dans cette population.
Plusieurs études épidémiologiques suggèrent que les femmes atteintes de SPM sont plus souvent fumeuses que les autres, mais sans toujours préciser si le tabagisme favorise la survenue d’un syndrome prémenstruel ou si les femmes souffrant de cette affection trouvent avec le tabac une forme de soulagement à leur syndrome douloureux.
D’où l’idée de cette étude cas-témoins qui a été réalisée dans le cadre de l’étude prospective américaine Nurses’ Health Study II, une cohorte de 116 678 infirmières âgées de 25 à 42 ans au moment où elles ont répondu, en 1989, à un premier questionnaire. D’autres questionnaires leur ont été envoyés par la suite, les interrogeant à chaque fois sur leurs habitudes de vie, leur consommation tabagique et la survenue éventuelle d’un SPM, le diagnostic devant avoir été posé par un médecin.
Les résultats montrent une forte association entre le tabagisme et la survenue d’un SPM.
Ainsi, les fumeuses présentaient 2,1 fois plus de risques de développer un SPM que les femmes n’ayant jamais fumé, et ce risque restait présent chez les anciennes fumeuses (risque multiplié par 1,8 chez les femmes ayant fumé plus de 25 cigarettes/jour). En outre, plus le tabagisme était précoce, plus l’association était forte ; en effet, les femmes ayant fumé avant l’âge de 15 ans multipliaient par un facteur 2,5 leur risque de développer un SPM, par rapport aux non-fumeuses.
Plusieurs hypothèses pourraient expliquer la relation entre tabac et SPM, notamment l’impact du tabagisme sur les taux d’hormones sexuelles circulantes : estrogènes, progestérone, mais aussi testostérone, et plusieurs études corroborent cette hypothèse en faisant état de cycles menstruels perturbés chez les fumeuses.
Enfin, la vitamine D, dont la quantité plasmatique diminue chez la fumeuse, pourrait également entrer en jeu.
Ces résultats peuvent être utiles pour convaincre les jeunes femmes, une population qui fume encore trop, et chez qui les risques de cancer peuvent paraître trop lointains pour s’avérer décisifs.
Bertone-Johnson E. et al. Cigarette smoking and the development of premenstrual syndrome. Am J Epidemiol 2008 ;168:938-45. 15/10/2008
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