– La nouvelle loi anti tabac 2012 (18/01/2012)
Entretien avec le Président de l’ONG de lutte anti-tabac IECT
Le tabac constitue la principale cause de décès évitable selon l’Organisation mondiale de la Santé. Au Bénin, où le nombre de fumeurs n’est pas négligeable, des organisations non gouvernementales se sont engagées dans la lutte anti-tabac en vue de décourager sa consommation qui nuit gravement à la santé. C’est le cas de l’ONG Initiative pour l’Éducation et le Contrôle du tabagisme (IECT) dont son président, Augustin Faton, nous parle dans ce cet entretien de la loi anti tabac du Bénin et des activités de son organisation.
L’IECT est créée en 2009 et a pour objectif d’accompagner l’État Béninois dans sa politique d’éducation et de lutte anti tabac.
Quelles sont les faiblesses de la loi anti tabac du Bénin ?
La loi anti tabac du Bénin a le mérite d’être l’une des toutes premières dispositions réglementaires prises en Afrique à la suite de l’entrée en vigueur de la Convention Cadre de l’OMS pour la Lutte Anti Tabac (CCLAT).
La CCLAT est entrée en vigueur en 2005 et la loi anti tabac du Bénin est promulguée en 2006. Aujourd’hui, la lutte anti tabac a évolué au niveau international avec le développement des lignes directrices pour l’application de certains articles clés de la CCLAT. Il faudra aussi ajouter que la mise en œuvre de cette convention au niveau international a fait émerger les bonnes pratiques que le Bénin ne peut négliger.
De plus, l’objectif de la révision d’une loi anti tabac est de protéger les générations présentes et futures des effets dévastateurs de la consommation du tabac et l’exposition à la fumée du tabac.
Il faut non seulement protéger la jeunesse qui est une proie facile pour les compagnies de tabac, mais aussi protéger les non fumeurs car la fumée secondaire du tabac est aussi nocive que la fumée primaire.
Une bonne loi pose les principes et crée un cadre favorable à la définition des politiques de l’État et offre une grande flexibilité pour l’adaptation des pouvoirs publics à l’évolution. La réalité étant que tout est dynamique, notre loi ne répond plus aux exigences et mérite d’être révisée. Je crois que les pouvoirs publics l’ont compris et, en particulier, le Ministère de la Santé en déclenchant depuis 2009 le processus de révision de cette loi.
Nous avons aujourd’hui un nouveau texte de loi qui répond bien aux recommandations de la CCLAT et de ses lignes directrices. Le rôle de chaque acteur est de faire évoluer le processus pour que le texte soit adopté par la commission de codification et adopté en conseil des Ministres. Nous allons déjà attirer l’attention de nos députés sur le fait que cette loi est salvatrice pour les béninois.
On ne le dira jamais assez, la consommation du tabac ne rime pas avec la paix sociale. Elle détruit les revenus de nos populations, rend malade et tue. La consommation de tabac hypothèque l’atteinte des OMD.
À quel niveau se situe sa révision ?
Elle doit être totalement revue dans son esprit et dans ses principes. Ce qui a déjà été fait. Il faut maintenant que le processus évolue pour que nous ayons une nouvelle loi.
Quelles sont les actions que vous menez pour sa réorganisation et sa mise en application ?
En tant qu’organisation de la société civile, nous n’avons pas la décision. Mais nous continuons nos plaidoyers auprès des décideurs à divers niveaux pour qu’un nouvel cadre réglementaire soit mis en place. Nous accompagnerons les décideurs sans jamais nous substituer à eux dans sa mise en œuvre.
Quel doit être les actions de la société civile en matière de contrôle et de lutte contre le tabagisme ?
Plaidoyer auprès des décideurs, information et communication pour un changement de comportement au niveau des populations, formation des acteurs de la société civile pour accompagner la mise en œuvre de la CCLAT. Notre plaidoyer dans les années à venir se focalisera aussi sur les municipalités. Nous sommes à l’ère de la décentralisation et de la déconcentration. La lutte anti tabac doit être aussi une priorité au niveau des autorités locales.
Est ce qu’on peut dire aujourd’hui qu’il y a des avancées dans la lutte anti tabac au Bénin ?
Certainement, mais tant qu’il reste à faire rien n’est fait dit-on. Surtout quand on voit l’effort des industries de tabac dans le sens du sabotage des politiques de santé publique. Tous les acteurs doivent se mobiliser pour les mettre hors d’état de nuire dans notre pays. Nous avons déjà beaucoup de problèmes (faim, maladies, revenus bas…). Le tabac constituerait la goutte d’eau qui fera déborder le vase.
On ne doit pas le permettre, pour nous et pour nos progénitures.
Comment votre organisation compte lutter contre le réseau des industriels du tabac qui est très fort ?
Le réseau des industriels du tabac est assis sur une manne financière illimitée et cherche par tous les moyens possibles à influencer les décideurs. Mais une chose est claire. Je crois qu’il ne s’agit pas de la d’une seule organisation non gouvernementale, mais plutôt de l’ensemble des populations. Il suffit de faire comprendre de leur faire comprendre leurs droits à une santé parfaite et de leur montrer que les industriels de tabac sont des vendeurs de la mort et elles nous accompagneront dans la bataille. L’union fait la force et à cœur vaillant rien d’impossible. Nous vaincrons les criminels qui font leur fortune sur les tombeaux de leurs semblables et qui ne méritent pas d’être ménagés.
Propos recueillis par : Makéba Tchibozo 18/01/2012
http://www.journal-adjinakou-benin.info/?id=4&cat=26&id2=10480&jour=01&mois=02&an=2012