– Gauloises et Gitanes passent sous pavillon britannique (18/01/2008)
Imperial Tobacco pourrait céder l’activité logistique d’Altadis.
Les célèbres cigarettes Gauloises et Gitanes ont pris la nationalité britannique. L’offre d’Imperial Tobacco sur le géant franco-espagnol Altadis a pris fin hier après dix mois d’une intense bataille boursière. Le groupe Altadis, né de la fusion de la Seita et de la manufacture royale espagnole Tabaccalera, sera désormais piloté depuis Bristol, siège du quatrième cigarettier mondial.
Ce changement de nationalité de deux sociétés historiques du tabac n’a pas pour autant provoqué d’émotion particulière en Espagne et en France. « Il y a cinq ans à peine, cette vente aurait été plus difficile à gérer. Les gouvernements auraient freiné des quatre fers devant la vente d’un groupe de tabac, par ailleurs, collecteur de taxes », souligne un acteur du dossier.
Entre-temps, le tabac est devenu un actif politiquement gênant. Les campagnes sanitaires se sont multipliées, les états d’esprit ont beaucoup évolué. Si le roi Juan Carlos a demandé à être tenu au courant régulièrement de l’avancée de la vente de Tabaccalera, la manufacture royale, les politiques des deux pays se sont désintéressés de ce dossier.
Gérer les relations avec Cuba
Imperial mise sur la continuité du management d’Altadis pour gérer les dossiers « politiques » du groupe. À commencer par les relations avec le gouvernement cubain, partenaire de poids dans la société commune de cigare Habanos. Antonio Vasquez, PDG d’Altadis, se voit proposer un poste d’administrateur exécutif d’Imperial, tandis que le français Jean-Dominique Comolli, actuel numéro deux du groupe et ancien président de la Seita, hérite de la fonction de vice-président du conseil d’administration du géant britannique. Pour l’heure, ces deux dirigeants n’ont pas donné leur réponse. Ils ont jusqu’au 24 janvier pour se décider, date à laquelle l’autorité de marché espagnole rendra publique son avis définitif.
C’est aussi dans ce document que doit figurer la position du groupe Imperial par rapport à la très stratégique filiale de distribution et de logistique d’Altadis. Cette activité représente aujourd’hui 1,3 milliard d’euros de chiffre d’affaires, soit le tiers des revenus du groupe franco-espagnol. Une partie de cette branche, la société Logista, est cotée à la Bourse de Madrid. Cette entreprise s’est largement diversifiée dans la distribution de médicaments, de colis postaux ou de produits de papeterie. Le 24 janvier au plus tard, Imperial devrait avoir décidé s’il conserve ou non le pôle distribution et logistique. Le cigarettier britannique sait que cette activité pourrait être vendue à un bon prix compte tenu du nombre de fonds d’investissement intéressés. Certains d’entre eux, comme CVC et PAI, connaissent bien le dossier pour avoir été, un temps, candidats au rachat d’Altadis.
D’autres cessions d’actifs non stratégiques pourraient intervenir dans les mois à venir comme la participation de 6,7 % d’Altadis dans le capital de la compagnie aérienne Iberia pour une valeur d’environ 250 millions d’euros. Imperial Tobacco pourrait aussi céder les 50 % qu’Altadis détient dans l’entreprise Aldeasa, leader espagnol dans la vente en duty free. Autant d’actifs qui permettraient à Imperial de rembourser partiellement les 16 milliards d’euros investis pour s’offrir Altadis.
Thiébault Dromard www.lefigaro.fr 18/01/2008