– Pas de bupropion pour les sportifs ? (13/02/2008)
Le bupropion, molécule largement utilisée soit comme antidépresseur, soit –surtout- pour faciliter le sevrage tabagique, possède certaines propriétés amphétaminiques-like essentiellement constatées chez l’animal.
L’équipe du Pr Romain Meeusen (Physiologie Humaine et Médecine du Sport, VUB, Bruxelles) a examiné les effets d’une dose élevée de bupropion sur la tolérance à l’effort dans des conditions « extrêmes », chez l’animal, en l’occurrence le rat. Il a mesuré la température corporelle, la température cérébrale et la température cutanée au niveau de la queue au cours et après un exercice physique réalisé dans la chaleur et 20 minutes après administration de bupropion en injection (à forte dose : 17mg/kg), ou d’une solution saline chaude ou froide. L’effort a été poursuivi jusqu’à épuisement à la vitesse de 26 m/min à une température extérieure de 30°C et de 18°C.
La durée de l’effort a naturellement été influencée par la chaleur ambiante : (143,6 ± 21 min à 18°C et 65,8 ± 13 min à 30°C avec la solution saline, mais 86,3 ± 7,2 min sous bupropion). De plus, la température corporelle et la température cérébrale étaient significativement plus élevées en fin d’exercice sous bupropion (mais pas la température caudale), tandis que les concentrations en dopamine et noradrénaline étaient significativement plus importantes au sein des aires corticales pré-optique et hypothalamique antérieure sous bupropion. Les concentrations en sérotonine restaient, elles, identiques, ce qui suggère, selon les auteurs, le rôle capital de la dopamine et de la noradrénaline dans la thermogenèse et confirme que le bupropion influence significativement l’endurance à la chaleur au point que le cerveau n’émet de signal visant à arrêter l’activité physique que lorsque la température du corps dépasse les 40 degrés.
Ces observations, certes faites chez l’animal, laissent craindre que chez l’homme, et en particulier les athlètes, le bupropion soit également capable d’améliorer « la tolérance » à la chaleur et donc les performances physiques.
« L’administration de bupropion provoque une augmentation très importante des deux neurotransmetteurs impliqués, leur effet agréable dépassant alors les signaux négatifs indiquant au corps d’arrêter de faire de l’exercice », souligne le Pr Meeusen en précisant par ailleurs que « si cette substance peut améliorer les prestations des athlètes, la prise importante de bupropion lors d’une activité physique pratiquée dans un environnement chaud expose à certains dangers, entre autres celui d’accident cardiaque. Un avertissement qui vaut également pour les sportifs non professionnels », conclut-il.
Hasegawa H et coll. : Influence of brain catecholamines on the development of fatigue in exercising rats in the heat. J Physiol. 2008 ;586(Pt 1):141-9.
Dr Dominique-Jean Bouilliez http://www.jim.fr 13/02/2008