– Le prix des cigarettes devrait repartir à la hausse en 2010 (20/07/2009)
Certains industriels ne sont pas opposés à un relèvement du prix des cigarettes après deux ans de stabilité. Les associations antitabac et le ministère de la Santé le souhaitent aussi. La consommation ne baisse plus et les fabricants veulent reconstituer leurs marges.
Les nouveaux tarifs du tabac entrant en vigueur aujourd’hui (20/07/2009) font état d’une parfaite stabilité pour les cigarettes. Seuls les cigares voient leurs prix progresser de 4 %. Mais ce n’est sans doute que partie remise. Les intérêts de nombreux acteurs convergent en effet pour un relèvement, modéré, du prix des cigarettes début 2010. Le sénateur Alain Vasselle (UMP), dans son rapport préparatoire au débat d’orientation des finances publiques, a mis le sujet sur la place publique, la semaine dernière, en proposant une hausse du minimum de perception pour l’État de 155 euros à 164 euros pour 1 000 cigarettes, ce qui occasionnerait selon lui 430 millions d’euros de recettes fiscales supplémentaires.
La hausse du minimum de perception aurait pour conséquence de forcer les fabricants à relever leurs tarifs les plus bas. Le gouvernement souhaiterait néanmoins ne pas avoir à se servir de cette arme, et, arguant du fait que les industriels sont libres de fixer leurs prix, préférerait que ces derniers agissent d’eux-mêmes. C’est ce qui s’était produit lors de la dernière hausse (6 % en moyenne), intervenue à l’été 2007, qui avait permis d’empêcher une remontée de la consommation tout en accroissant légèrement les recettes perçues par l’État (9,6 milliards d’euros en 2008, contre 9,5 milliards en 2007). Et ce, sans toucher à la fiscalité.
Mais il faut pour cela que tous les fabricants jouent le jeu, ce qui n’est évidemment pas garanti. « La hausse du minimum de perception permettrait d’éviter une éventuelle guerre des prix », constate un industriel, favorable à un relèvement des tarifs afin de reconstituer des marges écornées par les hausses d’impôt de 2003-2004.
Relèvement modéré et progressif
« Il n’y a pas encore eu de discussion interministérielle, mais il serait logique que les tarifs augmentent après deux ans de stabilité, explique une source gouvernementale. Est-ce aux fabricants de le faire ou à l’État au travers du minimum de perception ? Le résultat serait le même. » Une chose est sûre, le ministère de la Santé est favorable à une hausse des prix, alors que le marché du tabac a légèrement progressé en volume sur les cinq premiers mois de l’année, et que les associations de santé publique poussent à une nouvelle offensive antitabac. Le gouvernement observe également un tassement des ventes transfrontalières, les tarifs ayant été un peu relevés en Espagne, notamment.
Décisions après l’été
Plusieurs freins persistent, néanmoins. D’abord, Bercy veut éviter d’ouvrir un nouveau front avec les buralistes. A l’automne dernier, Éric Woerth avait fermement écarté toute hausse de la fiscalité sur le tabac pour le début 2009, alors que le sujet était évoqué. Le ministre du Budget était alors en pleine discussion avec les buralistes pour finaliser leur « contrat d’avenir » 2008-2011, qui stipule d’ailleurs que les professionnels devront être associés aux discussions avant toute évolution de la fiscalité.
Le gouvernement veut éviter d’avoir à accorder de nouvelles compensations aux buralistes. Pour cela, le relèvement des prix devra être modéré et progressif au fil des ans, afin de ne pas provoquer une cassure sur le marché, comme en 2004. Afin également de limiter l’impopularité de la mesure. L’Élysée n’a pas encore été saisi du dossier. Les décisions seront prises à la rentrée.
Étienne Lefebvre Les Échos 20/07/2009
http://www.lesechos.fr/info/france/02072539964-le-prix-des-cigarettes-devrait-repartir-a-la-hausse-l-annee-prochaine.htm