– Les serveurs se portent mieux (11/10/2006)
En Écosse, la législation bannissant le tabac des lieux publics est entrée en vigueur le 26 mars dernier. Elle a déjà porté ses fruits, comme le montre une étude publiée aujourd’hui dans le « Jama ».
Des médecins de l’hôpital Ninewells et de l’école de médecine de Dundee ont suivi un groupe de personnes (105 au départ, 77 qui ont fait tous les examens) qui travaillent dans des bars, certaines asthmatiques, d’autres non. Les symptômes respiratoires (respiration sifflante, souffle court, toux, expectoration) et sensoriels (yeux rouges ou irrités, gorge douloureuse, irritation nasale, nez qui coule, éternuements) ont été évalués avant l’interdiction, puis un mois après et deux mois après ; des tests pulmonaires et des examens sanguins ont été réalisés en même temps.
Les résultats sont parlants. Avant l’interdiction du tabac, 79,2 % des serveurs se plaignent d’un ou de plusieurs symptômes ; le pourcentage tombe à 53,2 % après un mois sans fumée et deux mois après, moins de la moitié des participants (46,8 %) rapportent un quelconque symptôme.
Les chercheurs relèvent aussi des améliorations dans certaines mesures de la fonction pulmonaire et une baisse de la cotinine (métabolite de la nicotine) sérique. Quant aux asthmatiques, ils ont une moindre inflammation des voies aériennes et leurs scores de qualité de vie sont en hausse.
Dans un éditorial associé à cette recherche, le Dr Mark D. Eisner, de l’université de Californie, rejette les trois arguments « fallacieux » communément avancés contre l’obligation d’établissements sans tabac.
Premier argument, la loi ne sera pas respectée : en Californie, quatre ans après l’interdiction, 99 % des bars de restaurant et 76 % des autres bars sont sans fumée ; et le respect est quasi total à Boston, en Irlande et en Nouvelle-Zélande.
Deuxième argument, le public ne l’acceptera pas : une série d’enquêtes internationales montre que l’interdiction est au contraire populaire.
Troisième argument et non le moindre, les bars et restaurants vont perdre de l’argent : les déclarations fiscales et autres données financières objectives prouvent que ce n’est pas le cas et, dans certains cas, les revenus des établissements seraient même en hausse. Le temps est venu d’assainir l’air, conclut l’éditorialiste.
R. C. Le Quotidien du Médecin du 11/10/2006