– Le snus moins nocif que la cigarette (11/05/2007)
On s’interroge sur l’intérêt de favoriser la commercialisation du snus, une forme de tabac moins toxique que le tabac fumé. Deux études dans « The Lancet » confirment une réduction sensible de la morbidité chez les consommateurs, avec notamment un risque zéro pour les cancers pulmonaires et la BPCO.
Le snus est une forme de tabac consommé sans être fumé ni inhalé, et commercialisé en Suède et en Norvège. Il se présente sous la forme de petits sachets de tabac que l’utilisateur glisse entre la lèvre et la gencive et conserve en place environ un quart d’heure pour avoir les effets de la nicotine.
Le snus contient des taux de produits toxiques inférieurs aux autres formes de tabac non fumées, et surtout très inférieurs à ceux des cigarettes et autres tabacs fumés.
C’est devenu la forme de consommation du tabac la plus courante des hommes en Suède, depuis la mise en place de la réglementation sur la consommation de la cigarette dans les lieux publics adoptée par ce pays. Les Suédois ont maintenant le plus faible taux de cancers du poumon d’Europe, en rapport avec une faible prévalence du tabac fumé.
Dans les pays développés, environ 20 % des décès annuels sont causés par le tabagisme et la fréquence des maladies chroniques respiratoires dues au tabac est multipliée par cinq.
« C’est dans ce contexte que l’impact potentiel sur la santé publique de la mise à disposition d’un tabac moins nocif et qui ne se fume pas doit être soigneusement évalué », commente Jonathan Fould.
Deux études publiées dans « The Lancet » examinent les effets du snus suédois sur la santé.
L’une rapporte les effets sur le risque de différents cancers en Suède. Juhua Luo et coll. ont examiné une grande cohorte de 279 897 hommes travaillant dans la construction et suivie pendant vingt ans.
Comme dans les études antérieures, ils trouvent que le snus n’augmente pas le risque des cancers oraux, alors que le tabagisme fait plus que doubler ce risque, par rapport aux personnes qui n’ont jamais fumé.
Cancer du pancréas. Dans les groupes des utilisateurs du snus, on trouve un taux de cancers pulmonaires légèrement réduit par rapport à ceux qui n’ont jamais fumé. Ce risque est multiplié par dix chez les fumeurs. Le nombre des cas totalisés pendant les vingt ans de suivi est de 60 cancers buccaux, 154 cancers pulmonaires et 83 cancers pancréatiques. L’étude montre un nombre de cancers pancréatiques doublé dans le groupe du snus. Mais ce risque reste inférieur à celui qu’induit le tabac fumé.
L’autre étude est une estimation du risque si le snus était lancé en Australie. Coral Gartner et coll. ont utilisé des données de qualité et en particulier des analyses d’experts. Ils concluent à un bénéfice net pour la santé publique. L’importance du gain serait proportionnelle au nombre de personnes qui arrêteraient le tabac fumé et le remplaceraient par du snus. Ils trouvent une réduction du risque pour le critère combiné des cancers aérodigestifs, du pancréas, de la vessie et du rein comparativement aux fumeurs (RR : 0,15). La réduction est plus importante pour les cancers pulmonaires (RR : 0,02) et plus encore pour les BPCO (RR : 0,00). La durée totale de vie n’est pas affectée de manière significative, contrairement à la durée de vie sans maladie.
Dans l’Union européenne, la commercialisation du snus n’a pas été autorisée, en l’absence de réponses concernant les effets. Il est vrai que, s’il n’est pas nocif pour les voies aérodigestives, le snus crée une dépendance (comme tout produit à la nicotine) et il peut porter atteinte aux gencives. Les dents et les gencives sont fortement tachées lors d’une consommation régulière.
« Nous ne suggérons pas que les cliniciens devraient conseiller aux fumeurs invétérés de préférer le snus à la cigarette, alors que des traitements efficaces et sûrs sont à leur disposition pour traiter la dépendance ».
Le snus commercialisé dans les pays du Nord est issu d’une méthode de production spécifique, afin que la teneur en nitrosamines soit maintenue à un taux bas. Il n’est pas fermenté, à l’inverse des tabacs à sucer des États-Unis, qui ont en outre une teneur en nicotine et en nitrosamines bien plus élevée que les snus suédois. En 1985, une étude avait montré que l’utilisation orale du snus en Amérique du Nord et en Europe de l’Ouest est cancérigène. Mais il existait un biais, du fait de la présence d’une cohorte d’enfants cancéreux consommateurs de tabac oral américain.
« The Lancet » publié en ligne le 10 mai 2007.
Dr Béatrice Vuaille Le Quotidien du Médecin 11/05/2007
Transmis par le Dr Geneviève Sajus (F-93)
A Paris le Pr. R. Molimard nous a enseigné cela depuis fort longtemps ! (Ndlr)