– Pierre Fabre lance une expérimentation du sevrage tabagique en pharmacie (08/11/2012)
Alors que de nombreuses officines sont dans le rouge, les recettes pour renouer avec la croissance et développer certains marchés sont variées. Certains pharmaciens choisissent de miser sur des actions de santé publique, comme à Limoux, où une opération sur le sevrage tabagique a permis de redynamiser ce segment dans les officines participantes.
Mobiliser les professionnels de santé de Limoux, petite ville de l’Aude de 10 000 habitants, autour du sevrage tabagique : tel était l’objectif de l’opération lancée par le Laboratoire Pierre Fabre, en octobre 2011. À l’heure des négociations sur les nouvelles missions, cette initiative montre que le conseil du pharmacien et la santé publique, alliés à la coopération professionnelle, peuvent donner de bons résultats, y compris au niveau du chiffre d’affaires. « L’aspect commercial n’était pas la priorité, souligne cependant Christophe Gil, directeur commercial Pierre Fabre santé. Nous souhaitions avant tout mobiliser les professionnels de santé de Limoux afin de créer un intérêt pour un sujet de santé publique. Néanmoins, l’opération a aussi permis aux pharmaciens de développer leur marché du sevrage tabagique ». La ville a été choisie car elle compte six pharmacies et que la coordination entre les professionnels de santé y était déjà bonne. Pierre Fabre a distribué aux médecins, aux pharmaciens et aux chirurgiens-dentistes, des affiches mentionnant le slogan « Limoux se libère du tabac ». Le laboratoire a également proposé une formation à ces professionnels de santé, avec le Dr Étienne André, tabacologue*.
Croissance de 50 %
Lors de la campagne, qui a duré un mois, les professionnels de santé devaient proposer un conseil au patient. L’objectif était de lui poser des questions de base : fumez-vous ? Avez-vous envisagé d’arrêter ? Le professionnel de santé pouvait ensuite lui remettre une brochure, présentant le test de Fagerström et les avantages de l’arrêt du tabac, y compris économiques. « Les patients ont réagi de façon très positive, car le nom de la ville donnait un ancrage local à la campagne. Ils ont été intrigués par les affiches et ont plus facilement abordé la question avec les professionnels de santé », explique Christophe Gil. Dans les pharmacies participantes, le laboratoire a mis en avant ses produits de sevrage tabagique. « L’opération a créé une belle dynamique sur nos marques et sur le marché en général », note-t-il. Au niveau national et régional, Pierre Fabre a constaté que son marché du sevrage tabagique avait augmenté de 30 % en octobre 2011. « À Limoux, il a bondi de 50 % durant cette période, se félicite-t-il. Grâce à cette initiative, nous avons pu montrer qu’une action de santé publique peut permettre d’augmenter le chiffre d’affaires d’une officine sans casser les prix. »
Pour Philippe Besset, titulaire à Limoux, et président de la commission économie de l’officine à la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), « l’intérêt principal de l’opération était de s’investir dans un projet commun de santé publique. Cela nous a permis de passer au-dessus de la guerre des prix. Nous avons aussi pu travailler avec la quinzaine de médecins généralistes de Limoux, ce qui n’était jamais arrivé, même si nous les connaissions ». Il reconnaît que « certaines choses sont encore perfectibles. Par exemple la journée d’information destinée au grand public n’a pas attiré suffisamment de monde, faute de relais d’information efficaces ». Néanmoins, il estime que, grâce à cette opération, au moins une vingtaine de patients a arrêté le tabac.
Pour Philippe Besset, « l’idée de promouvoir la coordination des soins sur un territoire donné a beaucoup d’avenir ». Le succès de l’opération a d’ailleurs encouragé Pierre Fabre à réfléchir à d’autres actions de santé publique, dans des villes différentes et sur d’autres thèmes. De nouveaux projets devraient donc voir le jour dans les mois à venir, dans lesquels les pharmaciens auront à nouveau toute leur place.
D’après Anne-Gaëlle Moulun Le Quotidien du Pharmacien 08/11/2012
http://www.quotipharm.com/?FUSEACTION=journal.article&DARTIDX=449902&OK.Y=7&OK.X=13&OK.Y=8&OK.X=18&
* Selon nos informations, le Dr ANDRÉ est médecin de santé publique et n’est pas titulaire du diplôme interuniversitaire de tabacologie et ne peut donc prétendre à la mention de tabacologue. Et qu’en est-il de sa déclaration de conflit d’intérêt ?
Va-t-on autoriser les tabacologues à vendre des médicaments ?(Ndlr)