– Trouble bipolaire ou cyclothymique (01/01/2013)
La maniaco-dépression est un trouble de l’humeur qui est aussi appelé trouble bipolaire ou cyclothymique par les spécialistes. C’est une maladie encore peu connue qui est caractérisée par une succession d’accès maniaques et d’accès dépressifs.
Classiquement, la maladie compte une phase dite dépressive (basse) et une phase dite maniaque (haute), d’où l’expression maniaco-dépressive ou affective bipolaire.
Il faut se rappeler cependant qu’il y a une phase « normale » où le fonctionnement de l’individu est relativement adéquat. Chez certaines personnes, porteuses de cette maladie, on retrouve des phases dites mixtes où il y a un mélange des deux phases.
Il semble que cette maladie puisse apparaître très tôt, dès l’enfance dans certains cas (contrairement à ce qui a souvent été dit jusqu’ici). Les conséquences de cette maladie largement sous diagnostiquée peuvent être très dommageables pour le jeune patient au niveau psychique, social, intellectuel, scolaire, etc.
Phase dépressive
La phase dépressive est caractérisée par la tristesse, le ralentissement de la pensée, le ralentissement moteur.
Tristesse de l’humeur : L’individu a le cœur gros, il perd tout goût de s’amuser et est porté à pleurer, se culpabiliser pour des choses du passé, se dévalorise, il peut se penser atteint d’une maladie incurable et même souhaiter la mort.
Perte de plaisir dans ses activités favorites, de fréquentes plaintes de maux physiques, comme des maux de tête ou de ventre.
Absences scolaires fréquentes ou chute des résultats scolaires
Sa concentration est faible et il éprouve l’expression d’un ennui persistant.
Risque d’abus d’alcool ou de consommation de drogues afin de se sentir mieux.
Ralentissement de la pensée : Le sujet déprimé présente de la difficulté à formuler sa pensée. Ses capacités de concentration et d’attention sont diminuées, ses réponses sont souvent monosyllabiques comme s’il était incapable de formuler une phrase complète.
Ralentissement moteur : Toute activité devient pénible pour le déprimé. Il passerait ses journées couché, parce que continuellement fatigué. Se laver, se brosser les dents, se nourrir, s’habiller deviennent des corvées qu’il essaie d’éviter. Il reste souvent couché mais souffre d’insomnie, préoccupé par ses idées pessimistes. L’idée suicidaire lui apparaît comme la seule solution à ses souffrances indescriptibles.
Phase maniaque
La phase maniaque est l’envers de la phase dépressive. Elle est caractérisée par : une exaltation de l’humeur, une accélération du processus de la pensée, une hyperactivité motrice.
Exaltation de l’humeur : le maniaque est exubérant, exalté. Il ne s’agit pas là de la vitalité et de l’optimisme que l’on retrouve chez les gens entreprenants. Il a une extrême confiance dans ses pouvoirs et son charme. Il est convaincu et convaincant. Il ne permet aucune critique devenant facilement irrité et colérique. Sur le plan affectif, il a des aventures pour le plaisir de plaire, de connaître le changement, sans penser aux conséquences possibles. Il a une absence totale d’inhibition et de tact, ce qui peut amener des conséquences fâcheuses sur le plan familial, au travail, etc. Quand il s’agit d’un enfant il paraît le plus heureux des enfants.
Accélération du processus de la pensée : la pensée est rapide, accélérée. Les pensées se bousculent au point que le flot verbal ne peut suivre le rythme et il passe d’un sujet à l’autre, fait du « coq-à-l’âne », parle-parle, même si son auditoire n’écoute pas.
Hyperactivité motrice : Le maniaque est toujours en mouvement. Il entreprend plusieurs projets en même temps, dans lesquels il s’est engagé sans prendre le temps d’en examiner les détails afin d’en apprécier la validité : son jugement est perturbé ; son activité sexuelle s’accroît et va dans toutes les directions. Il ne connaît pas de limites à ses forces, ne prend pas le temps de manger, il ne se sent jamais fatigué et a trop de choses à faire pour penser à dormir. Si son entourage essaie de le calmer ou de lui conseiller du repos, il devient irritable et considère que ce sont les autres qui sont malades. Son augmentation d’énergie est telle qu’il a une capacité de fonctionner pendant plusieurs jours avec peu ou pas de sommeil du tout, sans se sentir le moins du monde fatigué. Il peut avoir des accès de colère ou de destructions.
Il souffre d’une hyper estime de lui (je suis le plus intelligent de la terre, je suis comme Superman, je peux voler. Son comportement face à la prise de risques devient donc totalement inconsidéré, comme par exemple un adolescent qui saute du toit d’un immeuble en croyant qu’il ne pouvait pas se blesser.
Il pense être "au-dessus" des règlements et des lois.
Les phases mixtes
Alors qu’habituellement les phases dépressives, les phases maniaques et les phases dites « normales » se suivent, dans ce qu’on appellera un cycle, il arrive que des symptômes dépressifs soit enchevêtrés à des symptômes maniaques : on parle alors de forme mixte. Les cycles sont rapides. On note généralement qu’un cycle est constitué par une phase maniaque, une phase dépressive et une phase normale. Quand il survient plus de 4 cycles dans une année chez un individu, on considère qu’il a des cycles rapides. Il peut arriver que le même malade présente plusieurs périodes maniaques et dépressives au cours de la même journée.
Les causes
Il est de plus en plus évident que cette maladie n’est pas acquise au cours d’expériences vécues. Elle est transmise génétiquement, ce qui explique l’incidence plus élevée dans une même famille, de la présence de la maniaco-dépression. Alors qu’il est de 3 à 4 pour mille dans la population générale, l’incidence augmente à 15 pour cent dans une même famille. On connaît aussi l’influence des stress sur le cerveau et l’accumulation de stress reliée à des problèmes existentiels qui peuvent déclencher un épisode dépressif aussi bien qu’un épisode maniaque. Depuis quelques années, on redécouvre l’influence des facteurs saisonniers et du rayonnement solaire dans l’éclosion des troubles de l’humeur.
La manie est plus fréquente au cœur de l’été et à l’automne. La dépression prédomine pendant l’hiver. On admet que les premières manifestations de la maladie apparaissent avant la trente-cinquième année, généralement dans la vingtaine. Certains auteurs considèrent certaines troubles de comportements (tels l’hyperactivité, l’anorexie, la boulimie, l’alcoolisme et la toxicomanie, certaines phobies, ...) comme des manifestations précoces d’une maladie affective bipolaire.
Le traitement de base de la maladie affective bipolaire est le lithium, sel qui a la propriété de stabiliser l’humeur.
Il est fréquent que le trouble cérébral d’attention soit associé à d’autres perturbations cérébrales, en particulier celles de l’humeur. Dépression et anxiété marquent souvent les enfants hyperactifs sans qu’on puisse affirmer de lien de cause à effet entre les différents troubles. Si la maladie peut entraîner une dépression chez l’enfant par perte de l’estime de soi devant l’incapacité à réussir à l’école, à répondre à ses propres attentes ou à celles de ses parents, il existe aussi une corrélation entre hyperactivité et troubles psychiatriques plus graves, ce qui justifie une prise en charge précoce : 23 % des enfants hyperactifs ont ou développent une maniaco-dépression contre 2 % de la population témoin.
Les adolescents souffrant de maniaco-dépression peuvent être soignés avec efficacité. Le traitement le plus efficace comprend généralement l’éducation du patient et de sa famille sur ce qu’est cette maladie, une médication par le lithium ou un autre médicament et une psychothérapie. La psychothérapie aide l’adolescent à mieux se connaître, à mieux s’adapter aux stress, à améliorer ses relations avec les autres et à reconstruire son estime de soi.
Il est évident que des périodes d’hyperactivité sont normales chez un enfant ou un adolescent : il convient donc de ne pas établir à tord le diagnostic d’accès maniaque sous prétexte qu’un enfant semble énervé ou hurle qu’il est Superman ! (mes deux enfants se sont pris pour Superman, Batman, Spiderman et d’autres sans pour cela être atteint de maniaco-dépression).
Comme on nous dit que l’hyperactivité peut être un facteur déclenchant de maniaco-dépression, je crois qu’en tant que parent il faut être vigilant car ce trouble est suffisamment intense et grave pour entraîner une dangerosité, et des conséquences qui peuvent être graves sur le plan des relations sociales et familiales mais aussi de la scolarité, et du développement . Mais, par ailleurs je n’ai encore été à ce jour en contact avec aucun parent d’enfant hyperactif qui a souffert de maniaco-dépression.
De toute manière si vous avez le moindre doute la meilleure solution est de consulter votre médecin ; lui seul est capable de poser un diagnostic.
Que faire (et ne pas faire) quand quelqu’un que vous connaissez est diagnostiqué maniaco dépressif :
Ne prenez surtout pas cela comme une disgrâce familiale ou un motif de honte. Les troubles de l’humeur sont biochimiques par nature, tout comme le diabète, et sont tout autant traitables. Le sentiment de culpabilité n’a jamais amélioré les choses ni pour vous, ni pour la personne atteinte.
Ne harcelez pas et ne sermonnez pas la personne atteinte. Il y a de fortes chances qu’elle se soit déjà bien plus sermonnée que vous ne pouvez même l’imaginer ; vous pouvez être sûre que elle aussi souffre d’un énorme sentiment de culpabilité alors je le dis et redis ce n’est la faute de personne. Vous ne pourrez en agissant ainsi que augmenter sa sensation d’isolement ou la forcer à faire des promesses qu’elle ne pourra pas tenir même si elle le désire du plus profond de son cœur.
Ne faites pas de chantages affectif du style : si tu m’aimais... La personne atteinte n’est pas responsable de son état. C’est comme si vous disiez à quelqu’un : si tu m’aimais tu n’aurais pas le diabète.
Évitez toute menace, cela ne servirait à rien sauf dans des cas exceptionnels comme avec les enfants où il peut alors être nécessaire que vous les protégiez d’eux même du mieux que vous pouvez.
Laissez la personne atteinte choisir la méthode la mieux adaptée pour elle pour s’en sortir et ne soyez pas jaloux de la méthode que cette personne à décidé de choisir pour se remettre sur pieds. On a toujours tendance à imaginer que l’amour est suffisant et qu’il peut remplacer une thérapie extérieure, ce qui n’est pas vrai, cela peut apporter un plus mais en aucun cas remplacer.
Ne vous attendez pas à ce que la personne atteinte se rétablisse rapidement et à 100 %.
Comme dans beaucoup d’autres maladies, il y aura une période de convalescence. Il peut aussi il y avoir des rechutes et des périodes de tensions et de ressentiments.
Ne faites pas pour l’autre ce qu’il peut faire seul. Vous ne pouvez pas prendre ses médicaments à sa place. Vous ne pouvez pas ressentir ce qu’il ressent à sa place. Et vous ne pouvez pas résoudre ses problèmes pour lui. Donc, n’essayez pas. N’enlevez pas les problèmes avant que la personne n’ait à les affronter, à les résoudre, ou à en souffrir. (ce conseil est exactement le même que pour les personnes vivant avec quelqu’un atteint de TDA/H, si vous ne l’êtes pas vous ne pouvez pas comprendre ce que l’autre peut ressentir de l’intérieur).
Offrez votre amour inconditionnel à la personne atteinte
Un des aspects les plus inquiétants et les plus frustrants de cette maladie, pour les proches, et que beaucoup de personnes atteintes de maniaco-dépression se refusent à demander de l’aide ou attendent le dernier moment pour le faire :
Certains maniaco-dépressifs refuseront de l’aide tout au long de leur vie. D’autres résisteront au début, et finiront par admettre qu’ils ne peuvent pas contrôler leur maladie seuls. Cela arrive pour plein de raisons, peur, manque de confiance, déni. Il est souvent difficile d’admettre que l’on est malade.
Bien souvent les personnes atteintes admettent enfin qu’elles ont besoin d’aide après une tentative de suicide qui a échoué.
Si quelqu’un refuse le traitement, il n’y a que peu de circonstances où on peut l’y forcer. À moins que la maniaco-dépression présente un danger imminent pour la personne atteinte ou pour les autres, on ne peu pas obligé quelqu’un à se faire soigner contre son gré (sauf nos enfants pour lesquels en tant que adultes nous sommes responsables).
C’est souvent très difficile à admettre quand l’on voit une personne que l’on aime se détruire devant nous mais nous ne pourrons jamais vivre la vie d’un autre à sa place aussi grand soit notre désir et notre amour.
Cette page a été créée par l’équipe de Psychiatry star pour l’American Academy of Child and Adolescent Psychiatry