– Fumer retarde de 6 semaines la guérison d’une fracture (05/04/2013)
C’est un méfait peu connu du tabagisme sur l’organisme. Fumer n’encrasse pas seulement nos poumons, cela entrave également la résorption des fractures osseuses et augmente le risque de complications, selon l’étude de chercheurs américains de l’université de médecine de Pennsylvanie. Au point que la guérison d’un tibia cassé prend en moyenne six semaines de plus chez un fumeur que chez un non-fumeur, ont-ils révélé lors du congrès annuel de l’académie américaine de chirurgie orthopédique fin mars.
Les chercheurs ont analysé une vingtaine d’études concernant au total 6 480 patients, dont 1 457 fumeurs. Tous ont été soignés pour des fractures diverses (tibia, fémur, hanche, cheville, humérus, os longs des membres), à l’aide de différentes techniques (fixateur externe, fixateur interne du type vis, plaque vissée, clou) pouvant être combinées.
Il ressort de leur analyse que la guérison d’une fracture chez un non-fumeur prend en moyenne 24,1 semaines et six semaines de plus chez les tabagiques. Dans le cas plus spécifique du tibia, la différence s’accroît encore : 25,1 semaines pour les non-fumeurs, mais sept semaines de plus pour les fumeurs.
Le tabagisme s’accompagne aussi d’un nombre accru de complications. La fréquence des retards de consolidation de la fracture, étape indispensable au traitement du traumatisme, augmente de 15 % chez les fumeurs présentant l’os d’un membre brisé. De même, le risque d’infections superficielles ou profondes chez les fumeurs (7 %) est supérieur à celui constaté chez les non-fumeurs (2 à 4 %).
Une cicatrisation difficile
Lors d’un congrès consacré à ce sujet en 2010, la société française de chirurgie orthopédique et traumatologique (Sofcot) indiquait de son côté qu’en cas de fracture, un fumeur s’interdisant de fumer pendant 6 semaines présentait deux fois moins de complications que celui qui maintenait sa consommation.
Le tabagisme gêne la réparation de l’organisme via deux mécanismes, rappelle la Sofcot. « Fumer entraîne une absorption de monoxyde de carbone, qui empêche une oxygénation suffisante des tissus. Quant à la nicotine, elle diminue la production de collagène. Ce sont principalement ces deux agents, extrêmement nocifs pour la santé, qui entraînent une cicatrisation plus difficile et, surtout, qui favorisent l’infection des plaies chirurgicales et nuisent à la consolidation osseuse ».
« Cette étude nous donne la possibilité d’aider les patients à comprendre que le tabagisme ne concerne pas seulement la santé de leur cœur, commente de son côté le Dr Samir Mehta, chef du service d’orthopédie traumatologique à l’hôpital universitaire de Pennsylvanie et co-auteur de l’article. Le risque doit être pris en compte au moment de la blessure et quand on envisage une intervention chirurgicale ».
Selon les chercheurs, d’autres recherches sont nécessaires, notamment sur les effets de la nicotine dégagée par les e-cigarettes, qui connaissent un succès grandissant.
Pauline Fréour Le Figaro.fr 05/04/2013
http://sante.lefigaro.fr/actualite/2013/04/05/20180-fumer-allonge-6-semaines-guerison-dune-fracture