– Tabagisme et pneumothorax spontané : spéculation sur la bulle (02/09/2009)
Les pneumothorax spontanés (PS) sont fréquents puisque l’on en compte, en France, de 8 à 10 000 par an essentiellement chez les hommes (incidence annuelle de 18 à 28/100 000 contre 1,2 à 6/100 000 pour les femmes).
Le rôle favorisant du tabac est connu de longue date. Il provoque des lésions des petites voies aériennes, mais aussi des petits vaisseaux adjacents.
Une publication récente a comparé deux populations de PS, l’une composée de fumeurs et l’autre de non-fumeurs. Ces 115 patients, 56 fumeurs et 59 non-fumeurs, ont été opérés par CTVA et suivis plus de 5 ans. Les fragments de parenchyme réséqués ont été étudiés sur le plan histologique.
Les deux groupes étaient comparables et les indications opératoires étaient tout à fait classiques (récidives, « bullage » prolongé, pneumothorax compressif, hémopneumothorax, professions à risque...).
Les constations ont été les suivantes :
45 des 115 patients (39 %) avaient eu un ou plusieurs pneumothorax avant d’être opérés. Ces récidives étaient beaucoup plus fréquentes chez les fumeurs (57 % d’entre eux) que chez les non-fumeurs (22 %). La récidive après le 1er pneumothorax survenait en moyenne au bout de 17 mois.
On a trouvé autant de bulles et de blebs dans chaque groupe (>80 % des patients), le plus souvent dans les lobes supérieurs sous la forme de multiples lésions de taille modérée.
Sur le plan histologique, il y avait plus de lésions inflammatoires de « bronchiolite » et d’emphysème microscopique ainsi que de fibrose artérielle dans le groupe des fumeurs.
En postopératoire les fumeurs ont plus souvent récidivé que les non-fumeurs.
Le taux de récidive après un 1er pneumothorax est globalement de 30 %.
Les mécanismes par lesquels le tabac augmente les risques de PS ne sont pas très bien connus. En effet comme on le constate tous les jours, on trouve souvent des lésions bulleuses chez les non-fumeurs. Cela n’explique pas pourquoi ils ont moins de récidives que les fumeurs (qui n’ont pas plus de lésions dystrophiques macroscopiques à type de bulles ou de blebs).
On évoque donc un phénomène de « porosité pleurale » avec, sous-jacentes, des lésions plus diffuses de trapping aérique, de distension alvéolaire chronique et d’emphysème.
Conclusion, les fumeurs prennent des risques, c’est bien connu. Mais pour eux, en terme de pneumothorax spontané, les (bulles) prétendues coupables, ne sont probablement pas les responsables.
Cheng YL et coll. : The impact of smoking in primary spontaneous pneumothorax J Thorac Cardiovasc Surg 2009 ; 138 : 192-5 Department of Surgery, Division of Thoracic Surgery, Tri-Service General Hospital, National Defense Medical Center, Taipei, Taiwan, ROC. ndmc0928@yahoo.com.tw
Dr Roland Charpentier www.jim.fr 02/09/2009
Résumé en anglais : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19577078