– Inciter un fumeur à cesser le tabac (10/03/2008)
« Voici le poumon d’un homme normal ... »
Gary Parkes et coll. ont évalué l’impact d’une information sur leur fonction pulmonaire aux fumeurs en la traduisant en « âge pulmonaire ». Et trouvé qu’ils peuvent multiplier par deux le taux de sevrage tabagique à un an.
Le concept d’âge pulmonaire a été développé en 1985 pour faciliter la compréhension des résultats de la spirométrie. Il existe un déclin physiologique lent et continu de la fonction pulmonaire avec l’avancée en âge. La pente de cette courbe s’accentue considérablement chez les sujets qui présentent une BPCO. Or on sait qu’un quart des fumeurs développent une maladie pulmonaire chronique obstructive.
D’où l’idée d’inciter ces sujets à cesser de fumer en leur révélant à quel point leur poumon a subi un vieillissement prématuré sous l’effet de cette habitude délétère. Le graphe est simple et imagé, il montre la courbe normale et celle des fumeurs, il ne reste plus qu’à y placer les résultats des EFR du sujet et à lui dire : « Voici le poumon d’un homme (femme) normal(e), voici le vôtre » et surtout : « Vous avez tel âge pulmonaire. »
Une estimation de leur « âge pulmonaire ». Gary Parkes et coll. (Londres) ont vérifié l’effet de cette annonce chez 561 fumeurs âgés de plus de 35 ans, dans un travail longitudinal. Les fumeurs ont été divisés en deux groupes.
Dans le premier groupe, ils ont donné aux personnes une estimation de leur « âge pulmonaire », qui est l’âge qu’aurait une personne en bonne santé ayant les mêmes résultats à la spirométrie, et on a assorti cela de commentaires.
Dans le groupe témoin, ils ont simplement envoyé par la poste les résultats du VEMS des sujets, sans explication supplémentaire. Tous ont reçu une recommandation d’arrêter de fumer et on leur a conseillé un centre de prise en charge à proximité.
Douze mois après l’épreuve, un test de cotinine salivaire a été réalisé pour confirmer s’il y avait arrêt ou non du tabagisme. On a également comparé le nombre des cigarettes fumées avant et après l’intervention, et on a identifié les nouveaux diagnostics de BPCO.
Au total, les personnes randomisées dans le groupe intervention sont deux fois plus nombreuses à avoir cessé de fumer à 12 mois : 13,6 % versus 6,4 % (différence de 7,2 %, p = 0,005).
Le résultat n’est pas lié à la dégradation de la fonction respiratoire. Les personnes ayant les résultats les plus altérés du VEMS (et donc un âge pulmonaire plus avancé) n’ont pas été plus nombreuses à arrêter de fumer. Les nouveaux diagnostics de BPCO ont concerné 17 % des personnes du groupe intervention et 14 % du groupe témoin.
Et Gary Parkes et coll. de conclure : « Réaliser un dépistage des fonctions respiratoires chez les fumeurs à partir de l’âge de 35ans pourrait réduire le tabagisme et améliorer le diagnostic précoce des maladies chroniques obstructives. »
Dr Béatrice Vuaille Le Quotidien du Médecin du 10/03/2008
Transmis par le Dr Geneviève Sajus (F 93)