– Quand le p’tit noir augmente les risques d’infarctus (21/04/2006)
Les études épidémiologiques qui ont recherché une association entre la consommation de café et le risque d’infarctus du myocarde (IDM) ont, pour l’instant, abouti à des résultats pour le moins discordants.
Il faut dire que la situation est fortement compliquée par la multiplicité des facteurs de confusion qui rendent difficile toute approche analytique un tant soi peu complète.
La caféine qui est un ingrédient important du café, mais pas le seul, est principalement métabolisée dans le foie par le cytochrome P4501A2 au travers d’une N-déméthylation initiale. Celui-ci rend compte en effet d’environ 95 % du métabolisme de la caféine, mais son activité enzymatique varie largement d’un individu à l’autre, vraisemblablement sous l’effet du capital génétique.
Une substitution A-C en position 734 du gène CYP1A2 diminue ainsi le métabolisme de la caféine et les porteurs de l’allèle variant CYP1A2*1F sont ainsi des métaboliseurs lents de cette dernière.
Une étude cas-témoins a recherché une association entre le risque d’IDM non létal et la consommation de café, en tenant compte du génotype CYP1A2.
Les cas, au nombre de 2 014, avaient tous été victimes d’une nécrose myocardique récente au Costa Rica, entre 1994 et 2004.
Les témoins, également au nombre de 2 014, ont été appariés aux cas en fonction de l’âge, du sexe et du lieu de résidence.
55 % des cas et 54 % des témoins étaient porteurs de l’allèle lent *1F définissant le phénotype « métaboliseur lent de la caféine ». Pour ces derniers, le risque relatif, en fait l’odd ratio (OR) d’IDM non létal, associé à la consommation de café (en tasses par jour) s’est révélé dose-dépendant :
1) <1 : OR 1,00 ;
2) 1 : OR 0,99 :
3) 2 à 3 : OR, 1,36 ;
4) > 4 : OR, 1,64.
Pour le phénotype rapide, les valeurs correspondantes ont été respectivement estimées à 1,00, 0,75, 0,78 et 0,99 (p=0,04 pour l’interaction gènes x café).
Chez les individus d’âge médian < 59 ans, porteurs de l’allèle *1F, les valeurs correspondantes ont été respectivement de 1,00, 1,24, 1,67 et 2,33 (versus 1,00, 0,48, 0,57 et 0,83 en cas de génotype *1A/1A*.
La consommation de café semble donc être associée à une augmentation du risque d’IDM non fatal uniquement chez les sujets qui métabolisent lentement la caféine. Cette dernière, et non d’autres ingrédients du café, seraient donc en cause dans cette association.
Dr Peter Stratford http://www.jim.fr 21/04/2006
Cornelis MC et coll.Coffee, CYP1A2 genotype and risk of myocardial infarction JAMA 2006 ; 295 :1135-1141