– Ne pas pouvoir s’arrêter de fumer : c’est parfois génétique ! (21/08/2008)
En dépit des législations toujours plus draconiennes contre le tabagisme dans plusieurs pays (et de son coût croissant), ses conséquences continuent pourtant d’affecter fâcheusement la morbidité et la mortalité, notamment aux États-Unis. Parmi les fumeurs « irréductibles », subsistent sans doute surtout ceux ayant le plus de difficultés pour s’abstenir, malgré la disponibilité actuelle de médicaments influant sur le transport de certains neurotransmetteurs (monoamine transporters) ou agissant sur des sites précis comme les récepteurs nicotiniques.
Archives of General Psychiatry évoque des travaux indiquant que la capacité de cesser de fumer présente une composante « nettement héréditaire » mais répartie sur plusieurs gènes (polygénisme). Ce phénomène est d’autant plus intéressant qu’il rappelle une autre situation de susceptibilité génétique : la vulnérabilité à l’égard de l’addiction aux substances entraînant une dépendance (comme la nicotine précisément). Il y aurait des « décrocheurs » aidés ou, à l’inverse, contrariés par leurs gènes, comme il existe en miroir des fumeurs génétiquement dépendants ou non-dépendants. Cependant, ces deux types de prédispositions ne présenteraient qu’un faible recouvrement entre elles (’’modest overlap’’).
On attend de telles études des indications sur les meilleures stratégies thérapeutiques à proposer aux personnes voulant « décrocher » du tabac, en fonction de leur susceptibilité génétique. Plus généralement, ces travaux s’inscrivent dans le cadre d’une discipline montante, la pharmacogénétique dont l’ambition est de prescrire des traitements « sur mesure » en fonction du profil génétique des patients (cf. pour écoute ou téléchargement, un entretien radiophonique sur ce thème avec les Prs Jean-Paul Tillement et Jean-Pierre Goullé sur le site des Académies de l’Institut de France, Canal Académie : http://www.canalacademie.com/Pharmacogenetique-traiter-un.html).
Uhl GR : Molecular genetics of successful smoking cessation. Convergent genome-wide association study results. Arch Gen Psychiatry 2008 ; 65 (6) : 683-693
Dr Alain Cohen www.jim.fr 21/08/2008
L’article en anglais : http://www.pubmedcentral.nih.gov/articlerender.fcgi?artid=2430596
Une étude japonaise récente à voir également (Ndlr).