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– Une demande d’interdiction des cigarettes électroniques jetables (puffs) est déposé auprès de l’UE (18/11/2022)
Après le rejet par la Commission européenne d’un projet d’interdiction des puffs au niveau national, la Belgique a déposé une demande d’interdiction de vente de ces produits. La réponse est attendue dans un délai de six mois.
Des deux côtés des Flandres comme dans d’autres pays d’Europe, le constat est similaire : le foudroyant succès des cigarettes électroniques jetables (« puffs ») auprès des jeunes, et notamment des adolescents, inquiète autant les autorités que les professionnels de santé et les parents. Les forts taux de nicotine constatés et la cinétique des sels de nicotine contenus dans les puffs laissent craindre le retour massif de comportements de dépendance à la nicotine, pouvant notamment conduire à une recrudescence du tabagisme. Les fortes conséquences environnementales de ces produits jetables sont également soulignées.
Les interdictions de vente aux mineurs, en vigueur dans la plupart des pays européens, ne semblent pas suffisantes pour endiguer le phénomène. Très récemment, l’Irlande a envisagé l’interdiction de vendre des puffs, une fois conduite une consultation publique sur le sujet ; la directive européenne sur les plastiques à usage unique (SUP), actuellement en cours de transposition, pourrait fournir un cadre afin de promulguer cette interdiction. En France, deux associations - l’Alliance Contre le Tabac (ACT) et le Comité national contre le tabagisme (CNC) – ont formulé une demande d’interdiction des puffs ; une pétition circule déjà dans ce sens.
Un jeune Belge sur quatre consommerait des puffs
En Belgique, le Service public fédéral (SPF) Santé publique avait inclus l’interdiction des puffs au niveau national dans la modification de l’arrêté réglementant les cigarettes électroniques. Ceci lui a été refusé par la Commission Européenne au motif qu’un état ne peut interdire une catégorie particulière de produits que pour des raisons liées à la situation spécifique du pays concerné. Le SPF Santé publique a donc préparé un dossier plus argumenté afin de déposer une demande dans ce sens auprès de la Commission européenne, laquelle dispose de six mois pour fournir une réponse [1].
Parmi les arguments de ce dossier, un sondage effectué auprès de jeunes de 11 à 24 ans par le Service Prévention Tabac du Fonds des affections respiratoires (Fares) indique que 24 % des jeunes interrogés ont déjà expérimenté une puff [2]. Les effectifs de ce sondage sont trop réduits (259 questionnaires exploitables, dont 41 consommateurs de puffs) pour en tirer de réelles conclusions, mais il apporte quelques données intéressantes. Il précise par exemple que les jeunes ne découvrent pas ces produits que sur les réseaux sociaux, mais aussi par leur présence dans la rue et dans leur établissement scolaire. Seule la moitié des jeunes interrogés utilisent des puffs contenant de la nicotine, les autres alternant entre des puffs avec et sans nicotine. Enfin, plusieurs motifs de non consommation des jeunes sont avancés par les jeunes qui ne les ont pas expérimentées, parmi lesquels on dénombre l’image négative du tabagisme, la nocivité et la dépendance associées aux puffs, l’impact écologique de ces produits, le manque d’argent pour d’autres activités, ou encore le refus de plier à la pression sociale et à une mode. Autant de thèmes qui peuvent nourrir des campagnes de prévention visant à détourner de l’usage des puffs. Une interdiction pure et simple des puffs semblerait toutefois plus efficace pour empêcher leur diffusion.
[1] Berhin S, Un jeune sur 4 consomme des e-cigarettes jetables : une interdiction possible dans 6 mois !, Sudinfo, publié le 8 novembre 2022, consulté le 15 novembre 2022.
[2] Service Prévention Tabac, La Puff : résultats de l’enquête “jeunes” menée par le FARES,
Aide aux fumeurs, publié le 25 août 2022, consulté le 15 novembre 2022.
Comité national contre le tabagisme Publié le 18/11/2022
Génération sans tabac - (generationsanstabac.org) MF