– Fumer en voiture : peut-être plus pour longtemps !
Depuis l’interdiction de fumer dans les lieux publics en France, la pause cigarette dans la sphère privée et l’espace intime est devenue la norme. Or, fumer dans l’habitat ou dans la voiture présente souvent une menace plus dangereuse encore pour la santé, en particulier pour les personnes exposées au tabagisme passif. Certains pays en sont arrivés à interdire d’allumer une cigarette dans sa propre voiture, en cas de présence d’enfants dans l’habitacle. Une récente étude américaine confirme le bien-fondé de cette mesure.
En 2008, 22 employés d’une grande institution médicale de Baltimore (17 fumeurs et 5 non-fumeurs) ont été recrutés pour réaliser chaque jour un trajet d’au moins trente minutes en voiture. Dans chaque véhicule, « deux analyseurs de nicotine étaient placés sur une période de vingt-quatre heures : l’un sur l’appui-tête du passager avant, l’autre sur le siège situé derrière celui du conducteur ».
Résultats : les concentrations moyennes de nicotine recueillies dans les voitures des fumeurs ont été de 9,6 µg/m3, contre 0 µg/m3 dans celles des non-fumeurs. Les chercheurs ont expliqué que « les taux de nicotine dans l’air des voitures étaient bien plus élevés que ceux habituellement relevés dans des lieux publics ou dans des domiciles privés, et même plus élevés que dans les bars et restaurants ».
La concentration maximale enregistrée (128,1 µg/m3 !) a été relevée dans une petite automobile où le conducteur avait fumé 8 cigarettes en l’espace de 105 minutes, vitres fermées mais avec la ventilation en marche. Quant au fait d’ouvrir les fenêtres pendant la moitié du trajet, il ne diminue que de 60 % l’exposition passive.
Faut-il donc interdire la cigarette au volant ? Cette perspective entraînerait sûrement une levée de boucliers chez les accros du tabac, déjà restreints dans leur liberté de fumer. Néanmoins elle pourrait s’avérer intéressante à double titre du point de vue de la prévention : non seulement elle protégerait les passagers du tabagisme passif mais elle inciterait également les fumeurs au sevrage. En effet, 53 % des participants à l’étude américaine ont indiqué qu’ils seraient poussés à cesser leur consommation de tabac s’ils ne pouvaient plus fumer en voiture.
Le Point, A votre santé www.lepoint.fr 03/09/2009