France - Il y a de la fumée sans feu : e-cigarette (22/04/2008)


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 Il y a de la fumée sans feu : e-cigarette (22/04/2008)

L’e-cigarette permet d’inhaler de la nicotine en toute impunité.
Dans le secret de leur frustration, beaucoup de fumeurs nourrissent in petto des désirs de vengeance. Principalement, celui de cloper où c’est interdit, autrement dit partout. Des commerçants avisés, fabricants de cigarettes électroniques, leur en donnent désormais l’occasion. Cigarette électronique ? C’est le terme consacré par les pubs un peu ringardes qui fleurissent actuellement sur le Net. L’e-cigarette (variante hype du terme précédent) diffuse de la nicotine dans l’organisme par inhalation en produisant une fumée inodore. L’engin ressemble à s’y méprendre à un fume-cigarette et se compose de trois éléments. Une batterie rechargeable (déguisée en cigarette), un microprocesseur de pulvérisation qui fabrique une vapeur tiède et une cartouche de nicotine à glisser dans l’embout. Par un procédé que les fabricants jurent aussi inoffensif qu’un doux brouillard matinal, le fumeur peut tirer de son engin à l’élégance désuète d’authentiques bouffées. Il en est récompensé par une conséquente dose de nicotine tout en éprouvant le doux plaisir d’exhaler ce qui ressemble sacrément à de la fumée.
Pour les tabacologues, la méfiance est de rigueur. « Pour l’instant, ces produits n’ont pas fait l’objet d’études et n’ont pas été validés par les autorités de la santé contrairement à d’autres comme l’inhaleur de nicotine, précise Daniel Garelik, tabacologue à l’hôpital Georges Pompidou. La vapeur que diffusent ces cigarettes est du propylène glycol, un produit dont on ne connait pas les effets à long terme. De plus, l’arrêt du tabac doit s’accompagner d’une prise en charge médicale, ce qui n’est évidemment pas le cas ici. Bref, j’ai le sentiment qu’avec ces cigarettes électroniques, on s’en remet au hasard. »
Renseignements pris, le propylène glycol est utilisé dans l’industrie agroalimentaire, dans les cosmétiques et aussi (gloups) comme antigel… Il fallait en avoir le cœur net. Nous nous sommes donc procuré une e-cigarette. Une Sedansa de fabrication belge, plutôt que les françaises Cigarelec ou Cigaretex, histoire de ne vexer personne.
Pomme. Première étape, la commande sur le Net. Il faut choisir le coloris (noir, blanc, marron, bleu ou rose insoutenable) et le goût des recharges de nicotine entre les parfums mboro, turkish blend, tabac blond, menthe, cerise, pomme, chocolat ou café. On se croirait chez Berthillon. Va donc pour le mboro strong. Car il faut également choisir la puissance de la recharge de zéro (sans nicotine du tout) à strong (16 %) en passant par medium (11 %) et low (6 %). Un numéro de carte bleue plus tard, le compte en banque est soulagé de 109,95 euros quand même (9 euros de port, 92 euros pour la cigarette et 8,95 pour le paquet de cinq recharges soit l’équivalent de cinq paquets de cigarettes classiques). Pas donné mais les formules « avantageuses » permettent de commander les recharges en grosse quantité, en en réduisant le prix à 1,64 euros pièce, à comparer aux 5 euros de moyenne pour le paquet de « normales ».
Sanatorium. De prime abord, la sensation n’est pas désagréable. Le goût est fruité, sucré même. En revanche, comme la pseudo fumée est une sorte de vapeur, l’intrusion dans les poumons requiert une aspiration prudente sous peine de s’offrir une quinte de toux de catégorie sanatorium. Après cinq ou six bouffées, l’effet est spectaculaire. Le fumeur a fumé : il s’est envoyé sa dose de nicotine et a accompli la gestuelle dont il est si difficile de se débarrasser. Autour de lui, pas la moindre fumerole, pas d’odeur et, évidemment ni cendre ni mégot. Le crime parfait. Seule contrariété, l’e-cigarette s’orne en son extrémité d’une diode lumineuse qui s’allume quand l’individu pompe sur son engin et qui clignote frénétiquement quand la batterie est à plat. Or, la diode est verte, signifiant à l’entourage de l’e-fumeur que tout ceci est pour de faux. Avec ce clignotant rappelant confusément un nanar fauché de SF, le ridicule est donc une dimension qu’il convient de ne pas négliger. Reste l’ultime test : la pratique en milieu hostile, bureau, café, resto, métro, train, etc. Dans la quasi totalité des cas, une solide aptitude à la pédagogie est nécessaire. Après quelques compréhensibles mouvements d’humeur des tenanciers, collègues, clients, etc., les froncements de sourcils cèdent généralement la place à une curiosité aigüe. Il faut donc expliquer comment ça marche, faire une démonstration olfactive concluante et convaincre que la loupiotte verte n’est pas conçue pour faire rire l’assistance. Il faut aussi refuser catégoriquement, pour raison d’hygiène élémentaire, de faire tourner la fausse clope à tous les clients du bar qui aimeraient bien essayer pour voir. Enfin, il est possible, voire recommandé, de parader, hilare, devant le secrétaire du comité d’hygiène et de sécurité de votre entreprise, militant antitabac notoire, en lâchant autant que possible de cette vapeur légale. Vengeance…

Bruno Icher www.liberation.fr 22/04/2008,
Transmis par le Dr Anne Bretel (F 95)


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